Moyen-Orient

La crise des corps met le Hamas sous pression : promesse et obstacles


La promesse du Hamas de restituer à Israël toutes les dépouilles des otages pourrait se heurter à de sérieuses difficultés logistiques dans un territoire réduit en ruines par la guerre, menaçant ainsi la trêve et l’accord en vigueur.

Vendredi, le mouvement islamiste s’est engagé à remettre à Israël les corps de tous les otages encore présents dans la bande de Gaza, conformément à l’accord de cessez-le-feu parrainé par les États-Unis. Toutefois, il a reconnu les obstacles majeurs rencontrés dans la recherche de restes ensevelis sous les décombres ou dissimulés dans les tunnels détruits.

Jeudi soir, le président américain Donald Trump a adressé une sévère mise en garde au Hamas, particulièrement après que le mouvement a renforcé sa présence à Gaza depuis l’arrêt des combats le 10 octobre et revendiqué mardi, dans une vidéo, l’exécution d’individus accusés de « collaborer » avec Israël.

Trump a déclaré : « Si le Hamas continue de tuer des gens à Gaza — ce qui n’était pas prévu dans l’accord —, nous n’aurons d’autre choix que d’entrer [dans la bande] et de les éliminer. »

Peu après, le Hamas a confirmé « son engagement » envers le cessez-le-feu et exprimé « sa volonté » de restituer à Israël toutes les dépouilles des otages encore présentes dans le territoire dévasté.

Dans un communiqué, le mouvement a précisé que la restitution des corps « pourrait prendre du temps », certains étant ensevelis dans des tunnels détruits par Israël, d’autres encore sous les ruines des bâtiments bombardés.

Il a réaffirmé « son attachement à l’accord et sa détermination à le mettre en œuvre pleinement, y compris la remise de tous les corps restants ».

Cette déclaration intervient après les accusations israéliennes selon lesquelles le Hamas violerait les termes de l’accord de trêve, qui prévoit la restitution de tous les otages — vivants et morts — dans un délai de 72 heures à compter de son entrée en vigueur, soit lundi midi.

Le Hamas a libéré 20 otages vivants en échange de la libération par Israël d’environ 2 000 prisonniers palestiniens, mais n’a remis que les corps de 9 otages sur les 28 prévus.

Dans son communiqué, le mouvement a ajouté que « les dépouilles accessibles ont été immédiatement transférées », mais que l’extraction des autres nécessite du matériel spécialisé pour dégager les décombres, matériel actuellement indisponible en raison du blocus imposé par Israël.

Jeudi, la Turquie a annoncé l’envoi d’une équipe de secours de l’agence AFAD (Gestion des catastrophes et urgences) pour participer à la recherche des corps des otages dans la bande de Gaza.

Le même jour, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réaffirmé sa détermination à « ramener les restes de tous les otages détenus par le Hamas ».

Lors de la commémoration du deuxième anniversaire de l’attaque du 7 octobre 2023, il a déclaré : « Nous sommes résolus à ramener tous les otages. »

Jeudi également, le Forum des familles d’otages et de disparus a exhorté le gouvernement israélien à retarder les étapes suivantes de l’accord conclu avec le Hamas tant que les dépouilles des 19 otages restants ne seront pas remises.

« Ils creusent », a résumé Trump mercredi dans un ton appelant à la patience, ajoutant : « Ils découvrent de nombreux corps. »

Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas et l’hôpital Nasser de Khan Younès ont indiqué jeudi qu’Israël avait restitué les corps de 30 Palestiniens, portant à 120 le nombre total de dépouilles récupérées.

Selon les termes de l’accord de trêve, Israël doit restituer 15 corps palestiniens pour chaque dépouille d’otage israélien reçue.

Sur le plan diplomatique, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a déclaré en marge d’une réunion des ministres méditerranéens en Italie que « le passage de Rafah devrait rouvrir dimanche ».

Israël contrôle tous les points d’accès à Gaza et doit, selon l’accord, rouvrir le passage de Rafah reliant la bande à l’Égypte afin de permettre l’entrée de l’aide humanitaire.

Mais jeudi, les autorités israéliennes ont précisé qu’elles fixeraient ultérieurement la date de réouverture du poste-frontière, tout en affirmant qu’aucune aide humanitaire ne le traverserait pour l’instant.

La première phase de l’accord comprend le cessez-le-feu, la libération des otages et le retrait partiel des forces israéliennes de certaines zones de Gaza.

Les étapes suivantes portent sur le désarmement du Hamas, l’amnistie de ses dirigeants qui rendront leurs armes, la poursuite du retrait israélien et la mise en place d’une administration post-guerre pour Gaza — des points encore en discussion.

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