Hezbollah et le désarmement : un accueil prudent, une tactique pour gagner du temps ?

L’annonce de Hezbollah selon laquelle il considère le plan de l’armée libanaise visant à limiter les armes à l’État comme « une occasion de revenir à la sagesse et à la raison » a semblé, de prime abord, être un signe positif à l’égard d’une initiative gouvernementale.
Cependant, derrière ce langage mesuré se cache une tactique claire qui pourrait paralyser toute démarche concrète de désarmement, en liant son exécution à l’arrêt des raids israéliens et au retrait des forces de la frontière sud. Cette condition risque de suspendre la mise en œuvre du plan pour une durée indéterminée, offrant ainsi au mouvement un répit pour se réorganiser et ajuster ses positions.
Une condition difficile à appliquer
Mahmoud Qomati, responsable au sein du mouvement, a affirmé que la session du Conseil des ministres consacrée à la discussion du plan de l’armée représente « une opportunité de revenir à la sagesse et à la raison » afin d’éviter que le Liban ne bascule dans l’inconnu.
Il a précisé que la position du mouvement repose sur la déclaration du gouvernement stipulant que toute application de la feuille de route américaine dans ce dossier reste conditionnée à l’arrêt des frappes israéliennes et au retrait des troupes du sud du pays. Cela signifie que le plan est de facto « gelé jusqu’à nouvel ordre ».
Qomati a ajouté que Hezbollah rejette catégoriquement les décisions du Conseil des ministres concernant le plan de l’armée et la feuille de route américaine, insistant sur la nécessité pour le gouvernement d’élaborer à la place une « stratégie nationale de sécurité » globale.
Il a jugé qu’aborder la question du désarmement du mouvement alors que les opérations militaires israéliennes se poursuivent constitue une grave erreur, affirmant que la priorité actuelle doit être la confrontation du « danger israélien » et non l’affaiblissement des capacités défensives du Liban.
Conscient que l’arrêt des attaques israéliennes est peu probable à court terme, en raison de la poursuite des frappes sur ses infrastructures et sur le sud, le mouvement apparaît surtout décidé à utiliser cette condition comme un levier pour geler la mise en œuvre du plan.
Un gouvernement dans une position délicate
De son côté, le gouvernement libanais a adopté la feuille de route américaine pour le désarmement, mais sans calendrier défini, témoignant de sa crainte d’un affrontement direct avec le mouvement.
À l’issue de la réunion, le Premier ministre Najib Mikati a publié sur la plateforme X : « Nous avons accueilli favorablement au Conseil des ministres le plan de l’armée visant à concentrer les armes entre les mains de l’État sur l’ensemble du territoire libanais, et convenu de son exécution selon le cadre arrêté lors de la session du 5 août 2025. »
Il a ajouté : « Nous avons également décidé de demander à l’état-major de présenter un rapport mensuel au Conseil des ministres sur l’avancement de ce plan. »
Le gouvernement craint néanmoins que toute tentative d’imposer le plan par la force ne pousse le pays vers une confrontation civile, une crainte déjà exprimée par Naïm Qassem lorsqu’il avait averti que « la rue s’embraserait » si le mouvement était contraint de reculer.