Moyen-Orient

La défection d’un dirigeant houthiste révèle la coopération entre les milices et Al-Qaïda


Un assassinat perpétré par des éléments d’Al-Qaïda et la défection d’un officier se faisant passer pour un « colonel » au sein des Houthis ont révélé une collaboration évidente entre l’organisation terroriste et les milices.

Les deux événements sont étroitement liés. Tout a commencé le 20 octobre 2018, lorsque des éléments d’Al-Qaïda, avec le soutien des Houthis, ont assassiné le cheikh tribal Ali Abdullah Maqbel Al-Salahi dans le district de Sharab Al-Salam, dans la province de Taëz au Yémen.

Cet assassinat fut un choc immense pour son fils, Salah, alors expatrié hors du pays. Il est rentré dans son village natal, dans la région d’Al-Amjoud à Taëz, afin de mobiliser ses proches pour venger son père, traquer les meurtriers et les traduire en justice.

Salah Al-Salahi est parvenu à poursuivre les accusés impliqués dans l’assassinat de son père, à les capturer et à les remettre à la justice. Cette détermination a poussé les milices houthies à tenter de l’intégrer dans leurs rangs militaires, dans le but de contrôler le nord et l’ouest de Taëz, en s’appropriant son influence tribale.

Que s’est-il passé ?

Le 25 mai 2025, la chambre pénale spéciale, contrôlée par les Houthis, a prononcé une condamnation à mort contre les sept accusés de l’assassinat du cheikh Ali Al-Salahi. Cependant, les milices ont ensuite entamé des négociations secrètes avec Al-Qaïda pour obtenir leur libération dans le cadre d’un échange de prisonniers entre les deux parties.

Selon des sources exclusives, les milices houthies ont demandé à Salah Al-Salahi, qu’elles avaient nommé commandant de la 10e brigade « Samad » et promu au grade de « colonel », de renoncer au sang de son père en échange de l’inscription de ce dernier comme « martyr » dans leurs rangs. Cette démarche visait à permettre la libération des accusés dans le cadre de l’accord avec Al-Qaïda.

Les mêmes sources précisent que Salah Al-Salahi a catégoriquement refusé de céder, ce qui a poussé le dirigeant houthiste Nour Al-Din Al-Marani, nommé « adjoint du commandant de la quatrième région militaire », à le menacer de mort et de liquidation.

Salah Al-Salahi, qui portait le titre de « colonel » sans en avoir le grade réel, a alors décidé de faire défection et de rejoindre le camp de la légitimité, exposant ainsi l’ampleur des divisions internes chez les Houthis et la coopération clandestine entre les milices et Al-Qaïda.

Une cohésion fragile

Durant sa période d’activité au sein des milices houthies, Salah Al-Salahi a exploité son statut militaire et tribal pour renforcer son influence sociale dans les régions de Taëz et d’Ibb, contrôlées par les Houthis.

Chef de terrain influent, il a joué un rôle central dans les offensives militaires des Houthis dans les zones centrales et méridionales, notamment sur les fronts de Taëz et de Lahj. Sa défection menace donc la cohésion militaire déjà fragile des milices dans ces zones stratégiques.

Après l’annonce de sa défection et de son ralliement à l’armée yéménite à Marib, les milices houthies ont dépêché des renforts militaires depuis Saada et Hajja vers Taëz, craignant de nouvelles défections dans les zones sous leur contrôle.

Des observateurs estiment que le départ d’Al-Salahi pourrait offrir une compréhension précieuse du fonctionnement sécuritaire, militaire et renseigné de ce groupe soutenu par l’Iran, ainsi que de sa structure hiérarchique, d’autant que l’homme dirigeait une unité constituant l’épine dorsale des forces houthis sur les fronts du sud et du centre du pays.

Mardi, Salah Al-Salahi a officiellement annoncé sa défection des Houthis, les accusant de déstabiliser la société yéménite et de détruire les provinces non libérées, y compris Taëz. Il a affirmé avoir été témoin de nombreuses atrocités commises par les milices, soulignant que l’unité des Yéménites est essentielle pour faire face à ces « milices oppressives ».

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