Crise politique, troubles ; où va l’Irak ? Experts répondant
L’Iraq est en état de crise après l’incursion de manifestants iraquiens dans le palais présidentiel de Bagdad, à la suite de l’annonce par le dirigeant du mouvement sadriste Moqtada Al-Sadr de son retrait de la vie politique. Les médias irakiens ont rapporté qu’un certain nombre de manifestants du mouvement sadriste avaient pénétré dans le Palais présidentiel dans la zone verte au centre de Bagdad. Simultanément aux incursions, le Premier Ministre iraquien, Moustafa Al-Kazimi, a ordonné au Conseil des ministres de suspendre ses réunions.
Réactions internationales
La communauté internationale a appelé à la retenue et à la primauté du langage du dialogue, où les réactions internationales se sont succédées, et le Département d’État des États-Unis a souligné que ce qui se passe en Iraq est préoccupant et met en danger la souveraineté de l’Iraq, notant qu’il est légitime de prétendre mais que les biens iraquiens doivent être protégés. Le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, a souligné qu’il suivait avec une plus grande inquiétude l’évolution récente et dangereuse de la situation en Iraq et a appelé les parties iraquiennes à privilégier l’intérêt national par rapport à toute autre considération afin de dépasser la situation actuelle qui risque pour la stabilité du pays.
Alors que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exhorté toutes les forces politiques en Iraq à prendre immédiatement des mesures pour calmer la situation et éviter toute violence en Iraq, le Président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a déclaré : « J’ai suivi avec intérêt la situation actuelle en Iraq et je suis attristé par l’évolution actuelle de la situation dans ce pays frère. Al-Sissi a souligné le plein appui de l’Égypte à la sécurité et à la stabilité de l’Iraq et à la sûreté de son peuple, en appelant les parties iraquiennes à privilégier l’intérêt supérieur de leur nation pour surmonter la crise politique par le dialogue ».
Pas une surprise
Lina Mazloum, analyste politique irakienne, écrit : L’escalade et les troubles que connaît actuellement l’Iraq ne sont pas une surprise, en particulier après le sit-in des partisans de Moqtada al-Sadr, qui a montré que la question était avant tout un projet politique iraquien, mais une formule qui veut que chaque partie s’élève l’une contre l’autre et que la question n’est plus un projet politique mais un bloc.
Moqtada Al-Sadr a affirmé qu’il n’y avait ni dépendance, ni corruption, ni abolition des milices. Tout cela n’a pas été réalisé. Il a expliqué que les balles étaient la foule, tandis que les partisans du courant sadriste étaient pacifiques et que la réaction des Sadristes était une réaction.
Point catastrophique
L’écrivain et analyste politique irakien Abdul Karim Wazan a déclaré : La situation actuelle en Iraq est floue et a atteint un point catastrophique, qui transformera l’Iraq en un foyer de crise, en signalant que les deux parties ont des instruments armés sur le terrain. Le groupe sadriste possède des Brigades de la paix, une faction armée dont les effectifs pourraient dépasser les 100 000, des forces proches du cadre de coordination, soutenues par des parties régionales, et qui possèdent des combattants qui peuvent être assimilés aux forces de sécurité officielles, ce qui fera que l’Iraq connaît des crises successives.
L’analyste politique irakien a ajouté, dans des déclarations à la Ligue arabe directe, que la scène irakienne était en ébullition, en particulier près d’un an après les élections générales, et que le pays continuait de se laisser piéger dans des embrouillages politiques, ce qui confirme que les partisans du courant sadriste avaient entrepris de vastes actions d’escalade dans la rue afin de faire revenir al-Sadr sur sa décision d’isolation politique.