Politique

Choc en Syrie après l’exécution d’un secouriste à l’hôpital de Soueïda


Le Conseil de sécurité condamne les violences et les violations contre les civils à Soueïda et appelle au respect du cessez-le-feu ainsi qu’à la protection de la population.

Le ministère syrien de l’Intérieur s’est engagé, lundi, à traduire en justice les responsables du meurtre d’un homme non armé au sein de l’hôpital principal de Soueïda, lors des violences qui ont secoué la province le mois dernier, après la diffusion d’une vidéo montrant des hommes armés en tenue militaire lui tirant directement dessus.

La province de Soueïda a connu, à partir du 13 juillet et pendant une semaine, des affrontements sanglants sur fond de tensions communautaires, qui ont fait plus de 1 600 morts, dont un grand nombre de civils druzes, selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Ces violences ont été marquées par des exécutions sommaires visant la minorité druze.

Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a déclaré : « Nous condamnons cet acte avec la plus grande fermeté et confirmons que les auteurs seront traduits devant la justice, quels que soient leurs appartenances. »

La vidéo, diffusée dimanche par le site d’information local Soueïda 24 et par l’Observatoire, proviendrait des caméras de surveillance de l’hôpital et daterait du 16 juillet. Elle montre plusieurs personnes en tenue médicale accroupies dans un couloir, face à cinq hommes armés en uniforme militaire, accompagnés d’un sixième homme, blessé à la main, portant une veste siglée « Commandement de la sécurité publique ». Un échange bref précède les tirs mortels sur un homme identifié comme un ingénieur bénévole auprès du personnel médical.

L’Observatoire a qualifié l’incident d’« exécution sommaire atroce » perpétrée par des membres des ministères de la Défense et de l’Intérieur. Le ministère a confié l’enquête au général Abdelkader al-Tahan, adjoint chargé de la sécurité, avec pour mission d’identifier et d’arrêter rapidement les responsables.

Les affrontements avaient initialement opposé des combattants druzes à des bédouins, avant de dégénérer avec l’intervention des forces gouvernementales et de milices tribales. Des témoins, des factions druzes et l’Observatoire accusent les forces gouvernementales d’avoir pris parti pour les bédouins et commis des violations, incluant exécutions sommaires, pillages et incendies dans des dizaines de localités.

Malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis le 20 juillet, la tension reste vive et l’accès à Soueïda demeure difficile. Les habitants accusent le gouvernement d’imposer un blocus, ce que Damas dément. Des convois d’aide ont toutefois pu entrer.

Le ministère de la Justice a mis en place, fin juillet, une commission d’enquête sur les événements, devant remettre son rapport en moins de trois mois, mais des leaders druzes réclament une enquête indépendante. Le directeur du Centre syrien pour la justice et la responsabilité, Mohammad al-Abdallah, a écrit sur Facebook : « La commission d’enquête internationale de l’ONU doit immédiatement entrer à Soueïda », qualifiant la vidéo d’« preuve directe d’un crime de guerre ».

À l’international, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est dit profondément préoccupé par l’escalade de la violence à Soueïda et a exhorté toutes les parties à respecter le cessez-le-feu et à protéger les civils. Dans une déclaration, il a condamné les tueries, les déplacements forcés et appelé à un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave. Il a également insisté sur la nécessité d’une enquête crédible, rapide et transparente, et a réaffirmé l’importance d’un processus politique inclusif mené par les Syriens, conformément à la résolution 2254.

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