Ententes entre Netanyahou et Barak sur l’encadrement des mouvements israéliens en Syrie
Des discussions entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et l’envoyé américain pour la Syrie, Thomas Barak, ont abouti à l’élaboration d’ententes relatives à la situation syrienne, dans une tentative de contenir l’escalade en cours et de réguler les mouvements militaires israéliens, en particulier les incursions terrestres et les opérations sur le terrain.
La chaîne Israël 24 a rapporté, citant ses sources, que ces ententes comprenaient un cadre général définissant la nature des actions israéliennes sur le territoire syrien, ainsi qu’un accord visant à poursuivre les contacts avec Damas au sujet d’éventuels arrangements sécuritaires destinés à réduire le niveau de tension le long de la frontière.
Selon des sources informées citées par Israël 24, Washington et Tel-Aviv sont parvenus à une formule de compréhension accordant à Israël une marge de manœuvre calculée en Syrie, en contrepartie d’un engagement à respecter des règles claires encadrant cette activité, afin d’éviter toute dérive vers une confrontation plus large.
D’après la chaîne, l’envoyé américain a exposé à Netanyahou plusieurs lignes rouges liées à l’activité militaire israélienne en Syrie, soulignant la nécessité de prendre en compte les équilibres régionaux et les sensibilités internationales associées au dossier syrien.
Les sources ont indiqué que ces ententes ont contribué à clarifier les positions entre les deux parties, chacune étant désormais consciente des limites à respecter durant la phase à venir.
Par le passé, le gouvernement israélien avait accusé Thomas Barak de défendre les intérêts turcs. Le site israélien Walla avait rapporté la semaine dernière, citant un haut responsable israélien, que Tel-Aviv éprouvait une vive inquiétude face aux déclarations de Barak, ajoutant que « Barak agit comme s’il était l’ambassadeur de la Turquie et nuit à l’évolution de la situation au Moyen-Orient ».
Le responsable a ajouté que le Premier ministre Benjamin Netanyahou considérait Barak comme « un acteur se comportant de manière hostile à l’égard d’Israël », estimant qu’il était « excessivement influencé par les intérêts turcs en Syrie et qu’il agissait comme un ambassadeur au service d’Ankara ».
Le rapport a également cité des propos tenus par Barak il y a quelques jours à Doha, la capitale qatarie, dans lesquels il a déclaré : « Israël peut prétendre être une démocratie, mais ce qui fonctionne réellement le mieux dans cette région est un système monarchique bienveillant ».
Le rapport souligne qu’Israël investit dans des personnalités qui lui sont favorables au sein du cercle entourant le président américain Donald Trump, parmi lesquelles le secrétaire d’État Marco Rubio et le représentant des États-Unis aux Nations unies, Mike Waltz.
Les divergences et désaccords entre Israël et les États-Unis sur le dossier syrien apparaissent clairement, alors que Washington a, à plusieurs reprises, demandé à l’État hébreu de réduire l’escalade en Syrie et de mettre fin à ses violations, notamment après la rencontre qui s’est tenue le mois dernier entre le président syrien Ahmed Al-Charaa et le président américain Donald Trump.
Dans une interview accordée au réseau The Nation, Barak a tenu des propos positifs à l’égard de la nouvelle autorité à Damas, estimant qu’elle avait mis fin à « cinquante années d’atrocités » et qu’elle cherchait à adopter une approche coopérative après son adhésion à la coalition internationale contre l’organisation État islamique. Il a ajouté que la solution, selon lui, nécessitait un accord sécuritaire et frontalier avec Israël, susceptible d’ouvrir ultérieurement la voie à un règlement plus large.
L’envoyé américain n’a pas dissimulé ses inquiétudes quant aux conséquences des violations israéliennes, tandis que le gouvernement de Benjamin Netanyahou justifie sa politique par des préoccupations sécuritaires liées aux autorités syriennes actuelles, en raison notamment de leur adhésion à des idées islamistes hostiles à Israël.
Le président américain Donald Trump a écrit dans un message publié il y a quelques jours : « Il est très important qu’Israël maintienne un dialogue fort et authentique avec la Syrie, et que rien ne vienne entraver l’évolution de la Syrie vers un État prospère. Le nouveau président syrien, Ahmed Al-Charaa, travaille dur pour s’assurer que de bonnes choses se produisent et pour que la Syrie et Israël gèrent ensemble une relation durable et prospère ».
Israël fait face à de fortes pressions américaines en raison de ses incursions dans le sud de la Syrie et de la conduite de certaines frappes. Deux responsables américains ont déclaré que Netanyahou risquait de se nuire lui-même et de transformer le gouvernement de Damas en « ennemi » si les attaques sur le territoire syrien se poursuivaient.
Au cours des derniers mois, des rencontres israélo-syriennes ont eu lieu dans le but de parvenir à des arrangements sécuritaires garantissant le retrait de Tel-Aviv de la zone tampon syrienne, occupée en décembre 2024.
Fin novembre dernier, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, avait estimé que Tel-Aviv n’était pas engagée sur la voie de la paix avec la Syrie, tandis que Netanyahou adressait de vives critiques au président syrien Ahmed Al-Charaa, l’accusant de chercher à « faire venir des forces russes à la frontière syro-israélienne » à la suite d’une visite historique d’Al-Charaa à Washington.
Bien que le gouvernement syrien n’ait représenté aucune menace pour Tel-Aviv, Israël poursuit ses incursions terrestres et ses frappes aériennes, qui ont causé la mort de civils et détruit des sites, des équipements militaires ainsi que des armes et des munitions de l’armée syrienne.
La capitale syrienne, Damas, a accueilli la semaine dernière un défilé militaire dans le cadre des célébrations de la fête de la Libération, au cours duquel des soldats de l’armée syrienne ont scandé des slogans en soutien à la bande de Gaza, théâtre depuis deux ans d’une guerre israélienne ayant fait plus de 70 000 morts et plus de 171 000 blessés, en majorité des femmes et des enfants.
Les Syriens estiment que la poursuite des violations israéliennes limite leur capacité à rétablir la stabilité et entrave les efforts du gouvernement visant à attirer des investissements pour améliorer la situation économique.
