Exécutions du Hamas à Gaza : consolidation du pouvoir ou élimination des rivaux ?

La bande de Gaza traverse un nouvel épisode de violence interne, alors que le mouvement Hamas procède à des exécutions sommaires dans le but d’affermir son contrôle face à la montée des défis sécuritaires.
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Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi dernier, le Hamas, considérablement affaibli par la guerre et durement frappé par Israël après les attaques du 7 octobre 2023, cherche à rétablir son autorité sur Gaza.
Peu à peu, le mouvement a commencé à redéployer ses hommes dans les rues de Gaza, mais avec prudence, redoutant un effondrement soudain de la trêve.
Hier encore, le Hamas a déployé des membres de sa branche armée, les Brigades al-Qassam, lors de la libération des derniers otages israéliens encore en vie, capturés il y a deux ans.
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Exécutions
Parallèlement, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a montré des hommes masqués, certains portant des bandeaux verts similaires à ceux du Hamas, abattant à l’arme automatique au moins sept personnes contraintes de s’agenouiller dans la rue.
Selon l’agence Reuters, les hommes armés du Hamas auraient tué 33 personnes dans le cadre d’une campagne visant des groupes perçus comme une menace pour sa domination sur la bande de Gaza, conquise par la force en 2007.
Le mouvement justifie ces opérations comme visant ce qu’il appelle des « collaborateurs et traîtres » avec Israël.
Le mois dernier, les autorités du Hamas ont annoncé l’exécution de trois hommes accusés de collaboration avec Israël, diffusant la vidéo de leur mise à mort publique sur les réseaux sociaux.
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Inquiétudes
Ces scènes, selon des analystes, rappellent l’un des principaux obstacles auxquels se heurte le président américain Donald Trump dans ses efforts pour parvenir à un accord durable sur Gaza, alors que les États-Unis, Israël et plusieurs autres pays réclament le désarmement du Hamas.
Interrogé par un journaliste à bord d’Air Force One sur les informations selon lesquelles le Hamas s’en prendrait à ses rivaux pour rétablir son autorité sur certaines zones de Gaza, Donald Trump a déclaré : « Ils veulent effectivement mettre fin aux problèmes, ils l’ont dit ouvertement, et nous leur avons donné notre accord pour un certain temps. »
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Lundi, la première phase du nouvel accord a été complétée : le Hamas a libéré vingt otages en vie et remis les dépouilles des morts, tandis qu’Israël a relâché environ deux mille prisonniers palestiniens, dont deux cent cinquante purgeaient de lourdes peines.
Conformément aux termes de cette première étape du cessez-le-feu, l’armée israélienne s’est repositionnée dans le secteur, contrôlant désormais un peu plus de la moitié de Gaza.
Une large partie du territoire est en ruines, les habitants étant concentrés dans la zone côtière d’al-Mawasi au sud, dans les localités fortement endommagées du centre, ainsi que dans la ville de Gaza.
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Le plan de Trump prévoit une bande de Gaza démilitarisée, administrée par un comité palestinien sous supervision internationale, avec le déploiement d’une mission internationale chargée de former et de soutenir une force de police palestinienne.
Après l’entrée en vigueur de la trêve, Ismaïl al-Thawabta, directeur du bureau d’information gouvernemental du Hamas à Gaza, a déclaré à Reuters que le mouvement ne permettrait pas de vide sécuritaire et qu’il œuvrerait à maintenir la sécurité publique et la protection des biens.
Le Hamas a affirmé qu’il ne discuterait pas de son désarmement, précisant qu’il n’accepterait de remettre ses armes qu’à un futur État palestinien. Il a ajouté ne pas rechercher de rôle dans la prochaine administration de Gaza, qui doit selon lui résulter d’un consensus palestinien sans ingérence extérieure.
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Conflits internes
À mesure que la guerre se prolonge, le Hamas, affaibli, fait face à des défis accrus de groupes opposés à son autorité, souvent liés à de puissantes familles locales.
Dans la ville de Gaza, il s’est heurté notamment à la famille Doghmush, selon des habitants.
Parmi ses opposants les plus en vue figure Yasser Abu Shabab, installé à Rafah – zone où Israël n’a pas encore retiré ses troupes – et qui a recruté des centaines de combattants grâce à des offres financières attrayantes, selon une source proche ayant parlé à Reuters plus tôt cette année. Le Hamas l’accuse de collaboration avec Israël, ce qu’il nie.
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Un responsable sécuritaire de Gaza a indiqué à Reuters que le Hamas avait tué le « bras droit » d’Abu Shabab et cherchait désormais à l’éliminer personnellement.
À Khan Younès, Hossam al-Astal, autre rival du Hamas dans une zone sous contrôle israélien, a diffusé dimanche un message vidéo dans lequel il se moquait du mouvement, affirmant qu’une fois les otages remis, son pouvoir et son rôle à Gaza prendraient fin.