Kim retire ses troupes d’Ukraine… geste symbolique ou véritable tournant stratégique ?

De manière inattendue, la Corée du Nord a rapatrié plusieurs de ses hauts responsables militaires stationnés en Russie, un geste remarqué qui pourrait traduire une évolution du rôle de Pyongyang dans la guerre en Ukraine et avoir des répercussions sur le processus de négociations de paix en cours.
Selon le New York Post, les médias officiels nord-coréens ont annoncé le retour de plus d’une douzaine d’officiers supérieurs, parmi lesquels le lieutenant-général Kim Yong Bok et le général Sin Kom Chol. Ils ont été accueillis par le dirigeant Kim Jong-un lors d’une cérémonie solennelle au cours de laquelle il a salué leurs réussites dans la « reprise » de la région russe de Koursk.
Des analystes estiment que ce retrait dépasse la seule dimension militaire. Il illustre la confiance de Moscou dans sa capacité à conserver le contrôle de la région et à repousser toute contre-offensive ukrainienne, sans recourir à un affichage trop visible du soutien nord-coréen.
Michael Madden, spécialiste de la Corée du Nord au Stimson Center, souligne que la Russie ne souhaite pas que la présence de troupes nord-coréennes devienne un point de friction lors des pourparlers, d’autant que ces dernières n’ont jamais franchi les frontières russes durant leur déploiement.
Pyongyang avait envoyé environ 12 000 soldats en Russie pour appuyer l’opération militaire dans la région de Koursk, théâtre d’une vaste offensive ukrainienne l’été dernier.
Les deux parties avaient choisi de garder le silence sur cette participation, jusqu’à la diffusion récente d’images montrant une cérémonie présidée par Kim Jong-un en hommage aux combattants nord-coréens tombés au front.
Lors de la réception des officiers de retour, Kim est apparu en train de les étreindre, affirmant que « notre armée est une armée héroïque qui accomplit ce qu’il faut accomplir aujourd’hui et le fera également demain », laissant entendre que l’implication nord-coréenne au côté de Moscou se poursuivrait.
L’appui de Pyongyang ne se limite pas à l’envoi de troupes. Il inclut également des livraisons d’artillerie et de munitions à la Russie, ainsi que l’engagement d’expédier 6 000 travailleurs supplémentaires pour contribuer aux efforts de reconstruction dans les zones affectées par les combats.
Ces développements envoient un double message : d’une part, afficher la solidité de l’alliance militaire entre Moscou et Pyongyang ; d’autre part, tenter de réduire la sensibilité de la question nord-coréenne dans le cadre des futures négociations de paix sur l’Ukraine.