Israël assiège les Palestiniens à Jérusalem sous prétexte de la guerre avec l’Iran

Les autorités israéliennes ont rapidement imposé une série de restrictions à Jérusalem-Est pendant la guerre, limitant l’accès à la vieille ville à ses seuls résidents.
Depuis le lancement de l’agression israélienne contre l’Iran le 13 juin, Tel-Aviv a intensifié ses violations et renforcé ses restrictions à l’encontre des Palestiniens dans la Jérusalem-Est occupée, aggravant leur souffrance et ravivant les craintes de projets d’expulsion.
Des Palestiniens de Jérusalem-Est, dont deux figures religieuse et juridique, affirment dans des déclarations à la presse qu’Israël a profité de sa guerre contre l’Iran pour imposer des mesures visant à les pousser à quitter la ville.
En seulement douze jours, alors que la situation régionale s’envenimait, les autorités israéliennes ont accéléré l’imposition de nouvelles restrictions, notamment en limitant l’accès à la vieille ville à ses résidents.
Israël a également fermé entièrement la mosquée Al-Aqsa aux fidèles, n’en autorisant l’entrée qu’aux gardiens et au personnel du Waqf islamique. Les mêmes restrictions strictes ont été appliquées à l’église du Saint-Sépulcre, fermée aux fidèles chrétiens depuis douze jours.
Israël justifie ces mesures par des « instructions du Commandement du front intérieur interdisant les rassemblements », mais les Palestiniens y voient une manœuvre politique.
Depuis le 13 juin, l’armée israélienne intensifie son offensive en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, fermant des routes principales et menant des opérations militaires dans les camps de Jénine, Tulkarem et Nour Shams depuis le 21 janvier. Ces actions ont entraîné le déplacement de plus de 40 000 Palestiniens, la destruction de centaines de maisons, d’infrastructures, et la mort ou les blessures de dizaines de personnes.
Le cheikh Ikrima Sabri, imam de la mosquée Al-Aqsa, a déclaré qu’Israël avait exploité « le climat de guerre – d’abord à Gaza, puis contre l’Iran – pour intensifier les restrictions sur Al-Aqsa, privant des centaines de milliers de fidèles d’y accéder et d’y prier. »
Il a dénoncé ces mesures « injustifiées », les qualifiant de tentative israélienne de s’accaparer la mosquée et de retirer au Waqf islamique – seul responsable légitime – sa compétence.
Il a ajouté que la situation vise clairement à « empêcher l’accès des fidèles à la mosquée », dans une politique « inquiétante et inacceptable ».
Parallèlement, la police israélienne a imposé des restrictions d’entrée à la vieille ville, autorisant uniquement ses résidents à y pénétrer via des points de contrôle.
Des correspondants sur place rapportent que les commerces y sont toujours fermés à cause de ces restrictions.
Ziad Hammouri, directeur du Centre de Jérusalem pour les droits sociaux et économiques, qualifie les mesures israéliennes à Jérusalem-Est, et surtout dans la vieille ville, d’ »inédites ».
« Nous avons vu des restrictions similaires durant la pandémie de COVID-19, mais celles-ci sont bien plus sévères depuis le début de la guerre contre l’Iran », a-t-il déclaré, soulignant que l’accès à la vieille ville est interdit à tous sauf ses résidents, tandis que la mosquée Al-Aqsa et l’église du Saint-Sépulcre restent fermées.
Selon lui, ces restrictions visent à « anéantir le secteur commercial », avec la fermeture des magasins depuis près de deux semaines.
Il estime qu’Israël cherche principalement à « expulser les quelque 35 000 Palestiniens vivant dans la vieille ville ».
Il a aussi indiqué que ces mesures s’accompagnent de « barrages en béton à l’entrée de certains quartiers comme Al-Tur, ainsi que de postes de police permanents à d’autres entrées. »
Il a poursuivi : « Des routes reliant Jérusalem à Ramallah ont été fermées, notamment le checkpoint de Jaba au nord de Jérusalem, aggravant la souffrance des habitants. »
De son côté, l’ONG israélienne de gauche Ir Amim affirme que Jérusalem-Est subit depuis le début de l’attaque israélienne contre l’Iran une « intensification brutale des restrictions et des fermetures forcées, perturbant la vie de dizaines de milliers de Palestiniens ».
Dans un rapport, l’association spécialisée dans les affaires de Jérusalem note que « plusieurs mesures agressives ont été documentées en quelques jours seulement. »
Parmi celles-ci : « des raids nocturnes à Jabal al-Mukaber, Issawiya, At-Tur, Wadi al-Joz, al-Walajeh et Kafr Aqab ; ainsi que l’usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes à l’intérieur de bâtiments résidentiels. »
« Comme après le 7 octobre 2023, plusieurs Palestiniens ont été arrêtés uniquement en raison de leurs publications sur les réseaux sociaux », ajoute le rapport.
« L’état d’urgence actuel illustre la discrimination systémique subie par Jérusalem-Est. »
Et bien que les frappes se poursuivent en réponse aux attaques iraniennes, le rapport souligne que moins de 10 % des quartiers de Jérusalem-Est disposent d’abris, bien que la population y dépasse les 400 000 habitants.
Elle a ajouté : « Tous les nouveaux abris ouverts par la municipalité durant l’escalade actuelle sont situés à Jérusalem-Ouest, alors que les 400 000 habitants de Jérusalem-Est restent largement sans protection. »
À cet égard, l’Association pour les droits civils en Israël a signalé que des dizaines de milliers de Palestiniens dans certains quartiers de Jérusalem sont dépourvus d’abris les protégeant contre les tirs de roquettes.
L’association a adressé une lettre urgente au ministère israélien de la Défense et à la municipalité de Jérusalem, réclamant l’installation d’abris renforcés dans les quartiers situés derrière le mur de séparation à Jérusalem-Est : le camp de Shuafat, Ras Khamis, Ras Shahada, Dahiyat al-Salam et Kafr Aqab.
Dans un communiqué, elle a indiqué que près de 50 000 personnes vivent dans ces quartiers, dont la majorité possède un statut de résident permanent en Israël, « mais n’ont pourtant accès à aucun moyen de protection ».
Elle a ajouté : « Il n’existe ni abris publics, ni privés, ni pièces protégées. Même les établissements scolaires, les centres de santé et les services publics fonctionnent dans des bâtiments loués ne répondant pas aux normes de sécurité exigées. »
Dans sa lettre, l’association souligne que le Commandement du front intérieur a commencé à installer des abris dans les villes juives du centre du pays, tout en ignorant les quartiers palestiniens de Jérusalem, ce qui constitue une « discrimination flagrante, illégale et un grave dysfonctionnement dans les critères de répartition des moyens de protection financés par l’État. »
Elle affirme également que les quartiers de Jérusalem souffrent depuis des années d’un abandon « systématique » de la part des autorités israéliennes, notamment de la municipalité, qui « n’a jamais initié de planification ni de budgets pour la construction d’abris adaptés, laissant les habitants sans lieu sûr à chaque épisode d’escalade. »
Les Palestiniens de Jérusalem-Est redoutent les projets de transfert adoptés par les autorités israéliennes, dans un contexte de renforcement des mesures de judaïsation de Jérusalem-Est, y compris sur le site d’Al-Aqsa, et d’effacement de son identité arabe et islamique.
Les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État, sur la base des résolutions du droit international, qui ne reconnaissent ni l’occupation israélienne de la ville en 1967 ni son annexion en 1981.