Haftar redéfinit les contours de la solution libyenne sur les bases de la souveraineté et du consensus national
Le maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef des forces armées libyennes, a affirmé que toute issue à la crise libyenne demeurerait vaine si elle ne découlait pas de la volonté populaire, insistant sur le rôle central des tribus comme pilier fondamental de toute réconciliation nationale véritable. Cette position s’inscrit dans un contexte marqué par les efforts continus des Nations unies pour unifier les institutions libyennes et ouvrir la voie à des élections nationales.
Lors d’une rencontre tenue à Benghazi avec un groupe de cheikhs et de notables des tribus de la région centrale, en présence du Premier ministre désigné par la Chambre des représentants, Ossama Hammad, et du chef d’état-major général, le général Khaled Haftar, le maréchal a déclaré que « les forces armées demeureront la soupape de sécurité de la Libye et garantiront tout accord capable de rassembler les Libyens sous une bannière nationale unifiée ». Il a réaffirmé son attachement à l’identité nationale et au rôle pivot des tribus dans la construction de l’avenir du pays.
Selon un communiqué du commandement général, Haftar a souligné qu’« aucune solution à la crise libyenne ne peut être viable si elle ne naît pas de la volonté du peuple et ne repose pas sur un consensus tribal », rejetant ainsi implicitement toute tutelle politique ou tentative de mise sous contrôle international du dossier libyen.
Au cours de cette rencontre, les chefs tribaux de la région centrale ont renouvelé leur soutien total au commandement général, réaffirmant leur engagement envers « l’unité du territoire libyen et la nécessité de rassembler la nation sous la protection des forces armées », qu’ils considèrent comme la seule garantie réelle de stabilité et de cohésion nationale.
Cette position intervient alors que la Mission d’appui des Nations unies en Libye s’apprête à annoncer les noms des participants au dialogue politique prévu dans les prochaines semaines, centré sur les questions de gouvernance, de sécurité, d’économie et de réconciliation nationale. Cependant, la persistance de Haftar à défendre une « solution nationale interne » traduit la conviction que la paix durable ne peut être que libyenne dans son essence.
Les observateurs estiment que ce discours vise à réaffirmer la place des tribus dans l’équation politique du pays, en tant que véritable représentation du tissu social, après des années de marginalisation au profit des élites politiques et des groupes armés. L’accent mis sur « la volonté populaire » illustre la volonté du maréchal de s’opposer à ce qu’il considère comme une ingérence excessive des puissances étrangères dans les affaires libyennes.
Ces déclarations prolongent la ligne de conduite qu’il a toujours défendue face aux initiatives politiques imposées de l’extérieur. Le 4 octobre dernier, lors d’une rencontre similaire avec des dignitaires de l’Est, du Centre et du Sud-Est du pays, il avait déjà déclaré que « les cartes tracées en dehors des frontières ne peuvent pas bâtir un État libre et souverain », appelant toutes les composantes libyennes à « assumer leurs responsabilités historiques afin d’élaborer une vision nationale mettant fin au vide politique ».
Parallèlement, les tensions s’intensifient entre le gouvernement mandaté par la Chambre des représentants et la mission onusienne, après que le Premier ministre Ossama Hammad a adressé une plainte officielle au secrétaire général des Nations unies, António Guterres. Il y accusait l’envoyée spéciale en Libye, Hanna Tetteh, de « graves inexactitudes » dans son dernier rapport au Conseil de sécurité et de « s’ingérer dans les affaires de la Haute Commission électorale en tentant d’imposer des mécanismes sans concertation avec le gouvernement ».
Selon plusieurs analystes, cette escalade politique et diplomatique traduit le rejet, par le camp de l’Est libyen, des mécanismes onusiens jugés « exclusifs » et déconnectés de la véritable représentativité sociale, notamment du rôle des tribus dans la préservation de la cohésion et de l’unité nationale.
Ces positions s’accompagnent d’une montée des tensions sécuritaires dans l’Ouest libyen, notamment à Tripoli, où le gouvernement d’union nationale dirigé par Abdelhamid Dbeibah, dont le mandat est expiré, fait face à de vives critiques en raison du poids croissant des milices armées et de l’absence d’une vision claire pour la période à venir.
Alors que l’ONU tente de relancer un accord politique global, le maréchal Haftar reste fidèle à une ligne fondée sur la « légitimité populaire » comme seule référence légitime pour tout processus politique. Il rappelle que le peuple libyen est le seul à détenir le droit de décider de son destin, loin de toute imposition étrangère.
Haftar a réitéré à plusieurs reprises que « les forces armées resteront le bouclier qui protège le pays contre la division et le chaos », appelant les Libyens à se rassembler autour d’un projet national fédérateur « fondé sur l’unité du territoire et de la décision politique », afin que la Libye demeure « maîtresse de son destin et de sa souveraineté ».










