Crise du FCAS : une fracture européenne menace la coopération en matière de défense et le futur avion de combat

Dans un développement qui pourrait porter un coup dur à la coopération européenne dans le domaine de la défense, l’Allemagne envisage d’écarter la France du programme d’avion de combat d’une valeur de 100 milliards d’euros (87 milliards de livres sterling).
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Selon le Telegraph, Berlin chercherait à faire appel à la Suède ou au Royaume-Uni à la place, sur fond de désaccord croissant concernant le partage des tâches industrielles.
Le Système de combat aérien du futur (FCAS), un programme conjoint entre l’Allemagne, la France et l’Espagne lancé en 2017, est censé remplacer les Rafale et les Eurofighter Typhoon d’ici 2040. Mais les tensions persistantes jettent désormais le doute sur l’avenir de ce projet phare censé incarner l’ambition de défense européenne.
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L’avion de combat européen en question
La semaine dernière, le ministère allemand de la Défense a discuté de l’avenir du programme FCAS avec Airbus, qui en assure la maîtrise d’œuvre côté allemand, exprimant son mécontentement face à la volonté française d’obtenir la part du lion dans la production.
D’après Politico, citant des sources proches du dossier, il a même été indiqué à Airbus que Berlin pourrait se passer de la France et poursuivre le projet avec la Suède, le Royaume-Uni ou uniquement l’Espagne.
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« À un certain stade, le Bundestag devra décider : avons-nous besoin de cet avion ou pas », a averti Andreas Schwarz, député social-démocrate, soulignant que la production n’a pas encore commencé et que de nombreux obstacles restent à franchir.
Un responsable cité par le Financial Times a confirmé : « Il y aura un avion de combat, que la France y participe ou non. »
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Une fissure au cœur de la coopération européenne
Un changement de partenaire constituerait un tournant radical pour ce programme conçu comme la vitrine du partenariat stratégique en matière de défense européenne.
Ces tensions surviennent alors que l’Europe cherche à renforcer ses capacités militaires face à la menace croissante de la Russie, qui multiplie les provocations sur le flanc est de l’OTAN. Récemment, trois MiG-31 russes ont violé l’espace aérien estonien, quelques jours après que près de 20 drones russes ont survolé la Pologne, obligeant l’Alliance à intervenir pour les abattre, dans ce qui constitue la première confrontation militaire directe documentée entre l’OTAN et Moscou.
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Un « système » et non un simple avion
Le FCAS ne se limite pas à un unique appareil, mais se veut un système global – baptisé Next Generation Weapon System (NGWS) – combinant un chasseur de nouvelle génération, des drones de combat, des armements futuristes et des réseaux de communication intégrés.
Le principal point d’achoppement demeure toutefois la répartition des tâches entre Airbus (Allemagne), Dassault Aviation (France) et Indra Sistemas (Espagne). Dassault, qui a conçu le Rafale avec succès, réclamerait 80 % du travail sur le développement du chasseur, ce qu’Airbus conteste, affirmant que les trois partenaires s’étaient déjà entendus sur une structure équilibrée.
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Une impasse politique et industrielle
En juillet, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz ont fixé fin 2025 comme échéance pour résoudre cette crise avant le lancement de la deuxième phase du programme, incluant la production des prototypes.
Jeudi dernier, Merz a reconnu que des discussions étaient en cours avec Paris, tout en avertissant que « les choses ne peuvent pas continuer en l’état ».
Un sommet réunissant les ministres de la Défense d’Allemagne, de France et d’Espagne est prévu en octobre pour tenter de trouver une issue. Cependant, changer de partenaires à ce stade s’annonce complexe.
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La concurrence britannique
Le Royaume-Uni mène déjà un autre projet ambitieux, le Global Combat Air Programme (GCAP), piloté par BAE Systems en partenariat avec l’Italie et le Japon. Ce programme repose sur un avion de combat central, le Tempest, accompagné d’essaims de drones et d’armements de nouvelle génération.
Il paraît cependant peu probable que BAE Systems participe simultanément à deux programmes concurrents.
Si Berlin et Paris venaient à suivre des voies séparées, cela compliquerait considérablement le paysage européen de l’aéronautique militaire, déjà marqué par des doutes sur la capacité de l’Europe à supporter financièrement et technologiquement de tels projets d’une ampleur et d’un coût colossaux.