Gaza brûle et New York discute : la diplomatie peut-elle éteindre l’incendie ?

Alors que les bombardements se poursuivent sur Gaza, la question palestinienne s’impose comme un sujet central à l’ONU la semaine prochaine, dans un contexte de débats internationaux de plus en plus intenses autour de la solution à deux États.
En effet, la Palestine occupera une place prioritaire à l’ordre du jour de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies.
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Lundi, à la veille du discours du président américain Donald Trump devant l’Assemblée générale, une réunion spéciale sur la solution à deux États doit reprendre. Cette initiative diplomatique conjointe, portée par la France et l’Arabie saoudite, intervient alors que la guerre menée par Israël contre Gaza dure depuis près de deux ans.
Le conflit, déclenché à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, a coûté la vie à des dizaines de milliers de Palestiniens et ravagé une grande partie du territoire densément peuplé. Cette guerre a également alimenté la colère de l’opinion publique à travers le monde, y compris dans les pays occidentaux alliés d’Israël.
Au grand mécontentement de Tel-Aviv, une commission indépendante de l’ONU a conclu cette semaine à l’existence de preuves claires de génocide à Gaza.
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Une Israël isolée
Selon Yousef Munayyer, chercheur au Arab Center de Washington, « pour ceux qui reconnaissent la Palestine, il s’agit d’une tentative de répondre aux demandes intérieures face au génocide de Gaza, en recourant à des outils politiques dépassés ».
Il ajoute dans le Washington Post : « En même temps, cette décision souligne pour Benyamin Netanyahou l’ampleur de l’isolement diplomatique dans lequel se trouve Israël. »
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En pratique, aucune perspective immédiate de création d’un État palestinien viable ne se dessine : les colonies continuent de s’étendre en Cisjordanie, tandis que les forces israéliennes mènent une offensive punitive sur Gaza, poussant des centaines de milliers de personnes à fuir vers une enclave où il n’existe aucun refuge sûr.
Pourtant, certains diplomates considèrent que la reconnaissance de la Palestine est « la meilleure option actuelle pour préserver la solution à deux États », selon le Washington Post.
Vendredi dernier, une large majorité des 193 membres de l’Assemblée générale ont voté une résolution non contraignante en faveur de la solution à deux États. Dix autres pays, dont la France et le Royaume-Uni, s’apprêtent à reconnaître officiellement la Palestine la semaine prochaine, rejoignant ainsi plus de 145 nations qui l’ont déjà fait.
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Emmanuel Macron a écrit sur les réseaux sociaux : « La communauté internationale trace une voie irréversible vers la paix au Moyen-Orient. Deux peuples, deux États : Israël et Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. »
Une vision que ne partage ni Netanyahou ni aucun membre de son gouvernement. Le même jour que le vote de l’Assemblée générale, le Premier ministre israélien a affirmé avec défi : « Il n’y aura jamais d’État palestinien. »
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L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a qualifié la résolution de « mise en scène », accusant toute discussion sur la souveraineté palestinienne d’être un cadeau au Hamas. L’administration Trump a relayé cette position, protégeant Israël des critiques à l’ONU et dénonçant le vote comme une « manœuvre de propagande trompeuse ».
Le Washington Post souligne que Washington a exercé son influence pour bloquer les tentatives de cesser-le-feu ou d’imposer une responsabilité juridique à Israël. Les États-Unis ont rejeté la procédure de génocide en cours devant la Cour internationale de justice, sanctionné des responsables de la CPI ayant émis des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens et du Hamas, et suspendu leur financement aux principales agences onusiennes fournissant une aide humanitaire à Gaza, où la famine menace une partie de la population.
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Gaza dans l’enfer
Sur le terrain, l’offensive israélienne se poursuit à Gaza. En désaccord avec son chef d’état-major, qui prône une négociation pour libérer les otages restants, Netanyahou et son gouvernement de droite radicale maintiennent leur volonté de victoire militaire totale.
Selon des fuites rapportées par le Washington Post, Donald Trump se dit irrité en privé par la réticence de Netanyahou à réduire l’intensité des attaques, notamment après la frappe israélienne contre la direction politique du Hamas en plein cycle de négociations à Doha. Mais publiquement, la Maison-Blanche ne laisse paraître « aucun signe de désaccord » avec le gouvernement israélien.
Reste une question ouverte : que signifieront ces jeux diplomatiques à New York pour la réalité tragique qui se vit à Gaza ?