Moyen-Orient

Gaza peut-elle surmonter l’héritage lourd du Hamas et le spectre d’une longue occupation ?


Les efforts diplomatiques pour instaurer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza assiégée sont au point mort, tandis que les opérations militaires israéliennes s’intensifient sur le terrain.

Ce contexte suggère des transformations dépassant la confrontation actuelle, visant à redessiner les cartes du contrôle et de l’influence.

C’est l’analyse d’Ahmed Fouad Al-Khatib, militant pacifiste américain d’origine palestinienne, qui dirige le projet “Realignment for Palestine” au sein de l’Atlantic Council. Dans une interview accordée à Foreign Policy, il aborde la situation humanitaire actuelle à Gaza, les récentes manifestations contre le Hamas et ses prévisions sur l’évolution du conflit.

Al-Khatib, ayant passé la majeure partie de son enfance à Gaza, a perdu 33 membres de sa famille lors des bombardements israéliens sur le territoire.

Près d’un mois après la fin de la première phase de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, sans avancée vers une seconde phase, Israël a repris ses attaques aériennes et terrestres sur Gaza, intensifiant le blocus et restreignant sévèrement l’entrée de l’aide humanitaire.

Dans ce contexte, Israël a récemment proposé un nouveau cessez-le-feu incluant le désarmement du Hamas. Le mouvement a rejeté cette proposition, déclarant par la suite sa disposition à libérer tous les otages en échange de la fin de la guerre et de la libération des prisonniers palestiniens.

Parallèlement, le ministre israélien de la Défense, Yisrael Katz, a annoncé que les forces israéliennes resteraient “indéfiniment” dans ce qu’Israël considère comme des “zones de sécurité” à l’intérieur de Gaza.

Vers une réoccupation de Gaza ?

Dans Foreign Policy, Ahmed Al-Khatib estime qu’Israël s’oriente vers une réoccupation de Gaza, sous prétexte de neutraliser la menace sécuritaire. Il craint que cela ne porte un coup fatal à tout espoir de relance du projet national palestinien.

Il déclare : “J’ai rencontré certains membres du parti de Bezalel Smotrich (ministre israélien des Finances d’extrême droite) et partagé mes idées sur la stabilisation de Gaza. Ils insistaient sur la nécessité d’une réoccupation.”

Il ajoute : “Au début de la discussion, ils parlaient de faire perdre à Gaza la moitié de son territoire et de l’annexer à Israël pour montrer aux Palestiniens les conséquences. Ensuite, ils ont évoqué la possibilité d’établir des colonies dans le nord de Gaza.”

Selon eux, le nord de Gaza est le principal bastion du Hamas, justifiant ainsi l’installation de colonies dans cette région.

Al-Khatib aspire non seulement à la reconstruction de Gaza, mais aussi à sa “renaissance” en tant qu’entité indépendante et prospère. Il craint toutefois que “l’occupation israélienne ne compromette ce rêve et ne prolonge la présence du Hamas, qui pourrait utiliser cette nouvelle réalité comme prétexte pour justifier son maintien.”

Une révolte contre le Hamas

Al-Khatib souligne également les récentes manifestations contre le Hamas à Gaza, qu’il décrit comme “une lueur d’espoir rare”, mais qui ont été largement ignorées par certaines factions occidentales pro-palestiniennes, arguant que leur timing ne s’accorde pas avec le récit dominant.

Il affirme : “Le peuple de Gaza est totalement opposé au Hamas, à son terrorisme et au gaspillage de leurs vies et ressources. Ils rejettent le nihilisme suicidaire, le culte de la mort et le fascisme nazi que le Hamas incarne, et qui ont détruit le projet national palestinien.”

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