Des milices islamistes au Soudan mènent de terrifiantes purges ethniques à Al-Kuwai et Al-Hammadi
Craintes d'une guerre civile généralisée alimentée par des agendas sectaires et ethniques

Les États du Nord et du Sud-Kordofan au Soudan connaissent une escalade inquiétante de violences à caractère ethnique. Des milices affiliées à l’armée du Mouvement islamique et à la milice Al-Baraa Ibn Malik ont mené de sanglantes opérations de nettoyage ethnique visant les tribus Dar Hamar et Hawazma dans les régions d’Al-Khuwai et Al-Hammadi. Ces attaques, comparées aux exactions perpétrées par l’organisation État islamique, suscitent de vives inquiétudes quant à une évolution du conflit soudanais vers une guerre civile à grande échelle, alimentée par des motivations religieuses et ethniques.
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Nettoyage ethnique à Al-Khuwai : la tribu Dar Hamar prise pour cible
Dans la ville d’Al-Khuwai, bastion traditionnel de la tribu Dar Hamar, située dans le Nord-Kordofan, des milices armées ont procédé à des massacres d’une brutalité extrême, allant jusqu’à décapiter des civils, dans ce qui s’apparente à une politique de représailles collectives. Les milices accusent la tribu Dar Hamar d’avoir « facilité » la prise de la ville de Al-Nuhud par les Forces de soutien rapide, une accusation utilisée comme prétexte pour justifier les attaques.
Des sources locales rapportent que les civils ont été pris pour cibles de manière indiscriminée, causant la mort de dizaines de personnes et le déplacement de centaines de familles vers les villages voisins. Selon des témoignages crédibles, les miliciens ont fait irruption dans des maisons et exécuté sommairement leurs occupants, provoquant un climat de terreur généralisée. Bien que ces exactions ne soient pas encore totalement documentées en raison du black-out médiatique, de nombreux témoignages font état d’un ciblage systématique des membres de la tribu.
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Massacres à Al-Hammadi : accusations infondées contre les Hawazma
Au Sud-Kordofan, les mêmes milices ont reproduit leurs crimes à Al-Hammadi, s’en prenant à des membres de la tribu Hawazma, les accusant de « collaborer » avec les Forces de soutien rapide. Selon des sources locales, ces milices ont tué et enlevé des jeunes hommes et des civils innocents, sans la moindre preuve des accusations portées contre eux.
Ces opérations s’inscrivent dans une campagne plus large visant les tribus considérées comme hostiles aux agendas des milices, révélant la nature vengeresse et ethnique du conflit. Des rapports indiquent également que les infrastructures civiles d’Al-Hammadi — habitations, marchés — ont été détruites, forçant les habitants à fuir dans des conditions dramatiques.
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Les dimensions du conflit : une guerre civile aux ressorts religieux et ethniques
Ces événements marquent une nouvelle et dangereuse phase du conflit soudanais, où les milices liées au Mouvement islamique exploitent la religion et l’identité tribale pour attiser la haine. Le recours à des méthodes d’exécution brutales comme la décapitation témoigne non seulement d’un niveau de violence sans précédent, mais alerte également sur le risque d’un effondrement complet du tissu social soudanais.
Des organisations de défense des droits humains, telles que Human Rights Watch, ont mis en garde contre la montée des discours de haine et des représailles fondées sur l’appartenance ethnique, prévenant qu’ils pourraient inaugurer « les chapitres les plus sombres » du conflit. De son côté, la mission d’enquête des Nations Unies au Soudan a condamné les attaques contre les civils et exigé un cessez-le-feu immédiat.
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Appels à une enquête internationale : silence officiel et soupçons de complicité
Face à ces crimes, les appels se multiplient — venant d’ONG et de communautés locales — en faveur d’une enquête internationale indépendante sur les massacres d’Al-Khuwai et Al-Hammadi. Les habitants réclament l’intervention de la communauté internationale pour mettre fin aux violations des milices, dénonçant en parallèle le silence des autorités à Port-Soudan, suspectées de complicité avec ces groupes armés.
Un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme documente des incidents similaires au Nord-Kordofan. Il confirme notamment l’authenticité d’une vidéo montrant quatre étudiants décapités par des hommes armés en uniforme militaire, scandant des injures racistes. Ce cas illustre l’urgence d’enquêtes indépendantes pour identifier et juger les responsables.
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Défis de documentation en contexte de censure médiatique
Le manque d’accès médiatique et l’insécurité persistante entravent considérablement les efforts de documentation. Des rapports indiquent que les autorités soudanaises empêchent les organisations humanitaires d’accéder aux régions d’Al-Khuwai et Al-Hammadi, aggravant ainsi la crise. Malgré cela, les témoignages des rescapés et les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux offrent un aperçu alarmant de l’ampleur des crimes commis.
La voie à suivre : une nécessité d’intervention internationale
La poursuite de ces exactions nécessite une réponse urgente de la communauté internationale, incluant l’imposition de sanctions ciblées et le renforcement des missions de protection des civils. Les Nations Unies et l’Union africaine doivent redoubler d’efforts pour faciliter le dialogue, stopper l’escalade et permettre un retour sûr des déplacés.
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En conclusion, les massacres d’Al-Khuwai et d’Al-Hammadi ne sont pas des incidents isolés, mais le symptôme d’une crise profonde qui menace l’unité et la stabilité du Soudan. Alors que la violence ethnique s’intensifie, une question s’impose : la communauté internationale agira-t-elle avant que la tragédie ne se transforme en catastrophe humanitaire totale ?