Défis de la dépense militaire et soutien à l’Ukraine : l’Europe entre ambition et division

Les dirigeants européens rencontrent des difficultés pour sécuriser le financement et la volonté politique nécessaires pour compenser la contribution de Washington au soutien de l’Ukraine et à la défense de l’Europe.
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Malgré les messages clairs des États-Unis sur la nécessité de renforcer la défense européenne et de soutenir l’Ukraine, les divergences internes sur les mécanismes de financement et les priorités variées entre les États membres entravent tout progrès significatif.
Le New York Times souligne que l’écart entre les ambitions sécuritaires et la réalité financière s’élargit, notamment en raison du ralentissement de la croissance économique et de l’augmentation des niveaux de la dette publique dans des pays comme l’Italie et l’Espagne, menaçant l’unité européenne à un moment critique.
Financement militaire : des divergences qui révèlent de profondes divisions
Le plan de « réarmement de l’Europe » proposé par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et estimé à 800 milliards d’euros, a suscité un large débat. Les pays du nord, comme les Pays-Bas, s’opposent à l’augmentation de la dette commune, tandis que la France insiste pour orienter la majeure partie des investissements vers l’industrie de défense locale, limitant ainsi la participation des entreprises américaines et britanniques.
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Sur le terrain, le montant réellement disponible ne dépasse pas 150 milliards d’euros sous forme de prêts à long terme, avec une capacité d’emprunt variable entre les pays : l’Allemagne, avec une solide capacité budgétaire, peut financer la modernisation de son armée, tandis que l’Italie, avec une dette avoisinant 140 % de son PIB, considère toute nouvelle obligation de défense comme un fardeau insoutenable.
Soutien à l’Ukraine : le dilemme de la solidarité européenne
Les efforts européens pour soutenir Kiev se heurtent à un mur de doutes financiers. La proposition de Kaia Kalas, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, d’introduire une taxe européenne unifiée pour soutenir l’Ukraine à hauteur de 40 milliards d’euros a échoué en raison de l’opposition de l’Italie et de la Slovaquie, qui préfèrent maintenir l’aide « volontaire ».
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Même l’alternative plus modeste — financer deux millions de projectiles d’artillerie à hauteur de 5 milliards d’euros — a rencontré un refus de Paris, qui mise sur des solutions diplomatiques. Dans un commentaire acerbe sur la plateforme X, Kalas a qualifié la position européenne de « fragmentation menaçant la crédibilité de tout le continent ».
L’OTAN et Trump : une relation marquée par le doute
Selon le New York Times, les déclarations répétées de Donald Trump sur une réduction de l’engagement américain envers l’OTAN dessinent le pire scénario pour les dirigeants européens. Sa demande d’augmenter les dépenses de défense des membres à 5 % du PIB, contre 2 % actuellement, exerce une pression supplémentaire sur les économies européennes fragiles.
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Les fuites de discussions de ses collaborateurs — comme le commentaire du vice-président JD Vance : « Je déteste l’idée de sauver à nouveau les Européens » — et la proposition surprenante de Trump la semaine dernière de vendre une version moins sophistiquée d’un avion de chasse américain aux alliés, alimentent les craintes que Washington devienne un partenaire peu fiable.
Cependant, la plupart des pays européens refusent toujours l’idée de se passer du parapluie nucléaire américain, les membres européens représentant 95 % de la population de l’OTAN, ce qui rend toute séparation stratégique complexe et susceptible de prendre une décennie.
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Initiatives de sécurité fragiles
Selon le New York Times, Paris et Londres tentent de compenser le vide américain par des projets symboliques, comme la création d’une « force de dissuasion européenne » en Ukraine après un éventuel règlement avec la Russie. Toutefois, cette initiative — non financée et à l’objectif flou — manque du soutien des États membres, tandis que Moscou rejette toute présence occidentale sur son territoire.
Même l’accord partiel récent sur la cessation des attaques contre les navires en mer Noire — que la Russie a conditionné à la levée des sanctions sur ses exportations agricoles — met en évidence la fragilité de tout accord sans la pression américaine effective.
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Les remarques sarcastiques du Premier ministre belge, Bart De Wever, illustrent la perplexité du vieux continent. Tandis que les élites reconnaissent la nécessité de se transformer en une puissance défensive indépendante, elles manquent des mécanismes politiques et financiers nécessaires à cette transformation.
En l’absence d’une vision unifiée, la « préparation 2030 » pourrait n’être qu’un slogan masquant un échec stratégique aux conséquences historiques pour la sécurité continentale et mondiale.