Moyen-Orient

Déconstruction de la majorité des sites militaires du Hezbollah au Liban : Flexibilité ou manœuvre ?


Le Hezbollah libanais fait preuve de flexibilité dans sa gestion de la fin de sa présence militaire, une démarche qui pourrait inclure également le démantèlement de ses armes. Toutefois, certains observateurs craignent qu’il ne s’agisse d’une manœuvre.

Ce samedi, une source proche du Hezbollah a indiqué que la majorité des sites militaires du groupe au sud du Litani sont désormais sous le contrôle de l’armée libanaise.

La source, qui a souhaité garder l’anonymat, a précisé à l’Agence France-Presse qu’il y avait « 265 points militaires appartenant au Hezbollah, identifiés au sud du Litani, dont environ 190 ont été remis par le Hezbollah« .

Avec le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah a ouvert un front de soutien à Gaza, qui s’est intensifié en septembre 2024 en une guerre ouverte, affaiblissant ses capacités et entraînant l’élimination de nombreux de ses leaders, dont son ancien secrétaire général, Hassan Nasrallah.

Un accord de cessez-le-feu a été atteint le 27 novembre dernier, prévoyant le déploiement d’une force de maintien de la paix des Nations Unies et de l’armée libanaise uniquement dans le sud du Liban.

Cet accord stipule également le retrait du Hezbollah, grandement affaibli par la guerre, au nord du fleuve Litani, à 30 kilomètres de la frontière israélienne, et le démantèlement de ce qui reste de son infrastructure dans le sud.

« Dernières étapes »

Cette semaine, une source sécuritaire a confirmé à l’Agence France-Presse que l’armée libanaise avait démantelé « la majorité » des sites militaires du Hezbollah dans la région du sud du Litani, en coopération avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (UNIFIL).

La source a précisé que l’armée est « dans les dernières étapes pour mettre fin à la présence sécuritaire ou à la domination sécuritaire sur tous les sites du Hezbollah dans le sud du Litani ».

Lors d’une visite au Liban, la sous-secrétaire d’État américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a déclaré à la station de télévision libanaise LBCI : « Nous continuons de faire pression sur ce gouvernement pour qu’il applique pleinement le cessez-le-feu, ce qui inclut le démantèlement des armes du Hezbollah et de toutes les milices ».

Le président libanais, Michel Aoun, élu grâce à la diminution de l’influence du Hezbollah, a réaffirmé son engagement à confier les armes à l’État, insistant en même temps sur « l’importance du dialogue » pour y parvenir.

Il a ajouté : « Nous commencerons bientôt à travailler sur la formulation d’une stratégie de sécurité nationale ».

Le Hezbollah est le seul groupe militaire à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile libanaise en 1990.

Malgré l’accord de cessez-le-feu, Israël continue de mener des frappes sur des cibles qu’elle affirme liées au Hezbollah dans le sud, tout en maintenant sa présence militaire sur cinq hauteurs « stratégiques » le long de la frontière.

Flexibilité ou manœuvre ?

Jeudi dernier, le président libanais, Michel Aoun, a déclaré que le « Hezbollah » avait montré « beaucoup de flexibilité » concernant la coopération sur la question des armes selon un calendrier précis.

Les déclarations d’Aoun ont été rapportées par le député Saji Atieh après sa visite avec une délégation parlementaire au palais présidentiel de Baabda, à l’est de Beyrouth, selon un communiqué de la présidence libanaise.

Mais bien que cela donne un certain optimisme quant à un possible alignement du Hezbollah avec les exigences de la réalité après ses échecs dans sa guerre contre Israël, et sous la pression interne et externe, certains observateurs estiment que l’hypothèse de la manœuvre reste très plausible.

Ce point de vue est renforcé par le fait que le Hezbollah cherche toujours à éloigner le sujet du démantèlement de ses armes, en prétextant que la priorité du gouvernement actuel devrait être de faire face aux frappes israéliennes.

Le groupe joue souvent sur la question israélienne, tentant de manipuler les émotions des Libanais pour les convaincre de l’importance de conserver ses armes. Cela a été confirmé par les déclarations faites par le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.

Fadlallah a affirmé que « la priorité du gouvernement devrait être de faire face aux agressions israéliennes et de libérer le territoire », soulignant que le Hezbollah « est prêt et disposé à engager tout dialogue sur une stratégie de défense nationale ».

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