Décrets du Conseil présidentiel libyen : un billet de retour au cœur de la scène politique

Par une série de décrets inattendus, le Conseil présidentiel libyen est revenu au centre de la scène politique, anticipant une annonce imminente des Nations unies.
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Mardi soir, le Conseil présidentiel a publié des décrets comprenant la suspension de la loi sur la Cour constitutionnelle adoptée par la Chambre des représentants, la convocation d’une conférence générale de réconciliation, ainsi que la création d’une nouvelle commission nationale.
Cette initiative intervient à quelques jours de l’annonce attendue par la mission onusienne des résultats de son comité consultatif et de son plan pour résoudre la crise libyenne.
Selon les observateurs, ces décrets traduisent une lutte intense pour la légitimation des mécanismes de résolution, entre une partie nationale cherchant à affirmer sa présence sur la scène politique, et un processus onusien bénéficiant d’un soutien international, reposant sur les élections comme clé du retour à la légitimité institutionnelle.
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De la marge à l’action
Les trois décrets montrent une volonté claire du Conseil présidentiel de sortir de son rôle protocolaire pour occuper une position plus influente dans l’équation du pouvoir, face à un sentiment croissant d’exclusion au sein d’arrangements décidés en dehors de lui.
Les analystes estiment que le Conseil cherche à envoyer un message clair : il ne se contentera plus d’un rôle d’observateur à une étape où se dessinent les contours de l’avenir, et n’acceptera pas des accords internationaux susceptibles de l’écarter du prochain paysage politique.
Cette démarche semble être une tentative de reprise d’initiative, notamment après des interventions réussies sur des dossiers stratégiques, comme la restructuration de la direction de la Banque centrale.
Le politologue libyen Ayoub Al-Oujli a affirmé que ces décrets constituent « un double message, interne et externe, selon lequel le Conseil présidentiel demeure un acteur politique qu’il ne faut pas négliger ».
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Un pari international
En parallèle, la mission des Nations unies poursuit activement ses efforts pour restaurer la légitimité par les urnes. La représentante spéciale du Secrétaire général, Hanna Tetteh, multiplie les rencontres avec des responsables libyens et diplomates internationaux afin de soutenir un plan prévoyant des élections municipales dans les grandes villes, en prélude à un règlement plus large à l’échelle nationale.
La mission mise sur son comité consultatif pour lever les obstacles juridiques liés aux lois électorales, tout en essayant de maintenir un équilibre délicat entre des parties rivales se disputant la légitimité.
Tetteh affirme que la « restauration de la légitimité institutionnelle » est une priorité absolue, soulignant l’importance d’un soutien unifié du Conseil de sécurité.
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Une lutte feutrée pour le centre du pouvoir
En profondeur, la situation révèle une lutte discrète mais décisive pour le centre du pouvoir en Libye. Le Conseil présidentiel craint une mise à l’écart progressive, alors que la mission onusienne contrôle le rythme de la transition, soutenue par une couverture internationale qui sert davantage des équilibres régionaux et internationaux qu’une volonté libyenne pure.
À l’approche de l’annonce des résultats du comité onusien, le Conseil présidentiel semble chercher à provoquer un choc politique capable de perturber le contexte actuel, s’imposant comme un acteur incontournable dans toute solution à venir.