Gaza après la trêve : destruction totale et retour au milieu des ruines
Ils se sont habitués à ce va-et-vient entre l’exil et le retour, mais cette fois, leur retour s’est fait sur un champ de dévastation, ôtant à leur joie une part de lumière, ternie par la perte de leurs maisons et de leurs proches.
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Les habitants déplacés de Gaza ont vite compris, sur le chemin du retour, que les routes qu’ils empruntaient les ramenaient vers les décombres de leur vie passée, vers un décor de souvenirs brisés. Pourtant, malgré la douleur, la joie de revenir l’a emporté : leurs yeux brillaient d’un espoir fragile, leurs lèvres esquissaient un sourire silencieux, comme pour dire : « Nous sommes heureux, nous rentrons malgré la destruction. »
Des milliers de déplacés ont regagné le nord depuis le sud, à pied, notamment par la route côtière d’Al-Rachid, pour revoir ce qu’il restait de leurs maisons réduites en ruines. D’autres sont retournés à Khan Younès, dans le sud, selon l’Agence France-Presse.
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L’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est entré en vigueur vendredi à midi, mettant fin à une guerre de deux ans qui a ravagé la bande de Gaza. À cette annonce, des foules entières ont entrepris le chemin du retour, espérant retrouver un semblant de vie au milieu du désastre.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré espérer célébrer un « jour de joie nationale » dès lundi soir, avec le retour de « tous les otages » détenus à Gaza.
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De son côté, le président américain Donald Trump a exprimé sa confiance dans la solidité du cessez-le-feu, affirmant à la Maison-Blanche que « tout le monde en a assez de la guerre ». Il doit se rendre au Moyen-Orient ce week-end, avec une première étape en Israël pour s’adresser au Parlement avant de rejoindre l’Égypte et rencontrer plusieurs dirigeants afin de discuter de l’avenir de Gaza.
Des images aériennes diffusées par l’AFP ont révélé l’ampleur des destructions à Khan Younès et dans d’autres zones du nord. Les vidéos montraient des milliers de Palestiniens marchant vers le nord, portant quelques effets personnels, traversant des quartiers méconnaissables.
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Gaza sous le feu de l’attente… Un croissant de trêve à l’horizon ?
Areej Abou Saadiya, 53 ans, confie : « Par Dieu, je suis heureuse pour la trêve et la paix, même si j’ai perdu un fils et une fille. Je suis triste, mais le retour à la maison nous redonne un peu de bonheur. »
Amir Abou Ayada, 32 ans, explique : « Nous rentrons pour nettoyer nos maisons. Malgré la destruction, le blocus et la douleur, nous rentrons. Nous sommes blessés, mais reconnaissants à Dieu. Nous sommes heureux malgré tout, et nous espérons que la paix durera. »
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Gaza : Israël ferme le dernier passage du sud vers le nord
Le porte-parole de la défense civile à Gaza, Mahmoud Basal, a estimé à près de 200 000 le nombre de personnes revenues dans le nord vendredi. L’armée israélienne a confirmé un redéploiement partiel de ses troupes, tout en avertissant que plusieurs zones restaient « extrêmement dangereuses » pour les civils.
Les secouristes ont profité du cessez-le-feu pour fouiller les ruines. Selon le porte-parole de la défense civile, 63 corps ont été retrouvés dans la seule ville de Gaza.
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Des déplacés dans un cimetière : les vivants de Gaza implorent la compagnie des morts
L’Association de la presse étrangère à Jérusalem a exhorté les autorités israéliennes à autoriser un accès indépendant à Gaza, estimant qu’il n’existe « plus aucun motif valable » pour en interdire l’entrée. Israël restreint l’accès des journalistes étrangers au territoire depuis deux ans.
Le cessez-le-feu est intervenu après que les deux parties, Israël et le Hamas, ont accepté la première phase du plan de paix américain pour Gaza, élaboré lors de négociations indirectes à Charm el-Cheikh sous médiation américaine, égyptienne et qatarie, avec la participation de la Turquie.
Cette première phase prévoit la cessation des hostilités, l’échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens, ainsi que des retraits militaires israéliens partiels.
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L’envoyé spécial américain Steve Witkoff a confirmé que « la période de 72 heures pour la libération des otages » avait commencé, après le retrait israélien conforme à l’accord.
La porte-parole du gouvernement israélien, Shosh Bedrosian, a indiqué que l’armée conserverait le contrôle de 53 % du territoire de Gaza.
Netanyahou a précisé que sur 48 otages, 20 étaient encore en vie et 28 avaient été tués, confirmant pour la première fois la mort de deux d’entre eux dont les décès n’avaient pas été annoncés auparavant.
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Le ministère israélien de la Justice a publié la liste de 250 prisonniers palestiniens susceptibles d’être libérés, sans y inclure de figures politiques majeures telles que Marwan Barghouti ou Ahmad Saadat.
La deuxième phase du plan américain, point de discorde entre Israël et le Hamas, prévoit le désarmement du mouvement, l’exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien progressif. Le Hamas rejette le désarmement et exige un retrait total des troupes israéliennes, tandis qu’Israël insiste sur son maintien dans la majorité du territoire.
