Israël et l’Iran : tout ce qu’il faut savoir sur le Samedi de feu

Le ciel au-dessus de l’Iran et d’Israël n’est rempli que de missiles et de projectiles, dans ce qui s’apparente à l’une des confrontations les plus dangereuses entre les deux ennemis, faisant craindre de graves répercussions sur la stabilité du Moyen-Orient.
Ce samedi, un responsable militaire israélien a confirmé à l’agence Reuters que tous les avions israéliens et leurs équipages étaient revenus sains et saufs à leur base après avoir mené des frappes contre l’Iran. Plus tard, l’armée israélienne a annoncé qu’elle était « actuellement » en train de cibler plusieurs sites en territoire iranien.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a averti que « Téhéran brûlera », alors que Tel-Aviv visait les systèmes de défense aérienne et les rampes de lancement de missiles iraniens, dans une intensification visant à désintégrer les capacités militaires de son rival historique, après une série d’attaques mutuelles au cours de la nuit.
Vendredi à l’aube, Israël a lancé une attaque massive contre l’Iran, visant plus de 200 sites militaires et nucléaires, tuant plusieurs hauts gradés et scientifiques nucléaires. Israël affirme disposer de renseignements prouvant que le programme nucléaire iranien a atteint un « point de non-retour ».
En réponse, l’Iran, qui nie chercher à développer l’arme nucléaire, a tiré des dizaines de missiles sur Israël, affirmant avoir visé des installations militaires. L’armée israélienne dit en avoir intercepté la majorité, mais des dégâts importants ont été enregistrés dans la région de Tel-Aviv.
Les experts craignent qu’un tel embrasement militaire, malgré les 1500 km séparant les deux pays, n’entraîne un conflit prolongé dans la région.
Le président américain Donald Trump a exhorté l’Iran à conclure un accord sur son programme nucléaire, avertissant que les prochaines frappes seront « plus violentes », qualifiant les premières d’« excellentes ».
Samedi, l’Iran a lancé une nouvelle salve de missiles, faisant trois morts et des dizaines de blessés, selon les secours israéliens.
Les dernières frappes israéliennes ont également visé les systèmes de défense aérienne autour de Téhéran ainsi que des dizaines de rampes de lancement de missiles sol-sol, selon les autorités israéliennes.
Les agences iraniennes Fars et Mehr ont rapporté que les frappes de samedi ont ciblé la ville de Tabriz et plusieurs zones dans les provinces de Lorestan, Hamedan et Kermanshah, dans l’ouest et le nord-ouest de l’Iran.
Ces attaques, qui ont aussi touché des bâtiments résidentiels, ont fait 78 morts et plus de 320 blessés, dont une large majorité de civils, selon l’ambassadeur iranien à l’ONU, Amir Saeid Iravani.
Négociations incertaines dimanche
À Téhéran, un rassemblement de soutien au gouvernement a eu lieu vendredi soir. « Nous continuerons à riposter de manière écrasante », a déclaré la manifestante Khatereh Abolfazli.
À Tel-Aviv, des images de l’AFP ont montré des incendies et de la fumée s’échappant d’un bâtiment détruit durant la nuit.
Shin Gabizon, 29 ans, témoigne : « J’ai couru vers l’abri souterrain après avoir entendu les sirènes. Quelques minutes plus tard, une énorme explosion. Tout tremblait, il y avait de la poussière, de la fumée, c’était le chaos. »
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis a déclaré à CNN qu’il ne s’attend pas à ce que les tirs de missiles iraniens cessent, évoquant une arsenal iranien estimé à près de 2000 missiles.
Un responsable américain a confirmé que les États-Unis avaient aidé Israël à intercepter les missiles.
Une nouvelle session de négociations indirectes devait se tenir dimanche à Mascate (Oman) entre Téhéran et Washington, pour tenter de réduire le programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions. Toutefois, la participation de Téhéran reste incertaine, selon les médias officiels iraniens.
Israël : « Téhéran brûlera »
Malgré les appels internationaux à la désescalade, l’armée israélienne a affirmé samedi que ses chasseurs allaient reprendre leurs frappes sur Téhéran.
Le chef d’état-major et le commandant de l’armée de l’air ont indiqué que « la voie vers l’Iran est ouverte », après les frappes nocturnes sur les défenses aériennes de la capitale, ajoutant que les forces israéliennes agissent selon leurs plans opérationnels.
Le ministre de la Défense a menacé : « Téhéran brûlera » si l’Iran continue ses tirs.
Vendredi, Netanyahu avait promis que « le pire est à venir », tandis que le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi parlait d’un « acte de guerre ».
Dans une déclaration vidéo, Netanyahu a affirmé avoir « éliminé les principaux chefs militaires, les scientifiques nucléaires de premier plan, les installations stratégiques d’enrichissement et une partie majeure de l’arsenal balistique iranien ».
Selon l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, les dégâts à Ispahan et à Fordo ont été limités.
La télévision publique iranienne a indiqué que le centre d’enrichissement d’uranium de Natanz avait aussi été touché.
L’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) a rapporté que la partie hors sol de Natanz a été détruite, sans augmentation du niveau de radiation.
Israël a également affirmé avoir « détruit » la base militaire de Tabriz.
Des chefs militaires tués
Les frappes israéliennes de vendredi ont fait plusieurs victimes de haut rang dans l’armée iranienne, dont :
- Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées
- Hossein Salami, commandant des Gardiens de la révolution
- Amir Ali Hajizadeh, chef de la force aérospatiale
- Plusieurs scientifiques du programme nucléaire
Les médias iraniens ont aussi annoncé samedi la mort de deux autres généraux : Gholamreza Mehrabi et Mehdi Rabani.
La dernière attaque israélienne revendiquée contre l’Iran remontait à octobre 2024, en réponse à 200 missiles iraniens tirés vers Israël. Ces tirs faisaient suite à une frappe israélienne accusée d’avoir visé le consulat iranien à Damas.
Face à cette escalade, de nombreuses compagnies aériennes ont annulé ou détourné leurs vols, tandis que les prix du pétrole ont grimpé.
Des scientifiques nucléaires ciblés
L’armée israélienne a annoncé samedi que ses frappes de la veille avaient éliminé neuf scientifiques et experts nucléaires de haut niveau impliqués dans le développement du programme d’armement iranien.
Un communiqué officiel indique que ces frappes ont été ciblées grâce à des renseignements de haute précision.
Netanyahu a révélé : « J’ai donné l’ordre d’anéantir le programme nucléaire iranien il y a six mois. L’opération devait débuter fin avril 2025, mais a été repoussée pour diverses raisons. »