Crise à l’Est du Congo : actions officielles contre Kabila et espoirs de paix avec le Rwanda

De vastes efforts sont déployés pour contenir le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo, alors qu’un accord de paix avec le Rwanda — accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles — est attendu ce vendredi.
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Le 25 avril, le Rwanda et la République démocratique du Congo ont signé à Washington une « Déclaration de principes » en présence du secrétaire d’État américain, Marco Rubio. Le texte prévoit le respect mutuel de la souveraineté des deux États, la préparation d’un projet d’accord de paix d’ici le 2 mai, et l’engagement de ne fournir aucun soutien militaire aux groupes armés. D’importants investissements américains dans les deux pays ont également été évoqués.
À cette occasion, l’agence Reuters a rapporté que le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a déclaré que cet accord « ouvrait la voie à un accord de paix définitif », tandis que la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, s’est montrée optimiste, estimant que « cet engagement dépasse les simples promesses ».
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La ville de Doha a récemment accueilli plusieurs réunions pour résoudre la crise, dont la plus récente s’est tenue mercredi, rassemblant pour la première fois des représentants du Qatar, du Togo, des États-Unis, de la France, de la RDC et du Rwanda. Tous ont réaffirmé leur engagement commun en faveur de la paix, de la stabilité et du développement économique dans la région des Grands Lacs, se disant prêts à soutenir les efforts en cours visant à renforcer la confiance mutuelle, établir un cessez-le-feu durable et parvenir à une solution pacifique sans délai.
Le conflit, qui dure depuis près de 30 ans, a repris avec intensité en janvier dernier lorsque les rebelles du M23 ont lancé une offensive dans l’est de la RDC, s’emparant notamment de la ville de Goma — deuxième plus grande ville de l’est du pays et capitale du Nord-Kivu, riche en or et en étain — ainsi que de Bukavu, capitale stratégique du Sud-Kivu.
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Il s’agit de la plus importante avancée du M23 depuis la reprise de son insurrection en 2022, dans un contexte d’affrontements fluctuants qui se sont intensifiés au cours des trois dernières années. Le M23 est l’un des quelque 100 groupes armés qui luttent pour le contrôle de cette région frontalière du Rwanda, riche en cobalt, lithium, uranium et autres ressources.
Depuis 2021, plus de dix accords de cessez-le-feu ont été signés dans cette région convoitée, sans qu’aucun ne parvienne à mettre fin durablement au conflit.
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Le retour de Kabila
Parallèlement, le gouvernement congolais envisage de lever l’immunité de l’ancien président Joseph Kabila, en vue de le juger pour son soutien présumé au mouvement rebelle M23.
Kabila, qui a quitté le pouvoir en 2018 après près de deux décennies à la tête du pays, réside à l’étranger depuis la fin 2023, passant la majeure partie de son temps en Afrique du Sud. Le mois dernier, il a déclaré son intention de revenir pour contribuer à la résolution de la crise dans l’est du pays, désormais largement contrôlé par les rebelles.
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Ce retour pourrait compliquer les efforts menés par les États-Unis pour mettre fin à l’insurrection dans une région dont les ressources précieuses intéressent fortement l’administration du président Donald Trump. Kabila a nié tout lien avec les rebelles.
Le ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba, a annoncé mercredi soir à la presse que le procureur militaire avait officiellement demandé au Sénat de lever l’immunité dont bénéficie Kabila à vie en tant que sénateur.
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Mutamba a affirmé que des preuves accablantes avaient été réunies contre lui, notamment concernant des « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et massacres de civils et militaires non armés ». Il a exigé son retour pour être jugé, faute de quoi il pourrait être poursuivi par contumace.
Kabila a accédé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père. Il avait refusé de quitter la présidence à l’expiration de son mandat en 2016, provoquant des manifestations sanglantes, avant d’accepter finalement de se retirer après les élections de 2018.
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Le mois dernier, le ministère de l’Intérieur a suspendu les activités du parti politique de Kabila (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie – PPRD). Le ministère de la Justice a également annoncé la saisie des biens de Kabila et d’autres responsables du parti.
Ferdinand Kambere, secrétaire permanent du PPRD, a estimé que la tentative de lever l’immunité de Kabila révélait la crainte du gouvernement face à son retour. Il a accusé le président Félix Tshisekedi, rival de Kabila, d’être responsable de la crise actuelle dans l’est du pays.