Dbeibah contourne les appels à sa démission en proposant des élections directes

Aguila Saleh rejette les manœuvres de Dbeibah, appelant les acteurs nationaux et internationaux à soutenir la formation d’un gouvernement unifié, et avertissant que tout retard mènera au chaos et menacera l’unité du pays.
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Dans une initiative largement perçue comme une tentative de contourner les appels politiques et populaires croissants à son départ, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale libyen, Abdelhamid Dbeibah, a appelé à la tenue d’élections directes, rejetant ce qu’il qualifie de « nouvelles phases de transition ». Cette déclaration intervient en pleine vague de protestations populaires et sous la pression croissante du Parlement, présidé par Aguila Saleh, qui réclame la formation rapide d’un nouveau gouvernement chargé d’organiser les élections attendues.
Bien que son discours devant certains membres du Haut Conseil d’État à Tripoli ait été empreint de messages rassurants sur l’importance de l’unification des institutions et du renforcement du rôle de l’armée et de la police, le timing de ses propos, au milieu d’affrontements armés renouvelés dans la capitale et d’appels insistants à sa démission, soulève des interrogations sur ses véritables intentions.
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Dbeibah a insisté sur la « poursuite des efforts du gouvernement pour éliminer les milices armées hors du cadre étatique et renforcer le rôle des forces officielles dans le maintien de la sécurité et de la stabilité », soulignant « l’importance de la coopération entre les institutions politiques et sécuritaires pour consolider l’autorité de l’État et répondre aux aspirations du peuple en matière de stabilité et de justice ».
Il a affirmé que sa vision politique repose sur « la fin des phases de transition par le biais d’élections directes », mettant en garde contre le « prolongement illégal » des institutions à travers la création de nouvelles périodes transitoires. Il a également accusé implicitement le Parlement de retarder intentionnellement le processus électoral, en affirmant que « le référendum populaire est l’outil adéquat pour sortir de cette impasse ».
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Cependant, les opposants à Dbeibah, tant à l’est qu’à l’ouest du pays, voient dans son discours une nouvelle tentative de s’accrocher au pouvoir, d’autant plus que son gouvernement, issu du Forum de dialogue politique libyen sous l’égide de l’ONU, a dépassé le délai prévu pour la passation du pouvoir.
Tripoli a récemment été le théâtre de manifestations de colère exigeant la destitution du gouvernement Dbeibah, l’accusant d’être responsable de l’insécurité croissante et de la détérioration des conditions économiques et sociales. Des affrontements armés ont également éclaté entre les forces du gouvernement d’union et des groupes armés locaux, illustrant une fois de plus la fragilité de la situation sécuritaire.
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Les manifestants reprochent au gouvernement de ne pas avoir tenu ses promesses d’organiser les élections et de profiter des divisions politiques pour se maintenir au pouvoir, réclamant la mise en place d’un gouvernement transitoire neutre chargé de superviser des élections législatives et présidentielles réelles.
De son côté, le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, a insisté lors d’une session parlementaire à Benghazi sur la nécessité d’accélérer la formation d’un gouvernement unifié. Il a affirmé que le Parlement avait finalisé les lois électorales en accord avec le Haut Conseil d’État et ouvert la voie à la candidature de tous, sans exclusion, pour contrer les manœuvres de Dbeibah.
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Saleh a mis en garde contre toute forme de retard qui pourrait « plonger le pays dans le chaos et menacer son unité », appelant la communauté locale et internationale à soutenir les efforts actuels et à rejeter toute tentative de maintenir le statu quo.
Il a ajouté qu’un comité conjoint entre les deux chambres a déjà commencé à examiner les dossiers des candidats au poste de Premier ministre. La mission principale du nouveau gouvernement sera d’organiser et de superviser les élections.
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La Libye reste divisée entre deux gouvernements parallèles : le gouvernement d’union nationale dirigé par Dbeibah à Tripoli, reconnu par l’ONU et contrôlant l’ouest du pays, et le gouvernement nommé par le Parlement à Benghazi, dirigé par Osama Hammad, soutenu par l’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, contrôlant l’est et une partie du sud.
Le processus électoral, censé unir le pays, est devenu un nouvel enjeu de rivalité. Tandis que Dbeibah insiste sur le fait que son gouvernement est seul légitime pour superviser les élections, le Parlement estime que l’exécutif actuel a perdu sa légitimité et qu’un nouveau gouvernement est la clé pour garantir un scrutin transparent et équitable.
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Au milieu de ce bras de fer, l’espoir des Libyens de voir enfin des élections mettre un terme à plus d’une décennie de transition continue se heurte à des obstacles politiques et sécuritaires persistants. Des analystes craignent que le conflit sur la légitimité électorale ne serve de prétexte à un report indéfini du scrutin, ou ne déclenche une nouvelle phase d’escalade politique et militaire incontrôlable.
La proposition de Dbeibah pour des élections directes, malgré son vernis réformateur, semble manquer de feuille de route claire, en l’absence de consensus national et de confiance entre les parties. Elle pourrait également être perçue comme une manœuvre visant à bloquer la formation d’un nouveau gouvernement et à imposer un fait accompli politique aggravant davantage la division.