Gaza après la guerre : Plans divergents et scénarios périlleux

Depuis que l’ancien président américain Donald Trump a proposé l’expulsion des habitants de la bande de Gaza, les efforts se sont intensifiés au Moyen-Orient pour trouver une alternative quant à l’avenir de ce territoire meurtri.
Cependant, chaque proposition semble convenir à une partie de la population tout en étant rejetée par d’autres, ce qui complexifie davantage le paysage politique et rend une solution durable difficile à atteindre, selon une analyse du New York Times.
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Le plan Trump
Selon le plan de l’ancien président Donald Trump, largement rejeté à l’échelle arabe et internationale, les États-Unis prendraient en charge la gestion de Gaza et procéderaient à l’expulsion de ses habitants.
Le plan arabe
De leur côté, les pays arabes ont élaboré un plan visant à reconstruire Gaza sans déplacer la population palestinienne, en réponse à la proposition de Trump.
Ce plan préconise également l’unification des factions palestiniennes sous l’égide de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ce qui aurait pour effet de marginaliser le mouvement Hamas, qui n’en fait pas partie.
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Selon cette initiative, une commission indépendante composée de technocrates non affiliés à des factions politiques serait chargée de la gestion de Gaza, avant que l’Autorité palestinienne ne reprenne le contrôle du territoire.
Lors du sommet, l’Égypte a présenté un plan de reconstruction d’un montant de 53 milliards de dollars sur cinq ans, une somme correspondant aux estimations des Nations Unies pour la reconstruction de la bande de Gaza.
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Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré que ce plan garantirait le maintien des 2,3 millions d’habitants de Gaza sur leur territoire, en réponse à la proposition de Trump visant à les déplacer en Égypte et en Jordanie pour reconstruire la région et en faire la « Riviera du Moyen-Orient ».
Le plan arabe, rejeté par Israël et les États-Unis, a cependant reçu un soutien européen. L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, l’a également salué.
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Les propositions israéliennes
De son côté, Israël propose deux options :
- Une concession partielle de contrôle aux Palestiniens, tout en empêchant la création d’un État palestinien.
- Une occupation totale de Gaza.
La nécessité d’établir un plan clair s’est accrue après l’annonce du cessez-le-feu en janvier dernier. Les déclarations de Trump sur le transfert forcé des habitants de Gaza ont accéléré les efforts régionaux pour trouver une alternative.
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Cependant, selon le New York Times, chaque plan présente un élément inacceptable pour au moins une partie concernée : Israël, le Hamas ou les États arabes, que certains espèrent voir financer et superviser partiellement l’avenir de Gaza.
Israël souhaite une Gaza débarrassée du Hamas, ce que refuse le mouvement et sa branche militaire, responsable de l’attaque d’octobre 2023 ayant conduit au déclenchement du conflit.
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« Le diable est dans les détails »
L’ancien ambassadeur américain en Israël, Thomas R. Nides, a déclaré : « Le diable est dans les détails, et aucun des plans n’a réellement de sens. »
Il a ajouté : « Israël et le Hamas ont des positions fondamentalement opposées, tandis que certaines parties du plan arabe sont inacceptables pour Israël, et vice versa. J’encourage les gens à proposer de nouvelles idées, mais il est extrêmement difficile de trouver un terrain d’entente sans un changement radical de dynamique. »
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Le journal souligne que le plan Trump pourrait satisfaire de nombreux Israéliens, mais qu’il est inacceptable tant pour le Hamas que pour les partenaires arabes des États-Unis.
Ainsi, malgré la vague de propositions depuis janvier, Israéliens et Palestiniens ne sont pas plus proches d’un accord sur l’avenir de Gaza qu’au début de l’année. Une situation qui, selon le New York Times, augmente le risque d’une reprise des hostilités.
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Des obstacles à la résolution du conflit
Le cessez-le-feu conclu en janvier devait initialement durer six semaines, une période qui a pris fin début mars.
Pour l’instant, les deux parties maintiennent une trêve informelle tout en poursuivant des négociations – sous la médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis – en vue d’un prolongement officiel.
Cependant, cet objectif semble lointain :
- Le Hamas exige qu’Israël accepte un plan post-conflit avant de libérer davantage d’otages.
- Israël, en revanche, souhaite obtenir la libération des otages sans s’engager sur l’avenir de Gaza.
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Certains Israéliens pourraient être enclins à accepter tout accord garantissant le retour des 59 otages encore détenus, dont 24 seraient en vie. Mais des membres influents du gouvernement de Benjamin Netanyahou s’y opposent.
Les tensions restent vives :
- Israël a coupé l’électricité de la station de dessalement d’eau de Gaza dimanche dernier, dernier site encore alimenté par l’électricité israélienne.
- Cette décision fait suite à la suspension des livraisons d’aide humanitaire annoncée par Israël la semaine précédente.
- Israël a également refusé de se retirer de la frontière entre Gaza et l’Égypte, en violation des termes de la trêve initiale.
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Évolutions récentes et perspectives
Malgré ces tensions, un certain dynamisme diplomatique a été observé ces derniers jours :
- Une délégation du Hamas s’est rendue en Égypte pour discuter de l’avenir de Gaza.
- Un délégation israélienne devait se rendre au Qatar lundi pour de nouvelles négociations.
- Dimanche soir, l’émissaire américain pour les otages, Adam Boehler, a évoqué des « avancées modestes ».
Moussa Abou Marzouk, haut responsable du Hamas, a récemment déclaré au New York Times qu’il était « personnellement ouvert » à des négociations sur le désarmement du mouvement, jugeant que cela pourrait faciliter un règlement du conflit.
Cependant, le Hamas s’est distancé de ses propos, affirmant qu’ils avaient été « sortis de leur contexte ».
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Des scénarios sombres
Selon des analystes israéliens, plus l’impasse se prolonge sans libération d’otages, plus la probabilité d’une reprise du conflit augmente.
En l’absence d’une percée diplomatique, Israël pourrait être contraint soit de :
- Tolérer durablement la présence du Hamas, une option rejetée par plusieurs ministres du gouvernement.
- Relancer les hostilités pour forcer le Hamas à céder.
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Ofer Shelah, ancien député israélien et chercheur à l’Institut des études de sécurité nationale de Tel-Aviv, avertit :
« Dans l’état actuel des choses, nous nous dirigeons vers une occupation israélienne de Gaza, ce qui rendrait Israël responsable du sort de deux millions de Palestiniens. »
Il ajoute : « Cela aurait des conséquences durables, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour Israël, qui risquerait de s’embourber dans une guerre d’usure coûteuse pour maintenir son contrôle sur la région. »