Politique

La France menace pour la première fois d’imposer des sanctions à Israël

Le ministre français des Affaires étrangères appelle à exercer une pression sur Israël pour permettre le passage de l'aide humanitaire à Gaza depuis les points de contrôle


Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré aujourd’hui mardi qu’il était nécessaire d’exercer des pressions et peut-être d’imposer des sanctions à Israël pour qu’il ouvre les passages frontaliers afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens de la bande de Gaza, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué la fixation d’une date pour l’invasion de Rafah malgré le rejet international massif de cette initiative.

Le Drian a déclaré à la radio RFI et à la chaîne de télévision France 24: « Il doit y avoir des moyens de pression, et il existe divers moyens, y compris des sanctions, pour permettre le passage de l’aide humanitaire depuis les points de contrôle », ajoutant : « La France est l’un des premiers pays à avoir proposé à l’Union européenne d’imposer des sanctions aux colons israéliens qui commettent des actes de violence en Cisjordanie. Et nous continuerons, si nécessaire, jusqu’à ce que nous puissions acheminer l’aide humanitaire. »

La France a changé de position à l’égard de la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza, après avoir été en tête des pays favorables à l’État hébreu en soutenant ce qu’elle considérait comme son « droit à se défendre » après l’attaque menée par le Hamas en octobre. Dans une plainte déposée par l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice a ordonné à Israël de prendre des mesures pour empêcher tout génocide contre les Palestiniens et améliorer la situation humanitaire à Gaza, alors que les États-Unis font pression à leur tour pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire.

La récente position de Paris et de certaines capitales occidentales diverge de celle de Berlin, qui a défendu son soutien absolu à l’État hébreu, l’Allemagne affirmant mardi devant la Cour internationale de justice que la sécurité d’Israël était « au cœur » de sa politique étrangère, rejetant fermement les accusations du Nicaragua selon lesquelles Berlin faciliterait le « génocide » à Gaza.

L’avocate Tania Goon Ouslar-Glischien, porte-parole de l’Allemagne devant la plus haute cour des Nations unies basée à La Haye, a déclaré: « La sécurité d’Israël est au cœur de la politique étrangère allemande », soulignant que Berlin « rejette fermement » les accusations du Nicaragua à son encontre.

Les négociations entre le Hamas et Israël pour parvenir à un accord de trêve et à un échange de prisonniers se poursuivent. Le Hamas a déclaré mardi que la position israélienne qu’il a reçue lors de la dernière ronde de négociations au Caire était toujours obstinée, mais qu’il étudiait « avec responsabilité nationale » cette position et la communiquerait aux médiateurs une fois terminé.

Dans une déclaration publiée sur son site Web, le mouvement a souligné : « Lors de la dernière ronde de négociations au Caire, nous avons reçu la position (israélienne) après les efforts des médiateurs en Égypte, au Qatar et en Amérique ».

Il a ajouté qu’il « appréciait énormément les efforts déployés par les médiateurs », affirmant « l’engagement du mouvement à parvenir à un accord mettant fin à l’agression (israélienne) » contre Gaza. Cependant, il a précisé que « la position israélienne reste obstinée et n’a répondu à aucune des demandes de notre peuple et de notre résistance ».

Les médiations du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis visent à parvenir à un accord d’échange de prisonniers et à une deuxième trêve entre Israël et le Hamas, après la première qui a duré une semaine jusqu’au début décembre dernier.

Lundi, la délégation de négociation israélienne est rentrée de la capitale égyptienne, Le Caire, dirigée par le chef du Mossad, David Barnea, pour des consultations supplémentaires à Tel Aviv.

En revanche, Netanyahu a évoqué lundi soir une « date fixée » (non divulguée) pour l’invasion de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pour réaliser ce qu’il a appelé « la victoire complète » sur le mouvement du Hamas, malgré les avertissements internationaux contre toute opération militaire dans la ville, qui constitue le dernier refuge pour les déplacés.

Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé hier lundi que 33 207 Palestiniens au moins ont été tués dans le conflit en cours depuis six mois. La plupart des habitants de la bande de Gaza, qui compte 2,3 millions d’habitants, sont sans abri et au bord de la famine.

Selon les statistiques israéliennes, le mouvement de résistance islamique palestinien Hamas a tué 1 200 personnes dans son attaque contre le sud d’Israël le 7 octobre, déclenchant le conflit.

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