Comment la guerre de Gaza a revitalisé les mouvements de l’islam politique ? Un rapport explique
Un rapport récent publié par le site Middle East Online affirme que certains mouvements de l’islam politique dans la région arabe ont réussi à utiliser la guerre en Gaza et au Liban pour réintégrer la scène politique après l’échec de leur expérience de gouvernance et l’effondrement du projet d’expansion soutenu par la Turquie et des puissances occidentales.
Le rapport indique que l’agression contre Gaza et le Liban a redonné de l’élan à ces mouvements, qui savent jouer sur la corde des émotions et exploiter des événements sanglants et tragiques pour mobiliser les foules. Leur influence s’était atténuée, et leur base de soutien populaire et leur position politique s’étaient affaiblies, comme c’est le cas en Jordanie et au Maroc.
Ainsi, le Parti de la justice et du développement (PJD) au Maroc et le Front d’action islamique en Jordanie ont bénéficié politiquement de l’opération Déluge d’Al-Aqsa menée par le mouvement de résistance palestinien (Hamas) le 7 octobre dernier. Cette opération a déclenché une guerre qui s’est étendue de Gaza au Liban et menace de s’élargir encore, incluant potentiellement l’Iran, l’Irak et la Syrie, selon le rapport.
Après une défaite électorale en 2021 qui a évincé le PJD du gouvernement, mettant fin à près de deux décennies de leadership au sein d’une coalition, le parti a retrouvé un regain d’énergie à la faveur des développements à Gaza, alors qu’il se prépare à tenir son neuvième congrès général. Certains de ses membres réclament une révision de son discours religieux et politique, ainsi qu’un renouvellement de ses dirigeants pour suivre l’évolution de la situation géopolitique.
Abdelilah Benkirane, ancien chef du PJD critiqué par ses pairs, a saisi cette opportunité pour revitaliser le parti, à l’instar du Front d’action islamique jordanien, qui a réalisé des gains politiques significatifs lors des dernières élections législatives.
Benkirane, bien que réticent à renouveler la direction du parti, tente de raviver la dynamique politique et de regagner la confiance des partisans tout en attirant de nouveaux sympathisants pour renforcer la base populaire des islamistes.
Le rapport souligne également que l’agression contre Gaza a permis aux Frères musulmans en Jordanie de renforcer leur position en attirant les émotions du public et en jouant sur la solidarité avec la résistance, une approche adoptée dans plusieurs pays arabes et musulmans.
En Jordanie, cette vague de sympathie pour Gaza a permis au Front d’action islamique, bras politique des Frères musulmans, de remporter un cinquième des sièges au parlement jordanien, soit 32 sièges sur un total de 138.
Cependant, pour d’autres mouvements islamistes de la région, tels que Ennahdha en Tunisie, le Mouvement de la société pour la paix en Algérie, les partis islamiques en Libye et les Frères musulmans en Égypte, la situation au Moyen-Orient n’a pas eu un impact majeur sur leur position.
À l’exception du Mouvement de la société pour la paix en Algérie, qui reste un acteur marginal sous contrôle des autorités, Ennahdha en Tunisie est dans une position fragile en raison de la perte de popularité et de confiance des Tunisiens envers les islamistes.
En Égypte, l’activité des Frères musulmans a refait surface, principalement par le biais des médias et des réseaux sociaux. L’organisation interdite a intensifié ses critiques envers la position officielle et a diabolisé les efforts pour mettre fin à la guerre à Gaza, en accusant le régime égyptien de complot ou d’inaction face à la cause palestinienne.