Grand Maghreb

Expert libyen : l’initiative de Dbeibah est tardive… les milices sont devenues parties prenantes du pouvoir


Un développement politique et sécuritaire majeur sur fond d’affrontements armés à Tripoli

Dans un tournant politique et sécuritaire marquant, de violents affrontements armés ont secoué la capitale libyenne Tripoli, relançant le débat sur l’influence croissante des milices dans les rouages de l’État. Ces heurts ont causé la mort d’au moins six personnes et fait plus de 70 blessés.

Création d’un comité de trêve pour préserver le cessez-le-feu

Face à l’escalade des tensions sécuritaires à Tripoli, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) et le Conseil présidentiel, en tant que commandement suprême des forces armées dans l’ouest du pays, ont annoncé la création d’un comité de trêve chargé de préserver le cessez-le-feu.

Ce comité, dirigé par le chef d’état-major général, le général de corps d’armée Mohamed Al-Haddad, vise à réduire l’escalade et à garantir l’engagement de toutes les parties au respect du droit international humanitaire et des droits humains, selon ce qu’a rapporté l’agence de presse russe TASS.

Des efforts intensifs pour rétablir le calme

Le ministère de la Défense du Gouvernement d’unité nationale a, de son côté, affirmé poursuivre ses efforts intensifs pour stabiliser le cessez-le-feu et restaurer le calme dans la capitale, assurant une supervision directe de la coordination entre les forces militaires régulières afin de garantir la sécurité de Tripoli, des civils et des infrastructures vitales.

Le ministère a également appelé les médias à faire preuve de professionnalisme et à éviter la diffusion d’informations non vérifiées susceptibles de semer la panique, insistant sur le fait que les informations fiables seront communiquées uniquement par les canaux officiels.

Des milices au-dessus de l’État

De son côté, le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a révélé les détails d’une opération militaire « réussie » dans le quartier d’Abou Salim, ciblant l’Appareil de soutien à la stabilité, dirigé par Abdelghani Al-Kikli, surnommé « Ghnewa ».

Il a affirmé que cette structure constitue aujourd’hui une menace plus grande pour l’État libyen que jamais, soulignant qu’elle « contrôle six banques, fait chanter des ministres et arrête toute personne qui exprime un avis contraire ».

Concernant les affrontements récents entre les forces de la 444e brigade de combat, affiliée à son gouvernement, et l’Appareil de dissuasion et de lutte contre le terrorisme, Dbeibah a qualifié ces incidents de « faute partagée et de précipitation dans l’application des décisions de restauration de l’autorité de l’État », affirmant que son gouvernement n’avait pas l’intention de sombrer dans la confrontation, mais cherchait plutôt à imposer la discipline et à rétablir la souveraineté.

Les milices, un acteur à part entière

Selon le politologue Adham Al-Farjani, les propos de Dbeibah sur l’élimination des milices sont courageux mais arrivent trop tard. Il explique que les milices ne se sont pas seulement infiltrées dans les institutions, mais sont désormais devenues des partenaires à part entière dans le processus de décision. Sans un accord politique global et un consensus régional pour soutenir le projet d’un État, « ces promesses resteront lettre morte », a-t-il averti.

Al-Farjani ajoute que le discours de Dbeibah avait une dimension populiste destinée à regagner la confiance du public, mais qu’il manquait de clarté sur les mécanismes à adopter pour affronter des groupes armés qui dominent la rue et détiennent un pouvoir économique et sécuritaire. Sans un plan de désarmement clair et un calendrier strict, la bataille entre l’État et les milices restera ouverte.

La situation s’est aggravée avec la tenue de manifestations massives le 14 mai, au cours desquelles les protestataires ont exigé le départ du gouvernement de Dbeibah, qu’ils tiennent pour responsable du chaos et de l’effusion de sang.

Un membre des forces de sécurité a été tué alors qu’il tentait de sécuriser le siège du gouvernement, un incident qui n’a fait qu’approfondir la crise sécuritaire dans le pays.

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