Politique

Kenya encercle l’expansion des Frères musulmans : experts révèlent les implications et conséquences du bannissement 


Dans une décision aux répercussions dépassant ses frontières, le Kenya a inscrit les Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes, affirmant ainsi que les réseaux d’extrémisme idéologique ne relèvent plus uniquement d’un enjeu extérieur, mais constituent une menace directe s’étendant de la Somalie à l’ensemble du continent africain.

Des experts africains considèrent cette décision comme un tournant majeur dans la lutte du continent contre les groupes extrémistes. Elle place les Frères musulmans au cœur de l’équation sécuritaire dans la Corne de l’Afrique et illustre un alignement régional et international croissant contre le mouvement.

Cette mesure agit aussi comme un avertissement précoce aux autres pays : soit ils endiguent les réseaux de l’islam politique avant leur expansion, soit ils en paieront le prix au cœur de leurs sociétés.

Le Kenya a officiellement annoncé l’inscription des Frères musulmans et du parti Hizb ut-Tahrir sur la liste des entités terroristes en vertu de la loi antiterroriste, entraînant le gel des avoirs, l’interdiction de réunions et des poursuites judiciaires contre toute personne liée à ces organisations interdites.

Une décision justifiée

Le chercheur mauritanien spécialisé dans les affaires africaines, Obeid Imigen, estime que cette mesure « s’inscrit dans le cadre des craintes justifiées des autorités kényanes face à l’augmentation des menaces terroristes et à l’expansion des Frères musulmans et du Hizb ut-Tahrir dans la société ».

Il explique que le gouvernement kényan considère ces organisations comme des vecteurs idéologiques de radicalisation au sein de la jeunesse musulmane du pays.

En interdisant les Frères musulmans, Nairobi entend mettre fin au recrutement clandestin et à la propagande dans les zones urbaines, côtières et universitaires, tout en coupant les flux financiers et logistiques qui alimentent les réseaux extrémistes de la Corne de l’Afrique.

Imigen souligne que cette décision, bien que tardive, constitue une étape préventive pour renforcer la sécurité intérieure et aligner le Kenya sur les efforts régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme.

Éloigner la menace

Le journaliste soudanais basé à Nairobi, Hassan Ishaq, estime que la décision s’inscrit dans une dynamique régionale et internationale plus large visant à contrer l’influence des Frères musulmans.

Il ajoute que le Kenya cherche à neutraliser la menace de ce mouvement qui, ne reconnaissant pas les frontières nationales, peut s’étendre partout, considérant sa présence comme légitime dans n’importe quel territoire.

Pour Ishaq, le bannissement des Frères musulmans est aussi lié aux attaques récurrentes des Shebab, affiliés à Al-Qaïda en Somalie, qui mènent régulièrement des attentats au Kenya. Certains observateurs estiment que les Shebab constituent une branche armée des Frères musulmans.

Un système à multiples branches

L’expert en mouvements islamistes, Hicham Najjar, qualifie cette décision de « centrale et décisive », car elle vise à prévenir l’expansion du radicalisme, du terrorisme et de l’idéologie takfiriste en Afrique.

Selon lui, les Frères musulmans et Hizb ut-Tahrir appartiennent à la même constellation que Daech et Al-Qaïda, constituant un système intégré où chaque groupe soutient l’autre.

Najjar rappelle que les Frères musulmans, affaiblis au Moyen-Orient, cherchent de nouveaux terrains d’influence, notamment en Afrique, en Europe et en Asie. Ces zones alternatives doivent rester vigilantes, car le mouvement tente d’y reproduire ce qu’il a échoué à imposer en Égypte : instaurer un État parallèle, diviser la société et propager une idéologie extrémiste.

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