Politique

La chute d’al-Assad affaiblit l’Iran mais ne met pas fin à ses capacités au Moyen-Orient

Avec le départ d'al-Assad, Téhéran perd un allié clé dans l’axe iranien, ce qui pourrait réduire son influence et sa capacité à maintenir son réseau de groupes armés.


Le renversement du président syrien Bachar al-Assad a porté un coup sévère au réseau d’influence de l’Iran au Moyen-Orient. Toutefois, Israël, les États-Unis et des puissances arabes doivent désormais faire face aux risques d’instabilité et d’extrémisme provenant de l’alliance des groupes ayant renversé al-Assad.

L’un des principaux acteurs de cette chute est Hayat Tahrir al-Cham, un groupe armé sunnite islamique ayant été affilié à al-Qaïda, et classé organisation terroriste par les États-Unis et l’ONU.

D’après trois diplomates et trois analystes interrogés par Reuters, des pays occidentaux et arabes craignent que cette coalition dirigée par Hayat Tahrir al-Cham ne cherche à instaurer un gouvernement islamiste radical, ou un gouvernement moins capable ou désireux d’empêcher le retour de groupes extrémistes.

Abdulaziz Sager, président du Gulf Research Center, a déclaré : « Il y a une peur intense dans la région et au-delà face au vide de pouvoir que pourrait créer la chute soudaine d’al-Assad », rappelant les guerres civiles en Irak après la chute de Saddam Hussein en 2003 et en Libye après la destitution de Mouammar Kadhafi en 2011.

Un diplomate occidental de haut rang, sous couvert d’anonymat, a confié à Reuters que, face à la multiplicité des groupes d’opposition, il n’existe aucun plan clair sur la manière de gouverner la Syrie, un pays aux multiples sectes et groupes ethniques, chacun soutenu par des acteurs régionaux.

L’instabilité en Syrie pourrait également permettre le retour de groupes extrémistes tels que l’État islamique, qui avait conquis de vastes territoires en Syrie et en Irak en 2014 avant d’être vaincu en 2019 grâce à une coalition dirigée par les États-Unis.

Le président américain Joe Biden a salué dimanche la chute d’al-Assad, affirmant qu’il devait « être tenu responsable » pour son régime autoritaire, tout en avertissant que son départ représente un moment « dangereux et incertain ». Les forces américaines ont mené des dizaines de frappes en Syrie pour empêcher le retour de l’État islamique.

La rapidité de la chute d’al-Assad, survenue seulement deux semaines après le début de l’offensive de l’opposition armée, a surpris de nombreux responsables à Washington. Un haut responsable américain a indiqué que les États-Unis cherchaient désormais à établir un dialogue avec tous les groupes, et pas seulement avec Hayat Tahrir al-Cham.

Du côté iranien, la perte d’al-Assad, issu de la minorité alaouite chiite, représente un coup majeur à son influence dans une région majoritairement sunnite. L’Iran a ouvert une ligne de communication directe avec les nouvelles autorités syriennes dans une tentative d’éviter une détérioration des relations.

Pour Moscou, allié clé d’al-Assad, cette chute implique également des répercussions significatives, notamment sur ses bases militaires en Syrie, qui représentent un pivot stratégique au Moyen-Orient.

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