Politique

Du travail en usine à la présidence : Lee Jae-myung – Président de la Corée du Sud


Ancien ouvrier devenu chef d’État, Lee Jae-myung gravit les échelons du pouvoir en Corée du Sud, dans un contexte de grandes turbulences.

Ce mercredi, le leader de l’opposition, Lee Jae-myung, a prêté serment en tant que président de la Corée du Sud, à l’issue d’une élection anticipée dramatique, six mois après que son prédécesseur, Yoon Suk-yeol, a instauré la loi martiale, plongeant le pays dans le chaos.

Les résultats officiels ont révélé une victoire de Lee avec près de trois millions de voix d’avance sur son principal rival, Kim Moon-soo, candidat du Parti conservateur du Pouvoir du Peuple.

S’adressant à une foule de partisans réunis à Séoul, Lee a promis de « relancer l’économie » dès le premier jour de son mandat, et d’empêcher tout nouveau coup d’État militaire.

L’économie sud-coréenne a récemment connu un ralentissement marqué par la hausse du coût de la vie et une baisse de la consommation. Des négociations commerciales sont en cours avec les États-Unis concernant les droits de douane imposés sous Donald Trump, sans qu’un accord n’ait encore été trouvé.

Le pays fait également face à des défis majeurs : vieillissement de la population, faible taux de natalité et tensions géopolitiques avec la Chine et la Corée du Nord.

Portrait de Lee Jae-myung

Lee s’est imposé tôt comme figure de proue sur la scène politique, malgré des poursuites judiciaires récentes, des accusations de corruption et d’abus de pouvoir.

Issu d’un milieu modeste, Lee a d’abord travaillé dans une usine avant de devenir avocat spécialisé en droits humains. Il a été maire de Seongnam (près d’un million d’habitants), puis gouverneur de la province de Gyeonggi.

Il siégeait au Parlement après avoir perdu de justesse face à Yoon lors de la présidentielle de 2022.

De miraculé à acteur central de la crise

En janvier 2024, Lee a survécu à une tentative d’assassinat, poignardé au cou lors d’un événement public à Busan. Il a subi une intervention chirurgicale, mais sa vie n’était pas en danger.

Quelques mois plus tard, il s’est retrouvé au cœur de la crise politique : lorsque Yoon a décrété la loi martiale et déployé des troupes au Parlement, Lee a été l’un des députés à forcer l’entrée du bâtiment pour organiser un vote d’urgence visant à mettre fin à ces mesures.

La vidéo de lui sautant par-dessus une clôture pour pénétrer dans l’enceinte parlementaire a été largement diffusée, visionnée par des dizaines de millions d’internautes.

Promesses et réformes

Durant sa campagne, souvent menée derrière des vitres pare-balles et en gilet de protection, Lee a promis des réformes politiques et économiques, notamment en limitant les pouvoirs présidentiels sur la loi martiale et en révisant la Constitution pour instaurer deux mandats présidentiels de quatre ans au lieu d’un seul de cinq ans.

Il défend aussi les PME et soutient le développement de l’intelligence artificielle, tout en cherchant à apaiser les tensions dans la péninsule coréenne, avec comme objectif à long terme la dénucléarisation du Nord.

Ses conseillers affirment que les droits humains resteront au centre des discussions avec Pyongyang, notamment sur la question des prisonniers de guerre encore en vie depuis le conflit de 1950-1953.

Une figure controversée

Lee fait néanmoins face à plusieurs procès, notamment pour corruption présumée et scandales liés à des projets immobiliers. Il a aussi été condamné pour infraction à la loi électorale après avoir, selon la justice, fait une fausse déclaration lors d’un débat présidentiel. L’affaire est actuellement en appel.

Il nie toutes les accusations, affirmant à CNN en décembre que ces poursuites sont sans fondement et motivées politiquement.

Ses opposants le jugent clivant, critiquent sa posture face à l’ancien président Yoon, et l’accusent de bloquer certaines lois de l’administration précédente.

Un équilibre diplomatique délicat

L’équipe de Lee s’est engagée à restaurer la confiance avec les États-Unis, affectée par la crise de la loi martiale. Selon des experts, l’administration Biden a été prise de court par cette brève menace contre la démocratie sud-coréenne.

Peu avant les élections, son conseiller diplomatique, Wi Sung-lak, a réaffirmé que l’alliance avec Washington resterait « la pierre angulaire » de la diplomatie coréenne.

Les relations avec la Chine et la Russie, tendues ces dernières années, seront gérées par un « dialogue stratégique », selon son camp, qui estime que la paix régionale nécessite un dialogue constant avec les deux puissances.

Enfin, Séoul négocie activement avec Washington au sujet des droits de douane imposés par Trump : 25 % sur les exportations sud-coréennes, les voitures et les produits en acier. Trump a également proposé d’étendre ces taxes aux semi-conducteurs et aux médicaments — deux piliers clés de l’économie sud-coréenne.

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