Ford en Amérique latine : une nouvelle escalade de Washington contre le Venezuela
L’arrivée du porte-avions « Gerald R. Ford » marque la plus importante présence militaire américaine en Amérique latine depuis l’invasion du Panama en 1989.
La marine américaine a annoncé que le porte-avions « Gerald R. Ford », considéré comme le plus grand et le plus moderne au monde, est entré dans la zone de responsabilité du Commandement Sud des États-Unis, qui couvre l’Amérique latine et la région des Caraïbes.
Cette arrivée intervient trois semaines après l’annonce du déploiement du navire et de son groupe d’attaque, composé de dizaines d’avions et de destroyers. Cependant, son entrée effective dans la région représente une escalade significative dans la montée des tensions militaires entre les États-Unis et le Venezuela, selon le journal britannique The Guardian.
Le quotidien a également rapporté les déclarations du président vénézuélien Nicolás Maduro, évoquant un « déploiement intensif » de forces terrestres, navales, aériennes, fluviales et de missiles, ainsi que de milices civiles, afin de contrer la présence navale américaine au large des côtes du pays.
L’ancien président américain Donald Trump avait cherché à justifier ce vaste déploiement militaire comme partie de sa « guerre contre la drogue », ciblant les trafiquants opérant dans les eaux des Caraïbes et du Pacifique, une campagne ayant déjà entraîné la mort d’au moins 76 personnes depuis septembre dernier.
Dans un communiqué de la marine américaine, Sean Parnell, porte-parole du Pentagone, a déclaré que « l’arrivée du porte-avions USS Gerald R. Ford, avec plus de 4 000 marins et des dizaines d’avions tactiques à bord, renforcera la capacité des États-Unis à détecter, surveiller et perturber les acteurs et activités illicites dans la région ».
Il a ajouté : « Ces forces renforceront les moyens existants pour contrer le trafic de stupéfiants et affaiblir, voire démanteler, les organisations criminelles transnationales. »
De nombreux analystes estiment que les attaques contre les embarcations et le renforcement militaire visent à accentuer la pression sur Maduro afin de le pousser à quitter le pouvoir, à la suite d’accusations de fraude électorale lors du scrutin de l’année précédente.
Maduro, de son côté, a accusé les États-Unis de « provoquer une nouvelle guerre », qualifiant ce déploiement naval de « plus grande menace à laquelle notre continent ait été confronté depuis cent ans ».
Peu avant la confirmation de l’arrivée du porte-avions par la marine américaine, Caracas avait annoncé une nouvelle phase de déploiement militaire face à ce qu’elle décrit comme des « menaces impérialistes » américaines. La télévision d’État a diffusé des images de chefs militaires prononçant des discours dans plusieurs États du pays.
À la clôture du sommet de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC) en Colombie dimanche dernier, 58 des 60 pays membres ont signé une déclaration commune rejetant « l’usage ou la menace de la force, ainsi que toute action contraire au droit international et à la Charte des Nations unies », sans toutefois mentionner directement les États-Unis.
Le Venezuela et le Nicaragua ont été les deux seuls pays à ne pas signer la déclaration, bien que, selon plusieurs rapports, le régime de Maduro espérait une condamnation plus ferme de Washington.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, engagé dans des négociations avec Trump pour réduire de plus de 50 % les droits de douane sur les importations brésiliennes, a également évité toute référence directe aux États-Unis.
