L'Europe

La France adopte une loi renforçant les règles pour les immigrants

Marine Le Pen perçoit une opportunité politique dans les prochaines élections, considérant le projet de loi réformé comme une "grande victoire idéologique" pour son parti d'extrême droite


La commission mixte du parlement français, composée de membres du Sénat et de députés, a conclu un accord sur la nouvelle loi sur l’immigration après l’arrêt des discussions lundi. Bien que l’approbation de ce texte représente une victoire de la majorité parlementaire, elle entraîne des conséquences politiques graves, renforçant les règles pour les immigrants, que la gauche considère comme une « tache profonde sur les principes de la république ».

Le parlement français a définitivement approuvé une loi controversée sur l’immigration après des négociations longues et difficiles qui ont pris fin mardi soir. Les membres de l’Assemblée nationale et du Sénat ont convenu d’une version commune du texte, avec la droite et l’extrême droite votant en faveur, tandis que la gauche votait contre. Les partis centristes soutenant le gouvernement étaient divisés sur le texte.

Suite à l’approbation de la loi, le Parti socialiste a annoncé son intention de contester le texte devant le Conseil constitutionnel. Cependant, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a rapidement salué l’approbation de la loi, déclarant sur Twitter que « le texte sur l’immigration a été définitivement adopté… une longue bataille pour une meilleure intégration des étrangers et l’expulsion de ceux qui commettent des actes criminels… un texte fort et déterminé ».

En revanche, le leader du parti d’extrême gauche La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a condamné la loi, considérant son approbation comme une « victoire dégoûtante » réalisée grâce aux voix de l’extrême droite. Il a déclaré: « Un nouvel axe politique a été établi ».

Pour obtenir le soutien de la droite, le gouvernement français a accepté d’assouplir les mesures de permis de séjour, tout en travaillant pour retarder l’accès des immigrants aux prestations sociales.

Pendant longtemps, les Français ont été fiers d’avoir l’un des systèmes de protection sociale les plus généreux au monde, fournissant des allocations même aux résidents étrangers et les aidant à payer le loyer ou à prendre en charge leurs enfants grâce à des contributions mensuelles de plusieurs centaines d’euros. Récemment, l’extrême droite et les conservateurs ont soutenu que ces avantages devraient être réservés aux Français.

Selon le projet de loi, le soutien au loyer et aux allocations familiales pour les étrangers vivant dans le pays est soumis à des conditions spécifiques. Les travailleurs étrangers peuvent bénéficier du soutien au loyer après trois mois d’arrivée en France, tandis que les étrangers non travailleurs peuvent en bénéficier après cinq ans.

De même, les étrangers ayant un emploi peuvent obtenir des avantages familiaux après 30 mois dans le pays, tandis que ceux sans emploi peuvent obtenir des avantages familiaux après 5 ans. Les citoyens doubles nationaux qui commettent des crimes contre les forces de sécurité peuvent être privés de leur nationalité française.

La loi, qui comprend l’émission d’une carte de séjour spéciale pour les professions confrontées à des pénuries de main-d’œuvre dans le pays, fixe également des quotas d’immigration. Les enfants de familles étrangères nés en France peuvent revendiquer la citoyenneté française entre 16 et 18 ans, à condition de n’avoir commis aucun crime.

Dans le cadre de la loi, les conditions de regroupement familial sont devenues plus strictes, et des garanties financières seront prises auprès des étudiants étrangers venant en France pour leurs études, couvrant les coûts de leur retour en cas de déportation du territoire français.

À seulement six mois des élections au Parlement européen, où l’immigration pourrait être un élément clé, Marine Le Pen pourrait également bénéficier de cette opportunité politique, décrivant le projet de loi réformé comme une « grande victoire idéologique » pour son parti d’extrême droite.

Le gouvernement a surpris beaucoup en annonçant que son parti voterait en faveur de la loi, causant un embarras sérieux à la faction de gauche du parti du président Emmanuel Macron, qui juge inacceptable de s’aligner sur l’extrême droite.

Dimanche, d’éminents syndicats français, des associations de droits de l’homme et des universitaires ont exhorté le président Macron à retirer le projet de loi sur l’immigration, le qualifiant de « tache profonde sur nos principes républicains ».

Les secrétaires généraux des syndicats, Marieluz Leon et Sophie Benoît, ainsi que les responsables des associations caritatives « Cimade » et « Auberge des Migrants », ainsi que des représentants des droits de l’homme et de « France Terre d’Asile », ont confirmé que les mesures du texte approuvé par le Sénat et approuvé par la commission mixte sapent « beaucoup de nos principes républicains en ce qui concerne l’accès inconditionnel aux soins de santé ou au logement, le respect de la dignité et le rejet de la logique de préférence nationale ».

Les signataires ont dénoncé une « atmosphère négative » en France et en Europe, avec « des sentiments croissants de haine et de rejet de l’autre », et ont estimé que « le seul chemin acceptable aujourd’hui est de retirer le projet de loi sur l’immigration, qui s’est avéré inadoptable par une majorité parlementaire basée sur le respect de nos valeurs républicaines ».

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