Moyen-Orient

La force internationale à Gaza : des concessions prudentes ouvrent une fenêtre de consensus


Bien que la création d’une « force de stabilisation » comptant jusqu’à 40 000 soldats puisse sembler une mission impossible, plusieurs signes laissent entrevoir une possibilité de compromis.

L’administration de Donald Trump œuvre actuellement au sein des Nations unies pour rallier un large soutien à une force internationale de maintien de la paix à Gaza. La semaine dernière, la délégation américaine auprès de l’ONU à New York a distribué un projet de résolution au Conseil de sécurité, détaillant le fonctionnement prévu de cette « force de stabilisation internationale ».

D’après le quotidien The Times, des diplomates ont encouragé Washington à opter pour une approche onusienne, soulignant qu’un déploiement militaire de cette ampleur — jusqu’à 40 000 hommes — exige une base juridique solide.

Cependant, malgré un accord général sur le principe, de profondes divergences persistent entre les États-Unis, les acteurs régionaux et les parties belligérantes. Ni Israël ni le Hamas n’ont encore donné leur accord officiel pour aller au-delà de la fragile trêve initiale, du retour des prisonniers et de la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le Conseil de sécurité entamera ses discussions sur le projet jeudi. Les négociateurs devront convaincre Israël que la force internationale procédera au désarmement du Hamas, tout en rassurant le mouvement palestinien sur le fait qu’il restera partie prenante du futur politique de Gaza, et en trouvant des pays disposés à envoyer des troupes susceptibles d’affronter des factions palestiniennes armées, selon le quotidien britannique.

Signes de convergence

Bien que la tâche paraisse diplomatiquement ardue, certains signaux indiquent un début de consensus. Des responsables israéliens reconnaissent en privé qu’il serait difficile de « priver le Hamas de pistolets ou d’armes légères utilisées pour l’autodéfense ».

De son côté, le Hamas a exprimé la semaine dernière sa disposition à renoncer aux armes dont la portée dépasse les zones frontalières que la « force de stabilisation » patrouillerait.

Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du mouvement, a déclaré : « Si vous parlez des armes dont la portée dépasse la zone tampon, c’est compréhensible, car elles peuvent menacer l’autre partie. »

Une telle concession pourrait faciliter la tâche de désarmement, les lance-roquettes et mortiers mentionnés par Marzouk étant difficilement dissimulables aux forces ou à la police qui patrouilleront dans Gaza.

Toutefois, le maintien par le Hamas de son arsenal léger pourrait lui permettre d’intimider d’autres factions, soulevant des questions sur le véritable contrôle du territoire.

Gérer les tensions internes palestiniennes n’est pas une mission que les pays ayant accepté d’envoyer des troupes souhaitent assumer. Ces États préfèrent confier cette responsabilité à une nouvelle force de police exclusivement gazaouie.

Un responsable proche des négociations a confié : « Tout doit être entièrement palestinien. »

Le projet américain, diffusé à New York, stipule que la mission de la force de stabilisation sera, « en coopération avec une nouvelle force de police palestinienne formée à cet effet, d’aider à sécuriser les zones frontalières et à stabiliser l’environnement sécuritaire de Gaza en garantissant le désarmement du territoire, y compris la destruction et la prévention de la reconstitution des infrastructures militaires, terroristes et offensives, ainsi que l’élimination des armes détenues par des groupes armés non étatiques ».

Des pays comme l’Égypte, l’Azerbaïdjan, le Pakistan, la Turquie et l’Indonésie ont exprimé leur volonté de participer, tandis que le roi Abdallah II de Jordanie a refusé toute implication, déclarant : « Nous espérons qu’il s’agira d’une mission de maintien de la paix, car imposer la paix est une chose à laquelle personne n’osera s’aventurer. »

L’Égypte participera à la formation de la nouvelle police de Gaza, qui pourrait compter près de 30 000 agents.

Même si le plan paraît complexe, certaines forces étrangères sont déjà présentes sur le terrain. Un centre de coordination civil et militaire dirigé par les États-Unis est opérationnel depuis trois semaines, rassemblant plus de 200 officiers internationaux basés dans une installation militaire israélienne près de Kiryat Gat, avec un déploiement progressif à l’intérieur de Gaza.

Jusqu’à présent, le centre surveille le fragile cessez-le-feu et coordonne l’entrée de l’aide humanitaire. Si le projet de force de stabilisation gagne en crédibilité, son rôle devrait s’élargir considérablement.

Alors que certains responsables politiques israéliens rejettent historiquement toute solution sécuritaire internationale, la situation actuelle — marquée par l’épuisement de l’armée et l’usure des réservistes — pousse de nombreux officiers à reconnaître que Gaza n’est plus une bataille pouvant être gagnée uniquement par la force militaire.

Le projet américain

Le texte américain prévoit que la « force internationale de stabilisation » ait une direction unifiée relevant du « Conseil pour la paix » — un organe international chargé de la gestion des territoires palestiniens — présidé par Donald Trump lui-même.

Un général américain devrait probablement commander la force, afin de maintenir l’équilibre entre les pays participants et de garantir la confiance d’Israël. Et, malgré les promesses de Trump de ne pas déployer de troupes américaines sur le terrain, certaines missions pourraient finalement être confiées à des unités américaines ou occidentales.

La réussite du plan dépendra d’un engagement américain constant et d’une extrême précision dans son exécution.

En revanche, si le projet échoue, l’avenir de Gaza s’annonce sombre : une moitié du territoire resterait sous occupation israélienne, la violence et le chaos persisteraient, bloquant toute reconstruction. Néanmoins, la crainte de ce scénario, conjuguée à quelques progrès humanitaires, pourrait suffire à convaincre le Conseil de sécurité d’adopter le plan et d’autoriser le déploiement de la force internationale.

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