Moyen-Orient

Des Africains irréguliers quittent la Tunisie pour échapper aux attaques


Un certain nombre d’immigrants en situation régulière d’Afrique sub-saharienne semblent quitter la Tunisie au milieu d’une rhétorique belliqueuse faisant état d’une escalade des attaques contre eux, depuis les déclarations controversées du président Kaïs Saïed au sujet d’un complot de colonisation, alors que les observateurs estiment en revanche qu’il y a eu une amplification de cette tendance et que les attaques contre l’Afrique sont des attaques individuelles et non réglementées.

Le président de la junte militaire au pouvoir en Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya, mercredi, au sol de l’aéroport de Conakry, a reçu une cinquantaine de ses concitoyens à leur retour de Tunisie à bord d’un avion affrété par le gouvernement pour les évacuer du pays arabe.

Il s’agit du premier voyage organisé par le Gouvernement guinéen pour évacuer ses ressortissants de Tunisie depuis un discours prononcé par Saïed il y a une semaine, dans lequel il a appelé à une « action urgente » contre les immigrants africains en situation irrégulière dans son pays.

Il a déclaré que la présence de ces migrants en situation irrégulière en Tunisie était une source de « violence et de crimes » et faisait partie d’un « arrangement criminel » visant à « modifier la composition démographique de la Tunisie ».

Une fois l’avion arrivé à l’aéroport de Conakry, les rapatriés ont été emmenés à l’aéroport, en premier lieu par des femmes qui avaient des nourrissons.

Parmi ces trois mères, Marietto Diallo a dit que son bébé sur le bras était parti pour accoucher quand ce problème a commencé. À l’hôpital (en Tunisie), on a ressenti des sentiments de haine et de rejet contre nous.

Le système de santé de la Guinée souffre de nombreux problèmes dus à des années de mauvaise gestion de la part des autorités successives. La Tunisie est, en revanche, la destination de nombreux étrangers cherchant à bénéficier de soins médicaux de qualité.

Peur des attaques

Bien qu’il n’y ait pas d’informations indiquant un taux élevé d’attaques contre l’Afrique subsaharienne, cela n’empêche pas la crainte d’abus envers certains jeunes gens, en échange de l’accent mis par le président tunisien sur la nécessité de protéger les Africains de la violence dans le but de les rassurer.

La jeune maman ajoute que son compagnon de ce parcours d’hospitalisation « est venu me chercher en toute hâte avant même que mon séjour à l’hôpital ne soit terminé… En cours de route, nous avons survécu à deux attentats avec mon bébé dans les bras… Il était horrible et dangereux. »

Algassimo Sangaré, quant à lui, explique qu’il était à Sfax (centre-est de la Tunisie) et voulait « traverser la mer pour aller en Italie, mais un sentiment anti-noir m’a poussé à se rendre à Tunis » .

Il a expliqué qu’il s’est rendu de Sfax en Tunisie à bord d’une voiture avec deux femmes tunisiennes.

Il a ajouté : « Sur le chemin, j’ai failli être tué à un barrage érigé par un jeune homme exalté. Ces deux Tunisiens m’ont sauvé la vie parce qu’ils m’ont piégé ».

En retour, un certain nombre d’Africains réguliers en Tunisie sont apparus sur des vidéos sur YouTube affirmant qu’il y a une campagne contre la Tunisie et que les agressions ne sont pas massives mais individuelles.

Ces Africains ont critiqué certaines des abus et abus commis par leurs compatriotes dans l’illégalité, qui ont provoqué un fort ressentiment en Tunisie.

De son côté, le ministre guinéen des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, déclare que l’avion affrété par son gouvernement et qui partait à bord pour embarquer ses compatriotes qui souhaitent quitter le pays a ramené 49 Guinéens dans leur pays.

Il a ajouté que le Gouvernement allait établir un pont aérien entre Conakry et la Tunisie pour rendre à ceux qui souhaitaient quitter la Tunisie.

Selon un fonctionnaire de police, parmi les rapatriés figurent des « enfants de moins de 10 ans et des nourrissons ».

La présidence guinéenne déclara dans une déclaration que le Ministre Kouyaté avait été envoyé en Tunisie à bord d’un avion affrété par la junte militaire au pouvoir afin de « se rendre rapidement pour aider les Guinéens ».

La Côte d’Ivoire a quant à elle annoncé mercredi le lancement d’opérations de « rapatriement » en provenance de Tunisie pour quelque 500 citoyens.

Le porte-parole du Gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly, a déclaré, à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres, que « la chose la plus urgente est de sauver des vies et de prévenir des blessures », indiquant que ces retours pourraient avoir lieu dans les 24 à 72 heures.

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