La fin du camp de Rukban annonce-t-elle la fermeture des autres camps ?

Bien que la fermeture du camp de Rukban soit perçue comme une victoire sur le plan humanitaire, elle soulève néanmoins de nouveaux défis pour les personnes rapatriées, dans une mise à l’épreuve de la garantie d’un retour digne, sûr et durable.
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La Syrie a tourné la page du camp de Rukban, qui abritait des déplacés syriens à la frontière tripartite entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie. Le camp a officiellement fermé ses portes samedi, selon les autorités et une ONG, après le départ des dernières familles qui y vivaient dans des conditions extrêmement précaires pendant des années de conflit. Cette fermeture marque un tournant dans la dynamique syrienne post-Assad, expliquant l’accélération du retour des familles dans leurs régions d’origine, le camp ayant perdu sa raison d’être en tant que refuge contre « la répression du régime déchu ».
Le camp représentait un point noir de la crise humanitaire syrienne : il manquait des services de base comme l’eau potable, la nourriture ou les soins médicaux, tandis que ses habitants subissaient le siège, la faim, et les rigueurs d’un environnement désertique hostile. Sa fermeture met donc un terme à cette souffrance directe.
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Les déclarations officielles insistent sur le fait que les familles sont retournées dans leurs régions d’origine, soulignant le principe du retour volontaire et sécurisé des déplacés — une priorité tant pour les organisations internationales que pour le nouveau gouvernement syrien.
La fermeture de Rukban traduit aussi une volonté d’en finir avec le phénomène des camps, notamment ceux où les conditions sont inhumaines. Certains responsables ont d’ailleurs affirmé que cette mesure représente « le début d’un processus de démantèlement des autres camps », en référence notamment au camp d’Al-Hol, qui suscite de vives inquiétudes à l’échelle internationale.
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La position stratégique du camp, à la frontière de trois pays (Syrie, Jordanie, Irak) et à proximité de la base américaine d’al-Tanf, en faisait un foyer de tensions. Sa fermeture pourrait indiquer un changement dans les priorités sécuritaires et humanitaires de ces pays, et possiblement un apaisement de certaines tensions dans cette région frontalière.
La fin du camp de Rukban constitue donc une étape significative vers la résolution d’une des pires crises humanitaires issues du conflit syrien. Mais si elle représente une avancée, elle laisse place à de nouveaux défis pour les rapatriés, qui exigent des efforts massifs — à la fois locaux et internationaux — pour garantir leur réintégration digne et durable.
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Le ministre des Situations d’urgence, Raed Saleh, a écrit sur la plateforme X : « La fermeture du camp de Rukban marque la fin de l’une des tragédies les plus dures vécues par nos déplacés ». Le ministre de l’Information, Hamza al-Moustafa, a quant à lui déclaré samedi, sur la même plateforme : « Avec le démantèlement du camp de Rukban et le retour des déplacés, c’est un chapitre tragique et douloureux de l’exil provoqué par la machine de guerre du régime déchu qui se referme. »
Il a ajouté : « Rukban n’était pas un simple camp, c’était le ‘triangle de la mort’, témoin du siège, de la famine, et de l’abandon du peuple livré à son sort dans un désert aride. »
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L’organisation syrienne d’urgence, une ONG humanitaire, a confirmé sur X que « le camp de Rukban a été officiellement fermé et vidé. Toutes les familles et les habitants sont rentrés chez eux. »
Créé en 2014 au pic de la guerre en Syrie, le camp était devenu un refuge pour les Syriens fuyant les exactions des jihadistes et les bombardements du régime, dans l’espoir de passer en Jordanie.
Situé à la jonction entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie, le camp se trouvait dans une zone de sécurité de 55 km de diamètre établie par la coalition internationale menée par les États-Unis, où se situe également la base militaire d’al-Tanf.
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À son apogée, Rukban a accueilli plus de 100 000 personnes, mais des dizaines de milliers l’ont quitté au fil des années, surtout après la fermeture de la frontière jordanienne en 2016, qui a forcé beaucoup à retourner dans les zones contrôlées par le régime pour fuir la faim et la misère.
Avant la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre, le camp abritait encore environ 8 000 personnes, totalement isolées des zones tenues par l’armée, et les autorités n’autorisaient que très rarement l’accès à l’aide humanitaire.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les retours vers les régions d’origine ont commencé progressivement après la chute d’al-Assad. Le ministre de l’Information a d’ailleurs estimé que « la fin de Rukban marque le début d’un processus pour démanteler les autres camps. »
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Depuis 2011, le conflit déclenché par la répression des manifestations populaires contre le régime al-Assad a provoqué le déplacement d’environ la moitié de la population syrienne, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. La majorité s’est réfugiée dans des camps à Idlib et dans ses environs.
Après la chute d’al-Assad, seuls 1,87 million de Syriens déplacés ou réfugiés sont rentrés dans leurs régions d’origine, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui indique que le principal obstacle au retour reste « le manque d’opportunités économiques et de services de base ». Près de 6,6 millions de personnes restent déplacées à l’intérieur du pays, selon la même source.
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