Moyen-Orient

Hamas confirme la mort de Mohammed al-Sinwar, al-Haddad pressenti pour lui succéder 


Israël identifie les restes du second otage rapatrié de Gaza comme appartenant à l’étudiant Idan Shtivi

Le mouvement Hamas a confirmé samedi la mort de son commandant militaire dans la bande de Gaza, Mohammed al-Sinwar, quelques mois après qu’Israël avait annoncé son élimination lors d’une frappe aérienne en mai. La confirmation ouvre la voie à la succession de son proche lieutenant, Ezzeddine al-Haddad, actuellement en charge des opérations dans le nord de Gaza, et pressenti pour assumer le commandement de l’aile militaire du Hamas sur l’ensemble du territoire.

Hamas n’a fourni aucun détail sur les circonstances de la mort d’al-Sinwar, se contentant de publier son portrait aux côtés d’autres dirigeants du mouvement, décrits comme des « dirigeants martyrs purs ».

Mohammed al-Sinwar était le frère cadet de Yahya al-Sinwar, chef politique et militaire de Hamas, qui avait participé à la planification de l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël et qui fut tué un an plus tard dans les combats. Après la mort de son frère, Mohammed avait été promu aux plus hautes fonctions de l’organisation. Son successeur probable, Ezzeddine al-Haddad, supervise aujourd’hui les opérations militaires dans le nord de Gaza et devrait reprendre la direction de l’aile armée.

Al-Haddad, connu sous le nom de guerre « Abou Suhaib », est une figure de premier plan des Brigades Ezzeddine al-Qassam. Né au début des années 1970, il est qualifié en Israël de « fantôme d’al-Qassam », en raison de sa capacité à se dissimuler et à survivre à plusieurs tentatives d’assassinat. Son domicile a été bombardé à plusieurs reprises, la première fois en 2009 lors de la bataille d’al-Furqan dans le quartier de Chajaya, puis lors des guerres de 2012 et de 2021.

Engagé dans Hamas depuis sa fondation en 1987, il gravit progressivement les échelons : soldat d’infanterie dans la brigade de Gaza, puis chef de section, commandant de bataillon, avant de prendre la tête de la brigade elle-même. Il participa à la planification et à l’exécution de nombreuses opérations contre Israël et joua un rôle clé dans l’organisation de l’appareil dit « al-Majd », chargé de traquer et d’éliminer les informateurs soupçonnés de collaborer avec Israël.

En novembre 2023, Israël avait offert une récompense de 750 000 dollars pour toute information sur son identité et sa localisation.

L’annonce de la mort de Mohammed al-Sinwar coïncide avec un communiqué du bureau du Premier ministre israélien confirmant que les restes du second otage rapatrié de Gaza cette semaine ont été identifiés comme étant ceux d’Idan Shtivi, étudiant de 28 ans tué lors de l’attaque du festival de musique Nova, le 7 octobre 2023.
Selon le bureau de Benyamin Netanyahou, « une opération spéciale dans la bande de Gaza a permis la récupération du corps d’Idan Shtivi ». L’armée avait indiqué vendredi avoir retrouvé le corps d’Ilan Weiss ainsi que les restes d’un deuxième otage, dont l’identité n’était pas encore connue. Après identification médico-légale, son rapatriement a été officiellement confirmé.

Shtivi, qui travaillait comme photographe, avait tenté de fuir le festival en voiture avec deux amis, mais leur véhicule s’était écrasé contre un arbre et portait les traces de tirs. Pendant près d’un an, sa famille a espéré qu’il soit encore en vie avant que les autorités n’annoncent son décès.

Samedi, l’armée a précisé que les dépouilles de Shtivi et de Weiss avaient été retrouvées lors d’« une opération de sauvetage complexe ». Le Forum des familles d’otages et de disparus a déclaré que ce retour constituait « l’expression d’un engagement fondamental de l’État d’Israël envers ses citoyens ».

Malgré la pression internationale et nationale croissante, Benyamin Netanyahou insiste pour poursuivre l’offensive militaire. Il a ordonné à l’armée de préparer une opération de grande ampleur sur la ville de Gaza, déclarée vendredi « zone de combat dangereux ». Israël a affirmé que l’évacuation totale des habitants était « inévitable ».

La Croix-Rouge internationale a jugé samedi un tel déplacement « impossible » à organiser de manière sûre et digne. Sa présidente, Mirjana Spoljaric, a dénoncé un plan « non seulement irréalisable mais incompréhensible ». L’ONU estime à environ un million le nombre d’habitants de la ville de Gaza et de ses environs.

Sur le terrain, les frappes israéliennes se sont intensifiées dans les quartiers de Sabra et Zeitoun, ainsi qu’à Sheikh Radwan. Des habitants décrivent des bombardements ininterrompus, des incendies, des difficultés respiratoires liées aux fumées, et l’absence totale de lieux sûrs pour se réfugier.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par Hamas mais dont les chiffres sont jugés crédibles par l’ONU, les opérations israéliennes ont déjà causé plus de 63 025 morts depuis le début de la guerre, la majorité étant des civils.

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