Détention de deux ministres du gouvernement Bachagha le jour de la prestation de serment
Deux sources proches du Premier Ministre libyen Fathi Bachagha ont déclaré qu’une force armée liée au Premier Ministre actuel, Abdel Hamid Dbeibah, avait arrêté deux ministres du gouvernement rival qui devaient prêter serment jeudi.
Il s’agit d’un événement marquant dans le désaccord sur le pouvoir, et qui soulève des inquiétudes sur la possibilité d’une reprise des affrontements militaires entre la Libye orientale et la Libye occidentale, suite au refus de Dbeibah de céder le pouvoir à Bachaga, alors que le Parlement l’a élu premier ministre.
Le bureau de Bachagha a déclaré qu’il avait vérifié que les deux ministres avaient été enlevés.
Bachagha a annoncé tard mercredi soir que Dbeibah avait également fermé l’espace aérien libyen afin d’empêcher de nouveaux ministres de se rendre à Tobrouk pour prêter serment.
Dans un entretien avec l’agence de presse Reuters, mercredi, Bachagha déclare qu’ « il n’y aura aucune utilisation de la force, ni de notre part, ni du gouvernement en place ».
Il a ajouté: « Demain, je prêterai serment devant la Chambre des représentants, puis je partirai à Tripoli », indiquant qu’il y aura des dispositions pour assurer une transition « normale et sans heurt ».
En outre, dans une déclaration, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU a indiqué que selon certaines informations, le vote du Parlement sur la nomination de Bachagha « n’est pas conforme aux normes de transparence et aux procédures requises et qu’il y a eu des actes d’intimidation avant la séance ».
L’Organisation des Nations Unies s’est plutôt concentrée sur la reprise de ses efforts en vue de la tenue des élections. La Conseillère des Nations Unies en Libye, Stephanie T. Williams, a ajouté que des pourparlers seraient prochainement engagés entre le Parlement et le Conseil suprême de l’État, organe politique hostile.
Et la lutte pour la présidence de la Libye après l’effondrement du processus électoral de décembre risque de ramener le pays dans la division qui prévalait après l’Intifada soutenue par l’OTAN en 2011.
Il y a un an, Dbeibah a été nommé Premier ministre par intérim, dans le cadre d’un plan soutenu par l’ONU, disant que son gouvernement est toujours en place et qu’il ne cédera le pouvoir qu’après les élections qu’il dit être prêt à tenir en juin.
Le Parlement a annoncé que la présidence de Dbeibah était arrivée à son terme lorsque les élections de décembre n’ont pas eu lieu comme prévu, et le Conseil a plutôt choisi Bachagha pour mener une nouvelle étape de transition avec les élections de l’année prochaine.
La position du parlement est soutenue par le commandant de l’armée nationale libyenne basé à l’Est, Khalifa Haftar, qui a mené une guerre de 14 mois sur Tripoli de 2019 à 2020.
Les factions armées dans la capitale et dans les Territoires occidentaux semblent divisées sur la crise, certains d’entre eux ayant manifesté mardi leur opposition à la décision du Parlement de mettre en place un nouveau gouvernement.