Politique

JL-3 intercontinental : le missile balistique qui étend l’influence de Pékin au-delà de l’Atlantique


La Chine a dévoilé, lors du défilé militaire du 3 septembre organisé pour marquer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Asie, l’un de ses plus récents acquis stratégiques.

Pour la première fois, l’Armée populaire de libération a présenté le missile balistique intercontinental « JL-3 », conçu pour être lancé depuis des sous-marins, selon le magazine Military Watch.

Ce missile constitue la nouvelle génération de la série stratégique chinoise, succédant directement au « JL-2 » qui avait été montré lors de la parade du 1er octobre 2019.

La différence essentielle réside dans la portée : le « JL-3 » peut atteindre des cibles stratégiques au cœur de l’Europe ou sur le territoire américain, même lorsqu’il est tiré depuis le nord-est asiatique.

Les experts militaires estiment que l’innovation ne réside pas uniquement dans l’allongement de la portée, mais aussi dans la capacité du missile à transporter un plus grand nombre d’ogives nucléaires.

Cette évolution lui confère une aptitude renforcée à déjouer les systèmes modernes de défense antimissile, rendant son interception beaucoup plus difficile et renforçant son rôle de pièce maîtresse dans la stratégie chinoise de dissuasion nucléaire en mer.

Comparaison avec la Russie et les États-Unis
Malgré cette avancée, la dissuasion nucléaire maritime chinoise demeure limitée par rapport aux arsenaux des grandes puissances. Pékin exploite actuellement six sous-marins de type 094, chacun équipé de 12 missiles balistiques « JL-2 » ou « JL-3 ».

La Russie, pour sa part, conserve un avantage relatif avec treize sous-marins balistiques, dont cinq du type ancien « Delta » et huit du type « Boreï », capables de transporter 16 missiles chacun. Ces bâtiments disposent également de capacités accrues de furtivité et d’endurance, consolidant leur rôle stratégique.

Quant aux États-Unis, ils restent en tête avec la flotte la plus vaste et la plus puissante au monde : dix-huit sous-marins de classe « Ohio », chacun pouvant embarquer jusqu’à 20 missiles balistiques. Leur supériorité technologique et leur longue expérience opérationnelle leur confèrent une avance décisive.

La réduction de l’écart, mais pas sa suppression
L’entrée en service du « JL-3 » marque un renforcement tangible des capacités militaires chinoises et un accroissement de son pouvoir de dissuasion. Toutefois, cet avantage demeure temporaire, en attendant le déploiement, prévu pour le début des années 2030, de la nouvelle génération de sous-marins chinois de type 096.

Si la Chine a réussi à rattraper, voire dépasser ses rivaux dans d’autres domaines comme les navires de surface, les drones longue portée ou encore les missiles hypersoniques, l’écart en matière de sous-marins stratégiques reste significatif. Pékin n’a pas encore atteint le niveau de profondeur technologique et d’expérience opérationnelle de Washington et Moscou.

Un impact direct sur l’équilibre des forces dans l’Asie-Pacifique
L’apparition du « JL-3 » dépasse le cadre purement militaire. Elle a des répercussions directes sur la géopolitique régionale, notamment en Asie-Pacifique. Le Japon et l’Australie considèrent ce nouvel armement comme une justification supplémentaire pour resserrer leurs alliances militaires avec les États-Unis dans le cadre de stratégies croissantes d’« endiguement » à l’égard de Pékin.

De plus, le fait que la Chine dispose désormais d’un missile capable de frapper le territoire américain depuis des positions relativement sûres en mer de Chine méridionale ou en mer du Japon ajoute une pression supplémentaire dans les relations sino-américaines.

Cela complexifie davantage la logique de dissuasion réciproque entre les deux puissances et impose une équation sécuritaire mondiale plus imbriquée et plus délicate à gérer.

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