Politique

Craintes d’un scénario semblable à celui du littoral alors que les affrontements s’intensifient dans les zones druzes


Les forces de sécurité sont incapables de contrôler les combats entre combattants druzes et hommes armés encerclant Achrafieh Sahnaya, avec des snipers postés sur les toits.

Des secouristes et des sources sécuritaires ont déclaré que plus de 12 personnes ont été tuées dans la ville à majorité druze d’Achrafieh Sahnaya, près de Damas, dans la nuit de mardi à mercredi, lors d’affrontements déclenchés par un enregistrement attribué à un homme druze insultant le prophète Mahomet. Cet enregistrement a provoqué la colère de combattants sunnites et une vague d’incitation à la violence sur les réseaux sociaux, alimentant la crainte d’une répétition du scénario sanglant survenu sur la côte.

Des sources locales ont rapporté que les combats s’intensifiaient entre des combattants druzes et des hommes armés non identifiés, tandis que les forces de sécurité tentent en vain de contenir les affrontements, les snipers occupant les toits des maisons et les habitants étant piégés chez eux sans possibilité de sortir.

Les habitants, toutes confessions confondues, lancent des appels à l’État pour intervenir et les protéger, face à l’impuissance des forces de sécurité locales. Ils craignent une attaque imminente des hommes armés et des massacres contre les civils, comme ceux déjà vécus sur la côte.

Ces affrontements constituent un nouvel épisode de violences confessionnelles meurtrières en Syrie, les craintes au sein des minorités s’étant accrues depuis que les rebelles armés, dirigés par des islamistes, ont renversé l’ancien président Bachar el-Assad en décembre et formé un gouvernement et des forces de sécurité.

Ces inquiétudes se sont intensifiées après le massacre de centaines d’alaouites en mars, perçu comme une vengeance contre une attaque lancée par des partisans d’al-Assad. Des militants ont dénoncé sur les réseaux sociaux la poursuite de l’incitation confessionnelle sous quelque prétexte que ce soit.

L’agence SANA a cité une source du ministère de la Santé affirmant que « les attaques de groupes hors-la-loi contre des civils et les forces de sécurité » à Sahnaya ont fait « 11 martyrs et plusieurs blessés ».

Ces événements surviennent au lendemain d’affrontements similaires à Jaramana, également près de Damas, qui ont fait 17 morts selon un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme : 8 combattants druzes et 9 assaillants armés « liés au pouvoir ».

Les affrontements de Jaramana ont éclaté après la diffusion d’un enregistrement audio attribué à un homme druze contenant des insultes envers le prophète Mahomet. Le ministère de l’Intérieur a par la suite affirmé que cet enregistrement était falsifié.

Bien que le calme soit revenu à Jaramana après qu’un accord ait été conclu mardi soir entre des représentants du gouvernement syrien et les druzes de la ville, les violences ont repris dans la région de Sahnaya, également peuplée de druzes et de chrétiens.

L’Observatoire a rapporté plus tôt que « deux personnes, dont un combattant druze, ont été tuées dans les affrontements entre hommes armés liés au pouvoir et combattants druzes de la région », signalant également « 14 personnes disparues ou blessées ».

Il a également été fait état d’un couvre-feu imposé par les forces de sécurité dans la région pour tenter de contenir les tensions, et de réunions de responsables locaux avec des notables pour chercher des solutions d’apaisement.

Samer Rafa’a, un militant de Sahnaya, a déclaré alors que les bombardements étaient audibles par téléphone : « Nous n’avons pas dormi de la nuit… Actuellement, des obus de mortier tombent sur nos maisons ».

Il a ajouté : « Les autorités sont absentes, je ne sais pas où elles sont. Nous les implorons d’agir… Il y a des morts et des blessés sans possibilité de leur apporter des soins ».

L’accord conclu dans la nuit à Jaramana, publié plus tard par SANA, prévoit « un engagement à poursuivre les responsables de l’attaque devant une justice équitable » ainsi qu’une « clarification médiatique des événements et la réduction de la mobilisation confessionnelle et régionale ».

Selon cet accord, les autorités doivent « œuvrer immédiatement » à sa mise en œuvre.

Cette tension survient un peu plus d’un mois après des violences sanglantes dans la région côtière syrienne, où environ 1 700 personnes, majoritairement des alaouites, ont été tuées, mettant en lumière les défis auxquels le nouveau pouvoir dirigé par le président de transition Ahmed Charaa est confronté pour affirmer son autorité et organiser les relations avec les différentes composantes du pays après la chute de Bachar el-Assad en décembre.

Les druzes sont répartis entre le Liban, Israël, le Golan occupé et la Syrie, où la province de Soueïda (sud) constitue leur principal bastion.

Depuis le début du conflit syrien en 2011, les druzes ont en grande partie réussi à se tenir à l’écart. Ils n’ont généralement pas pris les armes contre le régime, ni rejoint l’opposition, à l’exception de quelques groupes.

Les groupes druzes armés, présents dans différentes régions, n’ont pas encore conclu d’accord avec les nouvelles autorités pour intégrer leurs forces, alors que le président intérimaire Ahmed Charaa a annoncé la dissolution de toutes les factions combattantes.

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