Politique

Guerre en Ukraine en 2024 : entre espoirs et désillusions


Une année où l’Ukraine a testé toutes les « recettes » possibles pour progresser sur le terrain, mais où elle a échoué, se retrouvant coincée entre un pari audacieux infructueux et des fronts hésitants, trahis par l’équipement et l’hiver.

En 2024, Kyiv a tenté de renverser la situation sur le terrain et de freiner l’avancée russe par une attaque surprise dans la région frontalière de Koursk.

Cependant, il semble que même ce pari audacieux, qui visait à obliger Moscou à redéployer des unités de ses forces depuis l’est de l’Ukraine, ait échoué.

Le champ de bataille n’était pas le seul terrain sur lequel Kyiv a manœuvré avec force. Elle a également joué sur plusieurs fronts pour gagner de la sympathie et assurer la continuité des livraisons de soutien militaire de ses alliés.

Elle a demandé à plusieurs reprises son adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), même partiellement, en insistant sur le fait que cette étape représentait une garantie de sécurité pour elle-même, pour l’Europe et pour l’Occident en général.

Cette année également, l’Ukraine a obtenu l’une de ses demandes les plus urgentes : le feu vert des États-Unis pour frapper la Russie avec des armes américaines. Des rapports médiatiques ont révélé que le Royaume-Uni avait suivi cet exemple.

Cependant, Londres n’a confirmé aucune des informations circulant à ce sujet. De plus, cette autorisation n’a pas produit les résultats escomptés pour Kyiv. Au contraire, elle a provoqué une riposte russe sous forme d’un missile balistique intercontinental visant son territoire pour la première fois depuis le début de la guerre.

Ce n’était pas le dernier cauchemar pour Kyiv, car l’année s’est terminée par le retour fracassant de Donald Trump à la Maison Blanche, un événement marquant un tournant décisif dans le soutien américain à l’Ukraine.

Ainsi, l’Ukraine conclut 2024 avec un bilan confus, mêlant des étapes et des événements qui se sont retournés contre elle, consolidant l’avantage des Russes sur le terrain et la poussant à des « concessions » susceptibles de tracer la voie vers des négociations pour sauver ce qui reste des fronts.

Koursk : le tournant

En août dernier, les forces ukrainiennes ont lancé une attaque surprise sur Koursk, forçant des milliers de citoyens russes à fuir la région frontalière.

Cette offensive a marqué un tournant dans la guerre, car c’était la première fois depuis le début du conflit que les forces ukrainiennes pénétraient sur le territoire russe.

Au départ, cette incursion a donné l’impression que Kyiv pouvait inverser la situation sur le terrain. Mais malgré la prise de contrôle de quelques villages, l’attaque n’a ouvert aucune perspective d’avancée significative.

Plus tard, en novembre dernier, l’armée ukrainienne a déclaré qu’elle contrôlait 800 km² de la région.

Cependant, Moscou a récemment annoncé avoir repris le contrôle de deux villages dans la région de Koursk, au sud de la Russie. Le ministère de la Défense russe a indiqué que ses unités avaient « libéré les localités de Darino et Plioukhovo lors des opérations offensives ».

Un feu vert dans une « zone rouge »

Avant de quitter la Maison Blanche, Joe Biden a décidé de lever les restrictions qui empêchaient l’Ukraine d’utiliser les armes fournies par les États-Unis pour frapper en profondeur le territoire russe.

En effet, l’Ukraine a utilisé les missiles américains « ATACMS » pour frapper le territoire russe, profitant de l’autorisation accordée par Biden.

Cette décision a marqué un tournant majeur dans la politique américaine. Jusqu’à récemment, l’administration Biden avait résisté à l’idée de permettre à Kiev de lancer des missiles à longue portée sur le territoire russe, craignant qu’une telle initiative ne conduise à une confrontation directe avec Moscou.

Il semble que Biden, par cette décision, ait voulu offrir un dernier cadeau à Kiev avant de céder la présidence à Donald Trump, qui critique fortement l’aide américaine à l’Ukraine.

Certains responsables américains ont exprimé des doutes quant à l’impact de ces frappes à longue portée sur le cours de la guerre. Cependant, ils considèrent que cette décision pourrait aider l’Ukraine à un moment où les forces russes enregistrent des avancées et pourrait placer Kiev dans une meilleure position en cas de négociations pour un cessez-le-feu.

Quand le tsar s’est mis en colère

Le missile balistique intercontinental tiré par la Russie sur l’Ukraine n’était pas simplement une réponse destinée à Kiev, mais portait également des messages adressés aux alliés, notamment Washington.

Le missile a visé la ville de Dnipro tôt un matin à la fin du mois de novembre dernier, marquant une escalade après que Kiev a lancé des missiles américains à longue portée contre la Russie.

C’était la première fois que Moscou utilisait une telle arme depuis le début de l’opération militaire en 2022.

Jeudi, le Kremlin a refusé de commenter les accusations de Kiev selon lesquelles Moscou aurait tiré un missile intercontinental pour la première fois sur son territoire.

À ce moment-là, le président russe Vladimir Poutine a renouvelé ses avertissements aux pays occidentaux, considérant cette autorisation comme une « participation directe » de l’OTAN à la guerre en Ukraine.

L’Ukraine et l’OTAN : rêve et dilemme

Initialement, Kiev demandait une adhésion complète à l’OTAN. Mais, face à des revers sur le terrain, elle a dû ajuster sa demande en proposant une exception temporaire pour les zones sous contrôle russe.

Bien que cette option semble théoriquement possible, la réalité soulève une question fondamentale : existe-t-il une volonté politique parmi les partenaires de l’OTAN, en particulier le membre le plus influent, les États-Unis, pour accepter cette demande ?

Pour Kiev, la seule garantie de sécurité et de dissuasion face à la Russie reste une adhésion complète à l’OTAN, mais cela pourrait ne pas être la position des membres de l’alliance.

Un rapport du Wall Street Journal citait des sources proches de Donald Trump selon lesquelles celui-ci pourrait envisager de « retarder l’adhésion de l’Ukraine de 20 ans ».

Cependant, il reste incertain comment le président élu mettra en œuvre son annonce de « capacité » à mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

La paix comme ultime recours

Le 8 décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé vouloir une « paix durable » pour son pays, après une rencontre à Paris avec Emmanuel Macron et Donald Trump.

Bien qu’opposé à toute concession à Poutine, Zelensky a récemment modéré sa position face aux difficultés rencontrées par son armée et au déclin potentiel du soutien occidental.

Il a proposé de renoncer temporairement à récupérer les territoires contrôlés par la Russie, représentant environ 20 % du pays, en échange de garanties de sécurité de l’OTAN et de l’approvisionnement en armes occidentales.

Le Kremlin, de son côté, accuse Zelensky de refuser de négocier et insiste sur la reconnaissance des « réalités sur le terrain ».

 

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