Politique

Des drones aux munitions intelligentes : comment le Hezbollah se réarme-t-il ?


La frontière israélo-libanaise demeure le reflet d’une tension persistante, au moment où des signes laissent entendre que le Hezbollah accélère la reconstitution de ses capacités militaires et économiques après les chocs subis l’an dernier.

Selon un reportage du quotidien israélien Yedioth Ahronoth, repris par plusieurs médias, le Hezbollah aurait intensifié ces dernières semaines ses efforts de réarmement, y compris dans le sud du Liban, ce qui, d’après les renseignements israéliens, constituerait une violation de l’équilibre existant entre les deux bords. Ces mouvements ont suscité l’inquiétude des responsables sécuritaires israéliens et d’observateurs internationaux.

Ce que fait le Hezbollah

Les services de renseignement israéliens auraient observé une montée des activités visant à restaurer les capacités du mouvement : entraînements accrus, transferts d’armes et remise en ordre de ses structures opérationnelles et financières. Le quotidien souligne que le groupe travaille à la fois sur le plan militaire et sur celui des moyens logistiques nécessaires à une projection durable de sa puissance.

Ripostes israéliennes et condamnations libanaises

À l’approche de l’anniversaire du cessez-le-feu qui a mis fin à une guerre d’une année entre Israël et le Hezbollah, Israël poursuit néanmoins des frappes parfois ciblées sur le sud-Liban, affirmant viser des infrastructures et des dépôts d’armes liés au mouvement et à ses tentatives de reconstitution. Israël maintient en outre des positions sur la frontière que le Liban réclame de voir évacuées.

Récemment, l’armée israélienne a annoncé avoir mené des raids sur des « infrastructures et entrepôts d’armement » du Hezbollah au sud du Liban, annonce intervenue peu après la déclaration du Hezbollah refusant que le Liban soit « entraîné dans une négociation politique avec Israël ». Le président libanais a dénoncé les frappes et insisté sur la nécessité du dialogue pour mettre un terme aux agressions. De son côté, l’armée libanaise a affirmé que ces bombardements entravent le déploiement complet de ses unités dans le Sud, prévu par l’accord de cessez-le-feu.

Un Hezbollah transformé, pas identique à celui d’avant-guerre

Les sources israéliennes soulignent que la logique de rééquipement du Hezbollah a changé depuis la période précédant le conflit : à l’époque, des systèmes avancés transitent librement de l’Iran via la Syrie vers le Liban. Aujourd’hui, confronté à des contraintes, le mouvement se serait adapté en se concentrant sur des systèmes à moindre coût et faciles à produire localement—des drones et des munitions à guidage autonome fabriqués sur place figureraient parmi ses priorités.

Ces technologies posent des défis particuliers pour les capacités d’interception de l’armée israélienne, notamment en raison de leur faible signature et de leur grande diffusibilité. Les munitions « intelligentes » et les capacités de frappe par drones compliquent aussi l’évaluation du risque et la mise en place de réponses proportionnées.

Plan israélien et divisions sur l’action à mener

Toujours d’après Yedioth Ahronoth, Israël a décompté, depuis le cessez-le-feu, des pertes importantes infligées aux rangs du Hezbollah — plusieurs centaines d’hommes neutralisés — et a élaboré un plan global pour frapper et affaiblir durablement le mouvement. Ce plan pourrait être activé politiquement ou en réaction à une modification des règles d’engagement par le Hezbollah.

Cependant, les responsables israéliens sont divisés : certains estiment que poursuivre les opérations limitées permet de gêner la reconstruction du Hezbollah tout en préservant un soutien international, tandis que d’autres plaident pour une riposte plus large, au risque d’escalade et de coûts diplomatiques. Les analystes avertissent qu’une réponse forte du Hezbollah pourrait enclencher un nouveau cycle de confrontation.

Des capacités réduites, mais toujours dangereuses

Malgré tout, plusieurs sources militaires israéliennes interrogées par la presse relativisent la menace : « Ce n’est plus le même Hezbollah que celui du 7 octobre », affirment-elles, estimant que le mouvement a perdu en profondeur opérationnelle et en liberté de manœuvre — la chaîne de commandement ayant été affectée et l’Iran éprouvant des difficultés à le soutenir. Elles reconnaissent toutefois que le Hezbollah demeure capable de lancer des tirs et de causer des dommages, même si la riposte israélienne, prévoient-elles, serait plus sévère.

En conclusion, le processus de réarmement du Hezbollah combine adaptation technologique et tactique locale. Si son évolution inquiète les observateurs et suscite des frappes préventives israéliennes, elle s’inscrit aussi dans un contexte régional changeant où la contre-mesure militaire et la diplomatie se trouvent à la croisée des chemins.

 

 

 

 

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