Dbeibah dévoile une initiative politique en trois volets pour apaiser la colère populaire

Le chef du gouvernement d’unité nationale, Abdel Hamid Dbeibah, a annoncé une nouvelle initiative politique composée de trois axes : une restructuration du gouvernement basée sur la compétence plutôt que le partage des quotas, le lancement d’un projet baptisé « Enquête nationale », ainsi que la mise en place d’un mécanisme visant à sécuriser les prochaines élections.
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Cette annonce survient dans un contexte de mécontentement croissant, tant populaire que politique, vis-à-vis de Dbeibah, marqué par des appels à sa destitution, une impasse politique persistante et une dégradation de la situation sécuritaire.
Bien que cette initiative soit officiellement destinée à mettre fin aux divisions, à restaurer l’autorité de l’État et à garantir des élections transparentes, beaucoup y voient une tentative de désamorcer la pression intérieure et extérieure exercée sur le Premier ministre, surtout après les récents affrontements armés à Tripoli, notamment avec les forces du Service de soutien à la stabilité.
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L’élément central de l’initiative est la mise en place d’un mécanisme de sécurisation des élections, un point sensible dans les négociations avec les Nations unies et les puissances occidentales qui exigent la fixation d’une date claire pour les élections reportées depuis 2021. Certains analystes estiment toutefois que cette proposition pourrait être perçue comme une nouvelle manœuvre dilatoire.
Bien que Dbeibah affirme vouloir remettre le pouvoir par les urnes, ses opposants l’accusent d’utiliser l’idée d’élections comme un slogan pour légitimer son maintien au pouvoir, tout en consolidant son autorité personnelle par des décisions unilatérales et un affaiblissement des institutions.
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La pression s’est intensifiée avec l’opération sécuritaire récente qui, bien qu’ayant visé une milice favorable à Dbeibah, a exacerbé les tensions internes dans son propre camp et mis en lumière la fragilité de son autorité dans la capitale.
Dans plusieurs zones de Tripoli ouest ainsi qu’à Misrata et Zliten, les critiques contre son gouvernement se multiplient, face à une crise économique aiguë, la détérioration des services, la flambée des prix et la dépréciation du dinar. Beaucoup estiment que la récente opération sécuritaire n’a pas modifié l’équilibre des forces, mais plutôt renforcé le pouvoir des milices.
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Des appels à la révocation de Dbeibah émanent désormais non seulement de ses adversaires traditionnels (le Parlement et les autorités de l’Est), mais aussi de figures influentes de l’Ouest, ce qui témoigne d’un affaiblissement progressif de sa base politique.
La réaction du Conseil présidentiel, notamment à travers un communiqué signé par ses membres Moussa Al-Koni et Abdallah Al-Lafi, constitue une désaveu cinglant : le Conseil affirme n’avoir été ni informé ni impliqué dans l’élaboration de l’initiative, qu’il considère comme une entorse au processus de concertation.
Ce communiqué met en garde contre les décisions unilatérales et appelle à des solutions politiques inclusives, soulignant que l’absence de coordination aggrave la méfiance entre institutions, déjà très divisées.
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Sur le plan économique, Dbeibah a vivement critiqué la Chambre des représentants et le gouvernement parallèle basé à Benghazi, les accusant d’avoir dépensé plus de 100 milliards de dinars en deux ans sans supervision, avertissant d’une « catastrophe financière » menaçant la stabilité monétaire et le niveau de vie des citoyens.
Cependant, ces accusations s’inscrivent dans un échange habituel de reproches, d’autant plus que son propre gouvernement est lui aussi critiqué pour son manque de transparence et de contrôle budgétaire.
L’impasse autour des revenus pétroliers, source vitale de l’économie libyenne, risque d’aggraver cette crise, en l’absence d’un mécanisme unifié de redistribution des recettes.
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Malgré sa tentative de présenter l’opération sécuritaire comme un rétablissement de l’ordre, la réalité sur le terrain à Tripoli indique un contrôle fragmenté de la capitale par des milices rivales. Même au sein des appareils sécuritaires censés le soutenir, des divisions émergent, certains de ses alliés redoutant d’être les prochaines cibles.
Derrière un discours structuré, les défis auxquels fait face Dbeibah semblent dépasser les simples déclarations politiques. La confiance populaire s’érode, les divisions s’accentuent, et les institutions s’affrontent sur la légitimité. Dans ce contexte, les initiatives – quelle que soit leur appellation – sont perçues par beaucoup de Libyens comme de simples tactiques pour gagner du temps dans un pays à bout de patience.
À ce stade critique, le pays semble se diriger vers un tournant décisif que seuls des compromis difficiles – ou une explosion politique – pourraient résoudre.
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