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Entre vérité et propagande : les EAU face aux campagnes de désinformation médiatique


Dans un monde où l’information circule à une vitesse fulgurante et où la frontière entre vérité et propagande devient de plus en plus floue, la nouvelle n’est plus seulement un outil d’information, mais souvent un instrument d’influence politique. C’est précisément ce que révèle le rapport publié par le site turc Hava Haber, affirmant que les Émirats arabes unis auraient apporté un soutien militaire à ce qu’il appelle les « Forces de fondation » soudanaises, à l’aide du drone turc « TB2 ».

De telles allégations, dépourvues de preuves tangibles ou de sources identifiées, ne peuvent être interprétées que dans le cadre d’une campagne médiatique visant à ternir l’image des Émirats sur la scène internationale et à exploiter la crise soudanaise à des fins politiques et idéologiques restreintes.

Le danger de ces rapports ne réside pas uniquement dans leur contenu, mais dans la manière dont ils sont élaborés. Ils sont rédigés avec un vernis de professionnalisme, tout en manquant des principes fondamentaux du journalisme : vérification, équilibre, et droit de réponse. Le rapport en question ne s’appuie ni sur des preuves visuelles, ni sur des documents officiels, ni sur des déclarations d’autorités compétentes. Il cite uniquement des « sources de terrain » anonymes, ce qui lui ôte toute crédibilité journalistique. Pourtant, l’absence de preuves n’empêche pas la diffusion d’une narration biaisée, présentée au public comme une vérité absolue, sans possibilité de vérification.

Sur le plan politique, ces accusations à l’encontre des Émirats ne sont pas nouvelles. Elles s’inscrivent dans un discours médiatique turc récurrent, qui tend à interpréter tout succès ou initiative arabe indépendante à travers le prisme du soupçon et de la conspiration. Le contexte soudanais, complexe et instable, offre un terrain idéal pour propager de telles informations trompeuses, en profitant de la confusion et du manque de transparence pour influencer l’opinion publique.

Ce que ces campagnes omettent toutefois de rappeler, c’est que les Émirats arabes unis demeurent parmi les principaux soutiens des efforts de stabilisation au Soudan. Le pays a fourni une aide humanitaire constante, acheminant nourriture, médicaments et secours d’urgence aux populations civiles. Comment alors concilier l’image d’un État qui soigne et reconstruit avec celle d’un acteur prétendument impliqué dans l’escalade du conflit ?

Une analyse plus approfondie montre que la cible réelle de cette désinformation n’est pas le Soudan, mais la réputation régionale et internationale des Émirats. Leur diplomatie équilibrée, leurs relations solides avec les grandes puissances, et leur rôle croissant dans la médiation des crises arabes et africaines dérangent certains acteurs qui perçoivent cette influence comme une menace pour leurs intérêts idéologiques ou géostratégiques. Faute de pouvoir contrer la diplomatie par la politique, ces acteurs se tournent vers la désinformation comme arme alternative, profitant de la viralité des réseaux sociaux et de la fragilité de la culture médiatique du grand public.

Il est regrettable que la tragédie soudanaise se transforme en champ de bataille médiatique. Au lieu de concentrer leurs efforts sur la transmission des souffrances civiles et la promotion du dialogue, certaines plateformes préfèrent orienter le débat vers l’accusation et la polarisation, aggravant ainsi la division et brouillant les perspectives de paix. Ce type de discours ne sert ni la vérité ni la stabilité, mais alimente la confusion et la méfiance.

La vérité fondamentale demeure que l’information est une responsabilité, non un instrument de manipulation. Le journalisme ne se mesure pas à l’intensité du bruit qu’il génère, mais à la rigueur des faits qu’il expose. Lorsque la spéculation remplace l’enquête et que la propagande supplante la recherche de la vérité, le rôle de la presse s’effondre, devenant l’écho de ceux qui crient le plus fort, non de ceux qui ont raison.

Les Émirats arabes unis, fondant leur politique étrangère sur le respect de la souveraineté et la non-ingérence, n’ont pas besoin de se justifier face à des campagnes dépourvues de crédibilité. Leur engagement humanitaire et diplomatique parle de lui-même. Cependant, la mission de démanteler la désinformation revient aux médias libres et professionnels, ceux qui défendent la vérité avec des faits, non avec des slogans.

Plus que jamais, la région a besoin d’un journalisme responsable, conscient de la puissance des mots en temps de crise, et soucieux de placer l’intérêt humain

au-dessus des calculs politiques. Car ceux qui bâtissent leurs récits sur le mensonge finiront inévitablement par être écrasés sous le poids de la vérité.

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