Moyen-Orient

Israël riposte aux attaques des Houthis en ciblant l’aéroport de Sanaa

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé était présent à l’aéroport lors du bombardement, mais il n’a pas été blessé.


Israël a mené des frappes aériennes contre l’aéroport international de Sanaa et d’autres cibles au Yémen jeudi, causant, selon les médias affiliés aux Houthis, la mort de six personnes. Ces frappes font suite à des attaques menées par les rebelles yéménites soutenus par l’Iran contre l’État hébreu.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, se trouvait à l’aéroport au moment de la frappe, comme il l’a confirmé, signalant qu’« un membre de l’équipage de notre avion a été blessé ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé, après ces frappes, que son pays continuerait de frapper les rebelles houthis « jusqu’à l’accomplissement de la mission ». Dans une vidéo diffusée par son bureau, il a déclaré : « Nous sommes déterminés à couper cette branche terroriste de l’axe du mal iranien. Nous continuerons jusqu’à ce que la mission soit accomplie. »

Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a ajouté qu’Israël « traquera tous les dirigeants du groupe soutenu par l’Iran… Personne ne pourra échapper ».

Tedros, qui faisait partie d’une délégation envoyée au Yémen pour tenter d’obtenir la libération de 17 membres des Nations unies détenus par les Houthis, certains depuis 2021 et d’autres depuis juin dernier, a déclaré que lui et son équipe s’apprêtaient à monter à bord de l’avion lorsque l’aéroport a été bombardé.

Des témoins ont rapporté que l’aéroport international de Sanaa avait été touché par « plus de six » frappes, et que des attaques avaient également visé la base aérienne d’Al-Daylami à proximité. Une centrale électrique à Hodeïda a également été ciblée, selon des témoins et la chaîne Al-Masirah, affiliée aux Houthis.

La chaîne a rapporté que les frappes avaient fait six morts, après que les Houthis avaient initialement annoncé la mort de deux personnes à l’aéroport de Sanaa et d’une troisième au port de Ras Issa.

Le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdul Salam, a qualifié ces frappes d’« acte criminel sioniste contre le peuple yéménite ».

L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué que « les avions de chasse de l’armée de l’air ont frappé des cibles militaires du régime terroriste des Houthis sur la côte ouest du Yémen et à l’intérieur du pays », ajoutant que cela était en réponse aux « attaques répétées » des rebelles yéménites contre « l’État d’Israël et ses citoyens ».

De leur côté, les autorités de l’aviation civile des Houthis ont annoncé que l’aéroport de Sanaa « reprendrait ses activités vendredi », précisant que le bombardement avait eu lieu alors que « l’avion des Nations unies se préparait à son vol programmé ».

Les Houthis ont également annoncé vendredi avoir ciblé l’aéroport Ben Gourion près de Tel-Aviv avec une attaque au missile après le bombardement de l’aéroport de Sanaa.

Dans un communiqué, le groupe a affirmé avoir également lancé des drones contre une « cible stratégique » au centre d’Israël et un navire dans la mer d’Arabie, déclarant que « l’agression (israélienne) ne fera qu’accroître la détermination du grand peuple yéménite à continuer de soutenir le peuple palestinien ».

L’armée israélienne a annoncé avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen avant qu’il n’atteigne le territoire israélien.

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est empressé de condamner « l’escalade » des hostilités entre les Houthis et Israël, exprimant son « inquiétude » face aux frappes menées par l’État hébreu sur l’aéroport de Sanaa.

Un porte-parole de Guterres a déclaré dans un communiqué : « Le Secrétaire général condamne l’escalade entre le Yémen et Israël. Les frappes aériennes israéliennes qui ont visé aujourd’hui l’aéroport international de Sanaa, des ports en mer Rouge et des centrales électriques au Yémen sont particulièrement préoccupantes. »

Il a exprimé une inquiétude particulière concernant les répercussions des frappes sur les infrastructures de transport, qui affectent les opérations humanitaires dans un pays où 80 % de la population dépend de l’aide.

Le communiqué souligne que « le Secrétaire général reste profondément préoccupé par le risque d’une escalade supplémentaire dans la région et réitère son appel à toutes les parties concernées pour qu’elles cessent toute activité militaire et fassent preuve de la plus grande retenue. »
Selon un porte-parole de l’armée israélienne, les frappes ont visé des infrastructures « utilisées par le système terroriste houthi pour ses activités militaires à l’aéroport international de Sanaa et dans les centrales de Hizyaz et Ras Kantib ».

Le communiqué précise que ces infrastructures étaient utilisées par les Houthis « pour transporter des équipements militaires iraniens dans la région et accueillir des responsables iraniens ». Il ajoute : « Le système terroriste houthi est un agent central de l’axe iranien et porte la responsabilité de déstabiliser la région et d’entraver la liberté de navigation internationale. »

Le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné jeudi les frappes israéliennes, les qualifiant de « violation » de la paix et de la sécurité.

Le porte-parole du ministère, Esmaïl Baghaei, a déclaré dans un communiqué : « Ces agressions constituent une violation flagrante de la paix et de la sécurité internationales, ainsi qu’un crime incontestable contre le peuple yéménite courageux et noble, qui n’a épargné aucun effort pour soutenir le peuple palestinien opprimé face à l’occupation et au génocide. »

Le mouvement palestinien Hamas, engagé dans une guerre avec Israël à Gaza, a également condamné jeudi « l’agression terroriste brutale menée par l’ennemi sioniste contre le Yémen frère ».
Mercredi, les Houthis avaient annoncé le lancement d’un missile balistique et de deux drones contre Israël, après une attaque ayant frappé Tel-Aviv et blessé 16 personnes.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, avait menacé dimanche les Houthis d’agir « avec force et détermination », déclarant dans une vidéo diffusée par son bureau : « Tout comme nous avons agi avec force contre les branches armées de l’axe du mal iranien, nous agirons contre les Houthis… avec force, détermination et prudence. »

Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre de l’année dernière, les Houthis lancent régulièrement des missiles et des drones contre Israël, affirmant qu’il s’agit d’un soutien aux Palestiniens.
Les rebelles yéménites, qui font partie de « l’axe de résistance » iranien contre Israël et les États-Unis, mènent depuis des mois des attaques contre des navires transitant par la mer Rouge et le golfe d’Aden.

Des dizaines d’attaques par drones et missiles contre des navires de commerce ont entraîné des frappes de représailles de la part des forces américaines et britanniques.
Israël avait déjà frappé les Houthis au Yémen, notamment des ports et des installations énergétiques, en réponse à des attaques menées par les rebelles sur son territoire.

En juillet, un civil israélien avait été tué à Tel-Aviv lors d’une attaque par drone menée par les Houthis, entraînant des frappes de représailles sur Hodeïda. La semaine dernière, avant la dernière vague d’attaques, Netanyahou avait averti que les Houthis « paieront un prix extrêmement élevé » pour leurs attaques contre Israël.

Le Yémen est en proie à un conflit depuis 2014, lorsque les rebelles houthis soutenus par l’Iran ont pris le contrôle de vastes régions du nord du pays, dont la capitale Sanaa.
L’année suivante, l’Arabie saoudite est intervenue à la tête d’une coalition militaire en soutien au gouvernement yéménite, aggravant un conflit qui a fait des centaines de milliers de morts. Cette guerre a plongé le pays dans l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations Unies.

Les combats se sont en grande partie arrêtés depuis avril 2022, après un cessez-le-feu humanitaire négocié par l’ONU et prolongé à deux reprises. Bien que cet accord ait pris fin en octobre de la même année, la situation reste calme sur le terrain, même après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

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