Joseph Aoun cherche à éviter les répercussions du désarmement du Hezbollah

Le président libanais : “Nous tenterons, autant que possible et au-delà, d’épargner au Liban toute secousse interne ou externe.”
Le président libanais, Joseph Aoun, a déclaré dimanche que les autorités s’emploient à prévenir toute “secousse” après leur décision de priver le Hezbollah de son arsenal, décision que le parti a rejetée catégoriquement en avertissant qu’elle pourrait provoquer une “guerre civile”.
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Ces propos surviennent le jour même du retour à Beyrouth de l’émissaire américain Tom Barrack, pour la première fois depuis que le gouvernement a chargé l’armée libanaise d’élaborer un plan de désarmement du Hezbollah d’ici la fin de l’année.
Dans un entretien diffusé dimanche par la chaîne saoudienne Al-Arabiya, Aoun a souligné que “le Liban est épuisé par les guerres et les crises. Nous tenterons, autant que possible et au-delà, d’épargner au pays toute secousse interne ou externe”, répondant ainsi aux inquiétudes d’un éventuel conflit interne.
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La décision de désarmer le Hezbollah constitue une première pour les autorités libanaises depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Selon l’Agence nationale d’information, Tom Barrack est arrivé à Beyrouth et devait rencontrer lundi plusieurs responsables libanais, alors que le pays traverse une crise inédite entre le Hezbollah, le gouvernement et une partie de la classe politique. Samir Geagea, chef des Forces libanaises, a qualifié les déclarations du numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, de “menace directe” à l’encontre du gouvernement et des institutions constitutionnelles.
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Cette décision gouvernementale est intervenue dans un contexte de pressions américaines, et sur fond de craintes d’une nouvelle offensive israélienne après des mois d’affrontements avec le Hezbollah, qui a subi de lourdes pertes. Elle reflète aussi l’adhésion de Beyrouth au contenu d’un document proposé par Barrack aux responsables libanais.
Interrogé à ce sujet, Aoun a confirmé : “Nous avons étudié cette proposition, y avons apporté nos remarques et donné notre accord. Qu’ils obtiennent maintenant l’aval de l’autre partie”, en référence à Israël.
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Le président a précisé que les autorités étaient confrontées à deux choix : soit accepter le document et pousser vers “l’adhésion d’Israël”, soit le rejeter, “auquel cas Israël intensifierait ses attaques, le Liban serait isolé économiquement, et nul d’entre nous ne pourrait riposter à ces agressions”.
Et d’ajouter : “Si quelqu’un a une troisième option permettant de mettre en œuvre le retrait israélien, la libération des prisonniers, la délimitation des frontières et la relance de l’économie, qu’il la propose.”
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De son côté, Naïm Qassem a accusé le gouvernement de “mettre à exécution le projet américano-israélien” visant le désarmement du Hezbollah, quitte à “entraîner une guerre civile et une discorde interne”.
Le parti réaffirme qu’il n’acceptera pas de discuter de ses armes tant que “l’agression” se poursuit, en allusion aux frappes israéliennes sur le Liban et à la présence de l’armée israélienne en cinq points du sud du pays, malgré l’accord de cessez-le-feu conclu en novembre.
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L’État hébreu affirme pour sa part cibler des combattants et des infrastructures du Hezbollah, et menace d’étendre ses opérations militaires tant que les autorités libanaises n’auront pas procédé au désarmement du parti.
Au cœur de cette crise croissante, le Liban fait face à un double défi : l’affrontement interne entre le projet d’un État souverain et celui du Hezbollah, et les pressions régionales et internationales. L’avenir du pays reste suspendu entre la capacité du gouvernement à aller de l’avant dans sa décision de reconstruire un État effectif, ou l’imposition d’un rapport de force dicté par les menaces, qui approfondirait les divisions et repousserait toute issue à une échéance indéterminée.