Hamas commence à liquider les milices accusées de collaboration avec Israël

Le journaliste Salah al-Jaafrawi tué par des membres de milices opposées au mouvement Hamas
L’intensification des opérations sécuritaires dans la bande de Gaza au cours des dernières heures traduit la volonté du mouvement Hamas d’imposer son contrôle total sur le terrain et de mettre fin à la présence des groupes armés échappant à son autorité, dont certains sont accusés de collaboration avec Israël pendant la guerre. Ces mesures visent également à empêcher toute tentative d’utiliser ces groupes dans d’éventuels arrangements relatifs à l’avenir politique du territoire.
Ces opérations, qualifiées de « plus vastes depuis des années », ont été lancées après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, dans un contexte marqué par des signaux croissants de la part des puissances internationales – notamment les États-Unis et Israël – indiquant leur intention d’exclure Hamas de toute future administration de Gaza. Cette orientation s’est clairement reflétée dans les déclarations du président américain Donald Trump et du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui ont souligné que « Hamas ne ferait pas partie de l’équation post-guerre ».
Des sources palestiniennes bien informées ont confirmé que les services de sécurité affiliés à Hamas ont mené ces deux derniers jours une série d’opérations ciblées dans plusieurs zones de la bande de Gaza. Ces opérations visaient des groupes armés accusés d’avoir commis des violations pendant la guerre, notamment des exécutions sommaires de déplacés et une coordination avec l’armée israélienne sur le terrain.
Parmi les groupes visés figurent des factions actives à Gaza-ville et à Khan Younès, dont certaines sont loyales à Yasser Abu Shabab, et d’autres dirigées par un homme nommé Hossam al-Astal. Ces formations paramilitaires tiennent un discours hostile à Hamas.
Les forces de sécurité ont notamment mené une vaste opération dans le quartier d’Al-Sabra à Gaza, où l’un de ces groupes s’était retranché dans un périmètre résidentiel densément peuplé. Après de violents affrontements, les forces ont repris le contrôle de la zone, tuant plusieurs combattants et arrêtant au moins soixante personnes.
Lors de la couverture de ces affrontements, le journaliste palestinien Salah al-Jaafrawi a été tué par balles tirées depuis une source encore non identifiée. Sa mort a provoqué une vague d’indignation parmi les milieux journalistiques et des organisations de défense des droits humains, qui ont appelé à une enquête indépendante pour élucider les circonstances du drame et garantir la sécurité des professionnels des médias.
Dans un effort pour apaiser les tensions sociales, « l’Assemblée des familles de Gaza » a publié un communiqué soutenant les opérations sécuritaires en cours, considérant que « le rétablissement de l’ordre et l’imposition de la loi constituent une priorité nationale précédant tout arrangement politique futur ».
Le communiqué ajoute que « le contrôle des armes non réglementées et la prévention du chaos qui a accompagné la guerre sont une responsabilité collective et un devoir religieux et national pour protéger la vie et les biens des citoyens ».
L’Assemblée a également appelé les habitants du territoire à « coopérer pleinement avec les forces de sécurité et à rejeter toute tentative de déstabiliser l’ordre intérieur, surtout à ce moment critique précédant les discussions internationales sur l’avenir politique et administratif de Gaza ».
Des observateurs estiment que cette campagne sécuritaire s’inscrit dans la stratégie de Hamas visant à se présenter comme un acteur capable d’assurer la stabilité et la sécurité, au moment où la concurrence régionale s’intensifie pour déterminer qui prendra le contrôle de Gaza après la guerre.
Le président américain Donald Trump a déclaré que Hamas avait obtenu le feu vert pour mener ces opérations de sécurité intérieure dans la bande de Gaza, affirmant que le mouvement souhaitait « mettre fin aux troubles » et que « nous leur avons donné notre accord pour un certain temps ».
Selon les informations, Hamas – qui doit être désarmé et écarté du pouvoir de Gaza selon le plan proposé par Trump – a déployé ses forces de sécurité intérieure dans plusieurs zones du territoire depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi, afin de prévenir les pillages et le vide sécuritaire.
Interrogé à bord de l’avion présidentiel sur les rapports évoquant la création d’une police par Hamas et l’usage d’armes contre ses opposants, Trump a répondu : « Ils veulent vraiment arrêter les problèmes. Ils ont été transparents à ce sujet, et nous leur avons donné notre accord temporaire. »
Il a ajouté : « Près de deux millions de personnes retournent dans des bâtiments détruits, et de nombreuses choses mauvaises pourraient se produire. Nous voulons que tout soit sûr. Je pense que cela ira bien, mais nul ne peut en être certain. »
Un responsable de la sécurité a déclaré lundi que les forces de Hamas avaient tué 32 membres d’un “gang” dans la ville de Gaza, dans le cadre d’une opération entamée après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Il a ajouté que six agents de sécurité avaient également été tués lors des affrontements. L’opération visait « l’un des gangs criminels les plus dangereux appartenant à une famille de Gaza », et a abouti à « la mort de 32 criminels, la blessure de 30 autres et l’arrestation de 24, tandis que six agents de sécurité ont été tués et trois autres blessés. Toutes les armes et objets saisis ont été remis aux autorités compétentes ».
Bien que le responsable n’ait pas révélé l’identité du gang, plusieurs grandes familles de Gaza sont connues pour leurs rivalités avec Hamas, bien qu’elles aient rarement affiché publiquement leur opposition avant la guerre. Plusieurs affrontements ont eu lieu entre les deux camps.
Il a toutefois précisé que le gang n’appartenait pas au groupe dirigé par Yasser Abu Shabab, l’un des principaux opposants à Hamas basé à Rafah, dans le sud de Gaza, une zone actuellement contrôlée par Israël.
Face à des défis politiques sans précédent, Hamas cherche manifestement à régler rapidement la question sécuritaire interne afin d’empêcher l’inclusion de ces groupes dans d’éventuelles négociations de transition imposées de l’extérieur, ce qui pourrait menacer son influence vieille de plus de quinze ans sur le territoire.
Dans un contexte où Washington et Tel-Aviv insistent sur l’exclusion de Hamas du « lendemain de la guerre », le mouvement semble prêt à mobiliser tous ses leviers politiques et sécuritaires pour s’imposer comme un acteur incontournable, tant sur la scène palestinienne qu’au niveau international.