Dynamiques d’armement des groupes extrémistes au Sahel africain : d’où provient l’arsenal de ces organisations ?

Une étude approfondie sur la traçabilité des arsenaux utilisés par les groupes jihadistes dans la région du Sahel africain révèle que la grande majorité de ces armes datent de plusieurs décennies, et qu’une part importante a été détournée des stocks des armées nationales de la région.
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En 2024, le Sahel a concentré plus de la moitié des décès liés au terrorisme dans le monde, soit 51 % du total mondial, un chiffre record selon l’Indice mondial du terrorisme 2025.
Selon un rapport publié par la chaîne “France 24”, le centre du Sahel figure parmi les zones les plus dangereuses de la planète, en particulier la zone dite des “trois frontières” entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette région a connu une escalade des violences au cours de la dernière décennie, marquée par des affrontements entre groupes armés non étatiques, forces de sécurité nationales et milices locales, provoquant un exode massif des populations.
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Deux groupes terroristes salafistes ont considérablement étendu leur influence dans cette zone : “Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin” (JNIM) et “l’État islamique au Grand Sahara”, affiliés à l’organisation “État islamique”. Ces groupes ont profité du vide sécuritaire pour s’implanter dans ce qui est aujourd’hui l’un des épicentres du terrorisme mondial.
À l’est du Niger, à la frontière avec le Tchad, le Nigeria et le Cameroun, la région du lac Tchad fait face à une crise sécuritaire chronique, alimentée par deux factions issues de la scission de Boko Haram : “l’État islamique en Afrique de l’Ouest” (ISWAP) et “le Groupe sunnite pour la prédication et le djihad”.
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Les premières analyses montrent que les stocks saisis sont composés quasi exclusivement d’armes militaires, à près de 80 % des fusils d’assaut, mais aussi de fusils de combat, de lance-grenades, de mitrailleuses, de mortiers et même de lance-roquettes.
Il ressort que les principaux pays exportateurs de ces fusils sont la Chine et la Russie, suivis de pays d’Europe de l’Est comme la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie. La plupart de ces équipements sont anciens, produits dans les années 1960, 1970 et 1980 ; environ 65 % datent de ces trois décennies.
Sur les 726 armes analysées, seules 34 ont été fabriquées après 2011, soit moins de 5 % de l’ensemble de l’arsenal.
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Les enquêteurs ont analysé les numéros de série et les marquages spécifiques pour identifier les lieux de production, retraçant ensuite les itinéraires de distribution via les circuits de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Les résultats montrent qu’une grande partie des armes livrées initialement aux armées nationales ont été capturées par les groupes jihadistes lors d’attaques. Selon les experts, environ un quart des armes saisies chez les groupes salafistes jihadistes dans la région de Liptako-Gourma proviennent des armées du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
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Ces groupes exhibent régulièrement leurs “prises de guerre” dans des vidéos de propagande, comme récemment au Bénin, où une attaque de JNIM a causé la mort de plus de 50 soldats.
Outre ces butins, les groupes armés disposent aussi de stocks importants issus de conflits précédents. Le rapport indique que ces armes circulent sur des marchés noirs régionaux, où elles sont achetées et revendues par des trafiquants, jihadistes ou membres de milices locales.
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