La domination des milices : l’enlèvement d’un responsable du renseignement prive l’Europe du gaz libyen
Le chaos engendré par le contrôle des milices sur les affaires de l’ouest de la Libye a atteint un point critique, avec la fermeture d’une vanne du gazoduc vers l’Europe en guise de protestation contre l’enlèvement d’un officier des services de renseignement libyens.
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Affrontements armés à Tripoli révèlent la fragilité de la situation sécuritaire
Des sources locales libyennes ont confirmé que des protestataires de la région du Djebel occidental ont bloqué la route de Batn al-Jabal entre les villes de Nalout et Tripoli, au carrefour de Zintan, et ont incendié des pneus en protestation contre le maintien de l’enlèvement du directeur de la sécurité centrale des services de renseignement libyens, le général Mustafa Al-Wuhayshi, détenu depuis cinq jours.
Dans une escalade de la protestation, les manifestants ont fermé la vanne du gazoduc reliant la Libye à l’Europe dans la région de Rayayna, accordant au gouvernement un délai d’un jour pour obtenir la libération d’Al-Wuhayshi, enlevé jeudi dernier à Tripoli.
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Aucune organisation n’a revendiqué cet enlèvement, tandis que la Libye est le théâtre depuis des années de prises d’otages d’employés publics, de magistrats et de parlementaires, ces enlèvements étant souvent motivés par la volonté de faire pression sur leurs institutions pour interrompre des enquêtes de corruption impliquant des membres de milices ou des personnalités proches d’elles.
Les revenus de l’énergie constituent environ 95 % du budget libyen, un atout exploité par les factions en conflit pour le pouvoir depuis 2011, recourant de temps à autre à la fermeture de champs pétroliers comme moyen de pression pour atteindre leurs objectifs.
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La Libye avait repris sa production de pétrole après plusieurs semaines d’interruption, suite à la résolution d’une crise de nominations à la tête de la banque centrale, une question qui avait divisé les institutions de l’est et de l’ouest du pays le mois dernier, certaines d’entre elles ayant utilisé la fermeture des champs pétroliers en pleine crise.
Le contexte de l’enlèvement
Des milices ont enlevé le général Mustafa Ali Al-Wuhayshi, directeur de la sécurité centrale des services de renseignement, la plus haute instance de sécurité du pays, le retenant illégalement et laissant son sort inconnu.
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Les services de renseignement libyens ont condamné l’enlèvement d’Al-Wuhayshi, son agression et sa détention illégale, soulignant le danger pour sa sécurité, la terreur infligée à sa famille, les dommages subis par le service de renseignement et la menace pour l’ensemble de ses employés, selon un communiqué publié jeudi.
Le service de renseignement a affirmé que cet acte constitue un crime passible de la loi, et que la justice libyenne poursuivra les auteurs, avertissant des conséquences de la poursuite de la détention de l’otage ou de menaces contre son intégrité. Le service s’est engagé à déployer tous les efforts pour le libérer sain et sauf.
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Concernant la raison de l’enlèvement, le communiqué a précisé que l’officier « a été enlevé en lien avec des enquêtes en cours sur plusieurs affaires affectant la sécurité nationale libyenne, dont certaines sont toujours en cours d’examen », sans donner plus de détails.
L’impact des milices en 13 ans
Depuis la chute du régime du président Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye a vu se multiplier les milices armées, qui ont pris le contrôle de nombreuses institutions officielles.
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Ce phénomène s’est atténué dans l’est de la Libye grâce aux batailles menées par l’armée nationale libyenne contre ces milices depuis 2014, mais il demeure intense dans l’ouest du pays, où les milices bénéficient du soutien de certaines entités politiques locales et de certains pays.
La région de l’ouest est en proie à une anarchie sécuritaire avec la prolifération de milices échappant au contrôle de l’État, entraînant une recrudescence des crimes graves, assassinats, enlèvements, détentions illégales et de l’impunité, ces milices tirant leur force de leurs armes et de dirigeants qui occupent des postes élevés dans les institutions.
Cette situation a conduit à une prolifération des armes, avec plus de 29 millions d’armes en circulation, échappant au contrôle de l’État.
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