Moyen-Orient

Israël demande à la Cour internationale de justice de rejeter la cessation de sa campagne militaire à Gaza

Le conseiller juridique israélien considère la demande du procureur comme diffamatoire et portant atteinte au droit d'Israël à l'autodéfense, accusant le Hamas de chercher à anéantir le peuple juif


Israël devrait répondre vendredi aux accusations portées contre lui par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice des Nations unies, prétendant que son opération militaire à Gaza vise au génocide pour éliminer les résidents palestiniens.

L’équipe juridique israélienne rejettera vivement les accusations de l’Afrique du Sud lors de la présentation de son dossier devant la plus haute cour affiliée aux Nations unies à 10h00 GMT. L’Afrique du Sud, qui a déposé la plainte en décembre, a demandé des mesures urgentes à la cour pour ordonner à Israël d’arrêter immédiatement ses attaques.

Israël réfute les allégations de génocide, les qualifiant de sans fondement, et affirme que l’Afrique du Sud agit comme un bouclier pour le Hamas, qu’elle considère comme une organisation terroriste cherchant à éradiquer l’État juif. Israël déclare que la campagne en cours à Gaza vise à éliminer le Hamas, l’autorité gouvernante de la région, qui a lancé une attaque sur le sud d’Israël le 7 octobre, entraînant 1 200 morts et 240 otages.

Les observateurs notent que l’armée israélienne inflige délibérément des pertes civiles importantes, expliquant le nombre élevé de décès. Israël a accepté de comparaître devant la cour pour « réfuter » ce qu’il qualifie d’accusations « sans fondement et irréalistes ».

Ainsi, Tel-Aviv a accepté de porter le « costume blanc », comme le disent certains Palestiniens et activistes arabes, un costume généralement réservé dans certains pays comme l’Égypte aux accusés avant leur condamnation ou aux détenus en attente de procès.

Bien qu’Israël qualifie les accusations de dépourvues de toute base légale, l’autorité de diffusion israélienne officielle a déclaré vendredi dernier que Tel-Aviv craint que la Cour internationale de justice n’émette une décision pour mettre fin aux combats à Gaza.

D’autres médias israéliens confirment de sérieuses inquiétudes au sein des institutions de sécurité et du parquet israéliens concernant l’accusation de génocide par la Cour internationale à Tel-Aviv.

Dans The Guardian, le journaliste sud-africain Tony Caron écrit que le « spectre de l’isolement international que craignaient depuis longtemps les dirigeants israéliens » s’est finalement matérialisé à la Cour internationale de justice.

Caron note que la plupart des dirigeants israéliens ne s’attendaient pas à ce que ce spectre apparaisse à la suite d’une plainte déposée par l’Afrique du Sud accusant Israël de génocide. Il met en lumière les récents votes à l’Assemblée générale des Nations unies, exprimant le choc devant la brutalité d’Israël à Gaza, mais la communauté internationale reste incapable de prendre des mesures décisives.

Caron considère que l’initiative de l’Afrique du Sud est « exceptionnelle » car accuser Israël de génocide implique d’accuser son protecteur diplomatique, les États-Unis, de complicité dans le pire crime.

Le rédacteur déclare que « Israël peut compter sur le soutien américain illimité dans ce ‘crime systématique’. Il se sent soulagé de suivre les États-Unis dans son défi flagrant au droit international, comme cela s’est manifesté dans la ‘guerre contre le terrorisme’ et dans l’invasion de l’Irak. »

Caron conclut que la plainte pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice est un signal fort au reste du monde que la solidarité basée sur des valeurs est à nouveau une option viable, et qu’un système mondial différent est possible.

La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, établie à la suite de l’Holocauste nazi, définit le génocide comme des « actes commis avec l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Depuis le début de la campagne militaire d‘Israël, presque tous les habitants de la bande de Gaza, soit environ 2,3 millions de personnes, ont été contraints d’évacuer leur domicile au moins une fois, provoquant une catastrophe humanitaire.

L’Afrique du Sud soutient depuis longtemps la cause palestinienne après l’ère de l’apartheid, une relation formée lorsque l’Organisation de libération de la Palestine dirigée par Yasser Arafat a accueilli la lutte du Congrès national africain contre le règne de la minorité blanche.

La cour devrait rendre un jugement sur d’éventuelles mesures urgentes plus tard ce mois-ci, mais elle ne rendra pas de jugement à ce moment-là concernant les accusations de génocide, car cette question pourrait prendre des années. Les décisions de la Cour internationale de justice sont finales et ne peuvent pas faire l’objet d’un appel, mais la cour ne dispose pas de moyens pour faire respecter ses jugements.

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