De retour de la mort : Une décennie de lutte pour le rassemblement des Yézidis disparus
Dix ans de douleur et de souffrances, souvent conclues par des désillusions, résument les tentatives de réunification des disparus yézidis en Irak.
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Des messages envoyés par des utilisateurs anonymes via Facebook ouvrent une lueur d’espoir pour retrouver les disparus de la communauté yézidie en Irak, malgré les dix années écoulées depuis leur disparition.
Ces messages ont renforcé les chances de réunification des familles qui avaient perdu tout espoir de revoir leurs proches, enlevés et réduits en esclavage pendant la période de contrôle de l’organisation État islamique (EI).
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Dans l’un des récents chapitres de cette tragédie, l’agence Reuters a mis en lumière des récits de familles cherchant désespérément leurs proches disparus. Parmi ces histoires figure celle d’Aydin Hadid Talal, un jeune homme dans la vingtaine, qui a reçu des messages d’un compte anonyme sur Facebook demandant des nouvelles de son frère disparu, Rojin, selon Reuters.
Le correspondant lui a écrit : « Peux-tu me contacter ? » Aydin a répondu : « Non, je ne peux pas. Je ne te connais pas. » La réponse fut surprenante : « Je suis Rojin. » La dernière fois qu’Aydin avait vu son frère cadet remontait à mars 2019, alors qu’ils étaient tous deux captifs de Daech en Syrie. Aydin demanda une photo pour vérifier l’identité du correspondant, et la photo confirmait qu’il s’agissait bien de lui. Ils ont ensuite échangé un appel vidéo de plus de deux heures, rempli d’émotions et de nostalgie, mais il était évident que la réunification ne serait pas facile.
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Pour retrouver son frère, Rojin devait traverser des zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition armée dirigée par les Kurdes, puis franchir la frontière vers les zones où se concentrent les yézidis dans le nord de l’Irak, malgré l’absence de papiers d’identité ou de documents de voyage.
Un retour d’outre-tombe
Selon les responsables irakiens, plus de 5 000 Yézidis, principalement des hommes et des femmes âgées, ont été tués lors de l’attaque initiale de Daech en août 2014. Leurs corps ont été jetés dans des fosses communes.
Environ 6 400 autres, principalement des femmes et des enfants, ont été enlevés. Selon les autorités locales, près de 2 600 d’entre eux restent portés disparus.
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Aydin et Rojin avaient été capturés avec leurs parents et leurs deux frères cadets le premier jour de l’attaque contre Sinjar, le 3 août 2014. Selon leurs témoignages à Reuters, des combattants de Daech avaient intercepté leur voiture alors qu’ils tentaient de fuir leur village de Hardan.
Alors que Daech perdait du terrain, les deux frères avaient été déplacés à plusieurs reprises entre l’Irak et la Syrie, pour finalement se retrouver dans le village de Baghouz, en Syrie.
« Daech est sa famille »
Dans un récit similaire, un jeune homme nommé Adnan Zandinan a reçu un message sur Facebook de son frère cadet, qui avait été enrôlé par Daech alors qu’il était encore enfant.
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Adnan décrit ce moment avec émotion : « Mes mains tremblaient. Je pensais qu’un ami me faisait une blague. » Cependant, sa joie s’est vite dissipée lorsque son frère a refusé de quitter Idlib, en Syrie, où il réside actuellement.
Malgré tout, Adnan n’a pas perdu espoir et continue de correspondre avec son frère, ajoutant : « Mon frère pense que Daech est sa famille et ne réalise pas que sa véritable famille est ici. »
Une aide insuffisante
Aux abords de la région du Kurdistan, des dizaines de milliers de Yézidis déplacés vivent encore dans des tentes délabrées. Bien que certains utilisent les aides financières fournies par le gouvernement irakien pour retourner à Sinjar, beaucoup estiment que ces aides sont insuffisantes.
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Les défis auxquels ils sont confrontés ne se limitent pas aux conditions de vie précaires dans les camps. Ils incluent également des problèmes de sécurité, car des groupes armés ethniques et religieux ayant contribué à l’expulsion de Daech de Sinjar refusent de démobiliser leurs forces, selon Reuters.
De plus, les opportunités d’emploi se sont considérablement réduites, d’autant plus qu’une grande partie des déplacés n’ont pas pu poursuivre leur éducation en raison de la guerre.