Moyen-Orient

« J’ai ramassé les morceaux de mon fils dans la rue » : le cri d’une mère à Gaza, pendant que Netanyahou agite la menace d’une escalade


À Gaza, la guerre et la souffrance s’entremêlent dans leur forme la plus brutale. Les larmes d’une mère ramassant les restes de son fils tué illustrent l’ampleur de la tragédie humaine, que les menaces militaires toujours plus virulentes viennent recouvrir de leur vacarme.

Alors que la situation humanitaire s’aggrave chaque jour davantage, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, brandit la possibilité d’une opération militaire encore plus sévère dans la bande de Gaza. Il ignore ainsi les appels de plusieurs anciens hauts responsables militaires et du renseignement israélien à mettre un terme à une guerre qui dure depuis maintenant 22 mois.

Dans des vidéos diffusées récemment, d’anciens chefs du Shin Bet, du Mossad et de l’armée, ainsi que l’ex-Premier ministre Ehud Barak, ont exprimé leur désaccord avec la stratégie actuelle. Ils estiment que l’extrême droite au pouvoir maintient Israël dans une spirale de conflit, qualifiant les objectifs annoncés par Netanyahou à Gaza de « pure illusion ».

Pendant ce temps, les scènes de désespoir se multiplient. Une jeune fille se tient debout à côté du corps d’un proche tué alors qu’il tentait simplement de trouver de la nourriture. Le Premier ministre israélien a convoqué son cabinet de sécurité restreint pour discuter des prochaines étapes de l’offensive, laissant planer l’éventualité d’un durcissement. Pourtant, aucune décision concrète n’a été annoncée à l’issue de la réunion.

Netanyahou a déclaré que ses priorités restaient l’élimination du Hamas, la libération des 50 derniers otages et la garantie que Gaza ne représente plus une menace pour Israël à l’avenir. Toutefois, des désaccords notables existent au sein même de l’appareil sécuritaire. Des médias israéliens rapportent des tensions entre Netanyahou et le chef d’état-major Eyal Zamir, qui refuserait l’idée d’une reconquête totale du territoire gazoui, estimant qu’elle mettrait en péril les otages restants et aggraverait la crise humanitaire.

Dans une tentative d’apaisement, le Bureau israélien de coordination des activités gouvernementales dans les territoires a annoncé un accord avec des commerçants locaux pour permettre une reprise progressive et encadrée de l’entrée de marchandises dans Gaza.

Cependant, la situation sur le terrain est dramatique. Le ministère de la Santé de Gaza a indiqué que le nombre de morts palestiniens dépasse désormais les 61 000 depuis le 7 octobre 2023. Des Palestiniens désespérés continuent de mourir sous les tirs en essayant de récupérer des aides humanitaires. Ce mardi matin, au moins 45 personnes ont été tuées dans différentes régions de Gaza, dont 26 dans le corridor de Morag, une zone militaire israélienne entre Rafah et Khan Younès.

Des témoins, des ONG locales et des agences de l’ONU confirment que des centaines de Palestiniens ont été tués ces derniers mois alors qu’ils tentaient simplement de se ravitailler. Le chaos est total. À Morag, des pères de famille comme Sami Arafat décrivent des scènes d’horreur : des personnes affamées se ruant sur des camions d’aide, parfois interceptés par des pilleurs armés de couteaux.

Mohammed Qassas, père de plusieurs enfants, confie devoir prendre d’assaut les rares convois d’aide pour tenter de nourrir sa famille : « Si je me bats, je peux ramener de la nourriture. Sinon, rien. » Désormais, les hommes reviennent souvent des points de distribution les bras chargés de cadavres et de sacs de farine.

L’aide humanitaire reste quasi impossible à distribuer de manière sécurisée. Les efforts annoncés par Israël sont largement insuffisants selon les ONG. Le spectre d’une famine généralisée plane sur Gaza.

Face à ce désastre, des voix s’élèvent, notamment celle d’Ikram Nasr, dont le fils a été abattu alors qu’il tentait d’obtenir de l’aide près de Morag. En pleurs, elle raconte : « J’ai dû aller seule chercher mon fils. J’ai ramassé ses restes dans la rue comme s’il s’agissait de morceaux de viande pour chiens. Le monde nous regarde souffrir, tester notre patience, notre foi. Mais nous n’avons plus la force de tenir. »

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page