« La Fédération des Journalistes » yéménite recense les « crimes » des Houthis et des Frères Musulmans contre ses membres
Dans le contexte de la crise yéménite, entre le coup d’État des Houthis et les pratiques de la faction « opportuniste » des Frères Musulmans, les journalistes du pays font face à des conditions tragiques allant jusqu’au meurtre.
Selon la Fédération des journalistes yéménites, il y a eu plus de 1600 violations des libertés médiatiques au Yémen depuis le début de la guerre (2015-2023), dont 45 cas de meurtres.
Dans un communiqué publié en mai dernier, la Fédération a indiqué que ces violations, notamment les meurtres, enlèvements, disparitions forcées, tortures et répression de la liberté d’opinion et d’expression, ont été largement exercées dans les zones contrôlées par les Houthis.
Le communiqué a souligné que la capitale yéménite, Sanaa, ainsi que Hodeida, Dhamar, Ibb, Amran, Al Mahwit et certaines zones de Taiz et Marib, étaient des régions témoins des violations contre les journalistes yéménites.
La Fédération a ajouté que les milices houthis ne se sont pas contentées de réprimer les journalistes dans ces zones, mais ont commis des meurtres, des assassinats, des ciblages et des incitations à l’encontre de dizaines de journalistes dans les zones libérées.
Des journalistes yéménites ont déclaré que les violations à leur encontre ont coïncidé avec le coup d’État des milices houthis contre l’État yéménite il y a dix ans, cherchant à dissimuler leurs crimes en étouffant la voix de la vérité, dans une tentative d’accroître leur emprise répressive sur la liberté d’expression.
Incitation des Houthis
Le chef des milices houthis, Abdel-Malek al-Houthi, est l’un des premiers à inciter contre les journalistes, les médias et les activistes, ayant ordonné à ses hommes armés de mener une guerre répressive contre les journalistes dans diverses régions.
Al-Houthi est apparu dans un discours télévisé le 20 septembre 2015, quelques mois après le début de la guerre, où il a incité contre les journalistes, les médias et les intellectuels, promettant qu’il y aurait des actions à leur encontre.
L’impunité des auteurs des violations contre les journalistes yéménites a contribué à classer le Yémen comme le troisième pays le plus dangereux au monde pour la vie des journalistes, selon le rapport de Reporters Sans Frontières publié en 2021.
Dans un rapport récent, l’organisation internationale a confirmé que le Yémen se situe aux dernières places en matière de liberté de la presse, se classant au 154ème rang sur 180 pays pour l’année 2024.
Demandes de droits humains
Quarante-cinq organisations régionales et locales engagées pour les libertés d’opinion et d’expression et les droits humains ont appelé à faire justice, à ne pas laisser les coupables impunis et à tenir responsables ceux qui sont impliqués dans toutes les crimes contre les journalistes et les activistes des médias.
Le communiqué, qui coïncide avec la journée internationale pour mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, célébrée le 2 novembre de chaque année, indique que les journalistes font face à des violences, du harcèlement et des meurtres en raison de leurs écrits et de leurs opinions, ce qui a contribué à aggraver la situation d’impunité des auteurs.
Le communiqué a souligné qu’au cours des dix dernières années, les journalistes ont été victimes de divers crimes et violations, comprenant l’exécution sommaire, la détention arbitraire, la disparition forcée, la torture et la répression de la liberté d’expression.
La déclaration des 45 organisations régionales et locales a appelé la communauté internationale à faire pression sur les parties concernées dans le conflit pour mettre fin aux agressions et renforcer la protection des journalistes.
Le communiqué a également exprimé son inquiétude face à la peine de mort prononcée à l’encontre de Taha al-Mamari, propriétaire de la société Yemen Digital Media, par le tribunal pénal spécialisé de Sanaa, ainsi qu’à la confiscation de ses biens et à la reprise du procès de quatre journalistes qui avaient déjà été libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers entre le gouvernement et les Houthis sous l’égide des Nations Unies.
Il a souligné que ces pratiques arbitraires de la part des milices houthis révèlent l’approche brutale et répressive adoptée par ces milices contre les journalistes, entraînant la désertification de leurs zones par le journalisme indépendant et partisan.
Répression des Frères Musulmans
Dans ce contexte, le journaliste et chercheur social Salah Abdul-Wahid a déclaré que les groupes religieux idéologisés sont, par nature, opposés à la liberté d’expression et de parole, c’est pourquoi ils cherchent à réprimer quiconque s’oppose à eux. « C’est exactement ce que font les Houthis et les Frères Musulmans au Yémen », a-t-il ajouté.
Abdul-Wahid a précisé que depuis le début de la guerre, de nombreux cas de répression contre les journalistes ont été enregistrés par les milices houthis, suivies par le parti de l’Islah, la branche politique des Frères Musulmans au Yémen, qui partagent ensemble les violations contre les journalistes.
Il a ajouté : « Ce qui préoccupe le plus les groupes religieux, c’est que les journalistes révèlent à travers leur plume et leur parole leurs crimes, leurs violations et leurs pratiques répressives contre les gens. C’est pourquoi ils cherchent à faire taire toute voix dissidente, à intimider et à réprimer ceux qui pourraient révéler la laideur de leurs crimes contre les Yéménites. »